La Suite de l’Adolescence Clémentine/Chants Divers

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Les Œuvres de Clément Marot
Texte établi par Georges Guiffrey,  (p. 129-142).

LE CHANT DE
l’Amour fugitif

Le Chant de l'Amour fugitif, composé par Lucian, Autheur Grec, et translaté de Latin en Francoys par Clement Marot: et ce commence en Latin
Perdiderat Natum Genitrix Cytheroea vagantem.
(De la Suyte)

Advint ung jour, que Venus Cytherée,
Mere pour lors dolente, et esplorée,
Perdit son filz, qui çà, et là volloit:
Et ainsi triste à haste s'en alloit
Par maint Carroy, par maint Canton; et Place
Pour le chercher; puis sus quelcque Terrace,

Ou sus ung Mont eslevé se plantoit,
Et devant tous à haulte voix chantoit
Ce, que s'ensuit. Quiconques de bon vueil
M'enseignera ou au doigt, ou à l'oeil,

En quelle voye, ou devers quel costé
Mon Cupido fuiant s'es transporté,
Pour son loyer (qui faire le sçaura)
Ung franc baiser de Venus il aura.
Et si quelc'un Prisonnier le rameine,
La Mere lors envers luy plus humaine
Luy donnera (pour plus son cueur aiser)
Quelcque aultre don par dessus le baiser.
Toy qui iras, affin que par tous lieux
Ce faulx Garson puisses congnoistre mieulx,
Je te diray vingt enseignes, et taches,
Que finement fault qu'en memoyre caches.
Blancheur aulcune en luy n'est evidente:
Son Corps est tainct de rougeur tresardente,
Ses Yeux perçans, qui de travers regardent,

Incessamment estincellent, et ardent:
Et son penser cauteleux, et frivolle
Jamais ne suit sa doulcette parolle.
Certainement le son de sa faconde
Passe en doulceur le plus doulx Miel du Monde:
Mais le droit sens, et la cause effective
Correspond mal à sa voix deceptive.
Si en colere il se prend à monter,
Il porte ung cueur impossible à dompter:
Et de son Bec il sçait (tout au contraire)
Tromper, seduire, et en ses laz attraire
Les cueurs remplis d'aspre severité,
Sans que jamais confesse verité.
Certes il est Enfant plein de jeunesse,
Mais bien pourveu d'astuce, et de finesse.
Souvent se joue, et faict de l'inscient:
Mais en jouant tasche à bon escient
Faire son cas. Sur son dos oultreplus
Pendent en ordre ungs Cheveulx crespelus:
Et en sa Face, ayant fiere apparence,
Jamais n'y a honte, ne reverence.
Apres il a (si bien vous l'espiez)
Petites Mains, avecques petiz Piedz:
Mais toutesfoys en hault, ou bas endroict
D'ung petit Arc tire fort long, et droict.
Jadis frappa de Flesche, et Vireton,
Jusque aux bas lieux le cruel Roy Pluton:
Et des Enfers les Umbres, et Espritz
Veirent leur Roy d'Amour vaincu, et pris,

Lors que dedans son grand Char Stygieux
Il emmena Proserpine aux beaulx yeux.
Son corps ardant, enflambé de nature
Il a tout nud, sans quelcque couverture,
Mais le cueur cault, et courage qu'il porte,
Se vest de maint, et variable sorte:
Et d'advantage, en soubzlevant en l'Air
Les membres siens, par ung subtil voller
Aux Nymphes va, puis aux hommes descend:
Et quand receu de bon gré il se sent,
Son siege faict plus chault que feu de Pailles
Au plus profond de leurs Cueurs, et Entrailles.
Petit, et court est son arc amoureux:
Mais le sien Traict mortel, et rigoreux
Va de droict fil jusques au Firmament,
Depuis qu'il est descoché fermement.
Sur son Espaule ardente, et colorée
Tu voirras pendre une Trousse dorée,
Et au dedans ses pestiferes Traictz,
Dont le cruel Abuseur plein d'attraictz
A bien souvent faict mainte playe amere,
Mesmes à moy, qui suis sa propre Mere.
Griefve chose est tout ce, que j'ay dit ores,
Mais voyci (las) plus griefve chose encores:
Sa dextre main jecte, et darde ung Brandon,
Qui brusle, et ard sans mercy, ne pardon
Les pauvres Os. Brief, de son Chault extrême
Il brusleroit le bruslant Soleil mesme.
Si tu le peulx donc trouver, et attaindre,
Et de Cordons à fermes nœudz estraindre,

Meine le moye estroictement lié.
Et si vers toy se rend humilié,
N'en prens mercy, quoy que devant toy fasse
Tomber ses yeux larmes dessus sa Face.
Garde toy bien, qu'en ce ne te deçoyves.
Et se ainsi est, que sa Bouche aperçoyves
Rian à toy, bien fault que tu recordes
De n'ordonner, qu'on luy lasche les Cordes.
Si par doulx motz te venoit incitant
A te baiser, va cela evitant:
Car (pour certain) en ses Levres habite
Mortel venin, qui cause mort subite.
Et si de franc, et liberal Visage
Il te promect des Dons à son usage,
C'est assavoir Flesches, et Arc Turquoys,
La Trousse paincte, et le doré Carquoys,
Fuy tous ces dons de nuysance, et reproche:
Ilz vont bruslant tout ce, que d'eulx s'approche.

