L’économie politique en vingt-deux conversations/Préface

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Traduction par Caroline Cherbuliez.
Établissement encyclographique (p. v-vii).


PRÉFACE DE L’AUTEUR.




En offrant au public ce petit ouvrage, dans lequel on a tenté de mettre à portée des jeunes personnes une science qu’aucun écrivain anglais n’a encore présentée sous une forme aisée et familière, l’auteur est loin d’inférer du succès inattendu d’un précédent ouvrage élémentaire sur chimie, que sa tentative actuelle doive être accueillie avec la même faveur. L’économie politique, bien que liée immédiatement avec le bonheur et le perfectionnement du genre humain, bien qu’elle soit l’objet de tant de discussions et de recherches parmi les hommes instruits, n’est pas devenue encore une science populaire, et n’est pas généralement envisagée comme une étude essentielle à l’éducation de la jeunesse. Il résulte de là que cet écrit, indépendamment de tous ses défauts, aura contre lui la nouveauté du sujet, pour les jeunes gens des deux sexes, à qui il est particulièrement destiné. Si cependant on trouve qu’il est utile, et si les doctrines qu’il renferme paraissent saines et assez bien expliquées, l’auteur se flatte que cet essai ne sera pas jugé trop sévèrement. Elle espère qu’on se rappellera, qu’en en formant le plan, elle a été obligée de se frayer seule en grande partie la route qu’elle voulait suivre ; et que, pour exposer son sujet sous une forme élémentaire, elle n’a eu presque d’autre guide que le souvenir de ce qu’elle avait elle-même éprouvé en commençant cette étude, quoique dans la suite elle ait tiré beaucoup de secours de la complaisance de quelques amis, qui ont revu son travail à mesure qu’il avançait.

Quant aux principes et aux matériaux de l’ouvrage, il est si facile de voir qu’ils ont été puisés dans les écrits des grands maîtres qui ont traité le même sujet, et plus particulièrement dans ceux du dr. Adam Smith, de M. Malthus, de M. Say et de M. Sismondi, que l’auteur n’a pas jugé nécessaire de rappeler sans cesse ses autorités et de charger ses pages de citations.

Ceux pour qui le sujet n’est pas neuf s’apercevront bientôt, que quelques-unes des questions les plus difficiles et les plus controversées de l’économie politique ont été entièrement omises ; et que d’autres ont été simplement exposées et discutées, sans être terminées par une conclusion positive. Ce défaut est la suite inévitable, non-seulement des connaissances limitées de l’auteur, mais aussi de la difficulté réelle de la science. En général cependant, quand la vérité d’une opinion a paru à l’auteur bien établie, elle l’a soutenue consciencieusement, sans trop de prudence ou de réserve, et par le seul désir de répandre d’autres vérités.

Les conseils de l’auteur ont élevé souvent du doute sur la convenance de conserver dans cet essai la forme de dialogue, adoptée dans les Conversations sur la chimie. En dernier résultat, l’auteur a cru devoir la conserver, non qu’elle ait eu beaucoup en vue de donner à son élève un caractère parfaitement soutenu, une intelligence toujours uniforme ; ce soin aurait souvent pu nuire au développement du sujet ; mais cette forme lui donnait occasion d’introduire des objections, de placer sous divers aspects des questions et des réponses, telles qu’elles s’étaient présentées à elle-même, ce qui aurait paru déplacé dans une composition didactique. On remarquera, en conséquence, que la forme du dialogue n’est pas introduite ici uniquement pour diviser le sujet par une suite de questions et de réponses, comme cela se pratique dans les livres destinés aux écoles ; mais qu’en général les questions servent à amener certaines remarques collatérales, qui contribuent à jeter du jour sur le sujet ; et qu’au fait elles sont telles qu’elles se présenteraient probablement à l’esprit d’une personne jeune et intelligente, flottant entre les premiers mouvements du cœur et les progrès de la raison, et naturellement imbue de tous les préjugés et les sentiments populaires, qui se lient à une bienveillance irréfléchie.



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