L’Âme qui vibre/Le Boulevard

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E. Sansot et Cie (p. 93).

LE BOULEVARD

La vie en scène. Un cadre où le vice arrogant
Comme un monsieur bien mis se dandine à son aise ;
Une chaire où l’amour vient soutenir sa thèse,
Avec un air hautain qui lui va comme un gant.

Le cercle où tout le monde émet son hypothèse
Sur le prix d’une Grâce au regard intrigant,
Devant qui, le vieux beau, ridicule et fringant,
Semble tenir en mains un plaisir qu’il soupèse.

L’endroit où sans humeur je perds le mieux mon temps,
Où je choque parfois mes désirs mécontents
D’être au pouvoir d’un homme à la bourse si plate.

Le passage où l’Impure à chacun fait sa cour,
Où ma bonne paresse en tous temps s’acclimate,
Où le fer de mon jonc s’use de jour en jour.