Jupes troussées/2-4

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Texte établi par Société des bibliophiles cosmopolites. Éditeur scientifique, Imprimerie de la société cosmopolite (p. 117-124).

Jupes troussées, Bandeau de début de chapitre
Jupes troussées, Bandeau de début de chapitre



IV



L a belle Yolande de Beaupertuis, dans un mouvement de colère, a battu une de ses compagnes, et labouré de ses ongles roses, la figure de la douce sœur Monique, qui essayait de les séparer. Le martinet va la punir de ses violences, et essayer de la guérir de l’envie de recommencer.

Yolande est une superbe fille, à qui on donnerait plutôt dix-huit ans que seize. Sous une opulente chevelure noire, un teint mat de la blancheur des lis, fait ressortir ses épais sourcils d’ébène, et les longs cils soyeux, qui descendent sur deux grands yeux noirs veloutés mais hautains, dont l’éclat n’est pas fait pour atténuer l’orgueil qu’elle porte dans ses traits. Une petite bouche aux lèvres rouges, sensuelles, complète cette belle figure de Diane chasseresse. Monsieur le marquis son père, qui connaît l’indomptable caractère de son héritière, nous a recommandé en nous la confiant, de le lui assouplir, par tous les moyens ordinaires et extraordinaires. Le costume de satin bleu broché qu’elle porte, venu de chez les plus habiles habilleuses de la ville prochaine, moule les formes de la belle jeune fille, et fait ressortir tous ses avantages physiques. Le corsage bombé promet une gorge développée ; la saillie des hanches est remarquable, et le rebondissement du bas des reins, forme un contour d’un relief superbe.

La mère abbesse, qui veut inaugurer le châtiment sur le derrière de la coupable, renvoie la confession à plus tard. Je ne suis pas fâché de mon côté de rester dans l’oratoire, pour contempler de près les charmes virginaux de la ravissante coupable. Deux professes s’emparent de la fière demoiselle, pour lui retirer ses vêtements. Avec une énergie et une vigueur qu’on n’aurait pas soupçonnées dans une fille de cet âge, elle résiste à tous leurs efforts, les écartant brusquement avec ses coudes ; superbe dans son indignation. Mais ce que quatre bras n’ont pu faire, douze bras le pourront facilement ; il ne fallut pas moins de six professes pour la maintenir, pendant qu’on la déshabillait. Bientôt son corsage est retiré, sa jupe et ses jupons enlevés, et on laisse la hautaine jeune fille, rouge de honte et de colère, en chemise, chaussée de bas de soie grise, et de petits souliers à la poulaine.

La mère abbesse lui commande de retirer sa chemise ; elle ne bouge pas ; on la menace de doubler la dose, la fière fille sourit dédaigneusement, accentuant son air hautain. La prieure ordonne alors qu’on lui arrache son dernier voile, et la condamne à recevoir pour son insubordination, cinquante coups de martinet de plus, ce qui portera la dose à cent, afin que le châtiment soit pour l’orgueilleuse fille une leçon mémorable.

On lui arrache la chemise, la mettant toute nue, ne lui laissant que les bas attachés sur le genou, et ses petits souliers. Elle reste seule un moment, nous faisant face, montrant sa beauté marmoréenne, son beau corps d’un blanc d’ivoire, d’un satin étincelant, étalant une gorge du marbre le plus pur, ronde, ferme, avec deux petits boutons de roses, qui se dressent fièrement, avec une pointe d’orgueil, et au bas du ventre, une toison naissante, au poil un peu ras mais fourni et d’un noir de jais ; ce buste merveilleux est soutenu par deux cuisses rondes et potelées, qui vont en entonnoir jusqu’aux genoux ; ses deux bras ronds et fermes se croisent sur sa poitrine, rehaussant sa gorge, et elle semble nous narguer de ses yeux brillants et fiers.

Soudain ses joues s’empourprent, ses narines se gonflent, un tremblement agite tout son corps ému, quand elle voit la mère abbesse s’avancer armée de l’instrument du supplice. Mais il ne fallait pas songer à lui infliger la discipline ainsi, en lui laissant la liberté des mouvements. Quatre professes s’emparent de la révoltée, et l’attachent par les poignets à deux anneaux scellés au mur, les jambes libres, les pieds affleurant le sol, de sorte qu’elle est presque suspendue entre ciel et terre ; elle exhibe l’ampleur de son superbe derrière, d’un satin éblouissant de blancheur, qui offre au bas des reins un vaste champ d’opération au martinet.

L’abbesse, que j’accompagne, s’avance vers la belle croupe, et vient la fustiger sévèrement sans préambule. Les lanières s’envolent et retombent vigoureusement maniées, froissant et rougissant le blanc satin. Elle applique ainsi vingt coups de fouet très sévères, sans que la fière Yolande manifeste la moindre émotion.

La prieur fatiguée me passe l’instrument, que je manie aussitôt avec une extrême rigueur ; j’applique dix coups, qui résonnent sur la peau tendue comme sur du bois, sans qu’on entende une plainte, et sans que le derrière fasse un mouvement, bien que la surface soit toute rouge. J’applique le onzième entre les fesses, cinglant la raie, j’obtiens un léger frémissement ; je recommence, les fesses s’écartent brusquement, trois, quatre, cinq fois, ce cul s’agite inquiet, mais la hautaine jeune fille se tait toujours. Je reprends à travers les fesses, mesurant les coups, les espaçant, cinglant deux fois le même sillon, les lanières retombent avec une telle force, qu’elles s’enfoncent dans les chairs, et soulèvent des cloques sur la peau, au vingtième coup, elle poussait un cri, au vingt-cinquième, elle hurlait, au trentième, elle demandait grâce, en sanglotant.

On lui avait promis double dose, la centaine, pour la punir de ses orgueilleuses bravades, on allait lui tenir parole la centaine elle aurait, après une pose pour la laisser s’humilier ; car réduite par la torture qu’elle endure, elle supplie avec des larmes dans la voix, qu’on la délivre, demandant humblement pardon, et promettant de ne plus recommencer. Quand la pose est terminée ; on lui annonce, que comme elle n’a reçu que la moitié de ce qui lui revient, on va lui servir le reste.

La mère abbesse m’avait entraîné dans la cellule, où je dois l’entendre en confession. Le petit exercice auquel nous venons de nous livrer, nous avait si bien prédisposés elle et moi, que sœur Sévère n’avait pas appliqué dix fois la discipline, quand je donnai une première absolution à la chaude pénitente, qui, cette fois encore, ayant oublié quelques péchés, prétend reprendre sur-le-champ la confession, que je n’hésite pas un moment à recommencer, tandis qu’en face de nous, dans l’oratoire, sœur Sévère poursuit le châtiment en exhortant la patiente :

« Flic, flac ; eh ! bien fière damoiselle, flic, flac, que dites-vous de notre méthode, flic, flac, pour rabaisser l’orgueil, flic, flac, pour inspirer de l’humilité, superbe Yolande ? Flic, flac, vous connaissez les préceptes sacrés, hautaine jeune fille, flic, flac, les superbes seront humiliés, flic, flac, les humbles seront élevés. Vous implorez en vain votre grâce ; il est trop tard, ma chère fille, pour obtenir votre pardon. Flic, flac, ce sont ces lanières qui vous inspirent cette humilité, flic, flac, qui vous font gémir, flic, flac, qui vous font hurler, et pourtant c’est pain bénit que ceci, mon cœur ; ces lanières sont d’une indulgence ridicule ; à la prochaine incartade, ma toute belle, ce sera Hache-cuir, flic, flac, vous savez bien, Hache-cuir, qui vous hachera, mignonne, votre postérieur, comme chair à pâté. Flic, flac, tiens du sang ! Votre orgueil, superbe damoiselle, doit être satisfait ; vous aimez les bijoux ; flic, flac, en voici ; flic, flac, voilà des rubis, flic, flac, en voilà encore ; flic, flac, voici des perles mignonnes ; en voici encore, en voilà toujours. Je voudrais vous en couvrir, belle damoiselle, de la tête aux pieds — ».

Pour terminer la danse, sœur Sévère se met à la cingler entre les épaules, sur les reins, au-dessus des hanches, sur la croupe, et tout le long des cuisses, puis appliquant les cinq derniers coups entre les fesses, elle cingle furieusement la raie, la grotte et la toison, enveloppant tout à la fois, dans les longues et souples lanières, qui s’enroulent tout autour. Yolande, qui s’était apaisée un moment (nous en vîmes la cause, entre ses cuisses, quand on la rhabilla), se reprit à hurler de plus belle, sous cette avalanche de cuisantes morsures.

La mère abbesse avait si bien intercédé auprès de son confesseur, qu’elle recevait en ce moment, l’absolution pour la troisième fois.