Le fécond Chant d’Amour fugitif de l’inuention de Marot
(De la Suyte)

Le propre jour, que Venus aux yeux verts
Parmy le Monde alloit chantant ces Vers,
Desir de veoir, et d’ouir nouveaulté
Me feit courir après sa grand beaulté
Jusque à Paris. Quand fut en plain Carroy
Sus ung hault lieu se mist en bel arroy,
Monstrant en Face avoir cueur assez triste,
Ce neantmoins en Habitz cointe, et miste.
Lors d’une voix plus doulce, et resonnante,
Que d’Orpheus la Harpe bien sonnante,
Chanta les Vers, que dessus desclarons,
Plus hault, et cler, que Trompes, et Clairons :
Dont maintes gens eut alors entour elle.
L’ung y couroit : l’autre en une Tournelle
Mettoit le nez : tous Peuples espanduz
Droit là se sont à la foulle renduz
Pour veoir Venus, et ouyr son parler.
Son cry finy, se feit mener par l’Aer
Dedans son Char avec ses Grâces belles
Soubz le conduict de douze Columbelles :
Ce qui donna grand admiration

Aux regardans de mainte Nation.
Or quand Venus eurent perdu de veue,
De là se part ceste Assemblée esmeue
A grands trouppeaux. L’ung s’en va devisant
De son cher Filz, qu’elle a perdu, disant,
Pleust or à Dieu, qu’en Mer, ou Terre sceusse
Luy enseigner, affin que je receusse
Ung doulx baiser de sa Bouche riant.
Ha Cupido (disoit l’autre en criant)
Si te tenoys lié de Cordons maints,
Croyz, qu’à grand peine istroys hors de mes mains,
Que de ta Mere en beaulté l’oultrepasse
N’eusse le don, qui le baiser surpasse.
Mais quant à moy, n’en eu aulcun desir,
Car qu’ay je affaire aller chercher plaisir,
Qui soit compris en Venus la Deesse,
Veu que en Pallas gist toute ma liesse ?
Ainsi me teu ; en contemplant la geste
Des gens raviz d’ung tel regard celeste :
Entre lesquelz vey à part une Tourbe
D’hommes pieux, ayant la Teste courbe,
L’œil vers la Terre en grand Cerimonye,
Pleins (à le veoir) de dueil, et agonie,

Disant à eulx mondanités adverses,
Et en habitz monstrans Sectes diverses.
L’ung en Corbeau se vest pour triste signe :
L’autre s’habille à la façon d’un Cigne :
L’autre s’accoustre ainsi qu’ung Ramoneur :
L’autre tout gris : l’autre grand Sermonneur
Porte sur soy les couleurs d’une Pie

(O bonnes gens) pour bien servir d’Espie.
Que diray plus ? Bien loger sans danger,
Dormir sans peur, sans coust boyre, et manger,
Ne faire rien, aulcun mestier n’apprendre,
Riens ne donner, et le bien d’aultruy prendre,
Gras, et puissant, bien nourry, bien vestu,
C’est (selon eulx) pauvreté, et vertu.

Aussi (pour vray) il ne sort de leur Bouche
Que motz succrez : quand au Cueur je n’y touche :
Mais c’est un Peuple à celluy ressemblant,
Que Jan de Mehun appelle Faulx semblant,

Forgeant abus dessoubz Religion.
Incontinent que ceste Legion
(Selon le cry de Venus) sent, et voyt,
Que Cupido le Dieu d’Amours avoit
Prins sa vollée, ainsi que ung vagabond,
Chascun pensa de luy donner le bond.
Si vont querir Libelles Sophistiques,
Corps enchassez, et Bulles Papistiques,
Et là dessus vouerent tous à Dieu,
Et au Patron de leur Couvent, et Lieu,
De Cupido lyer, prendre, et estraindre,
Et son pouvoir par leurs Œuvres contraindre,

Plus pour loyer Celeste en recevoir,
Que pour amour, qu’en Dieu puissent avoir.
Voilà, comment par voyes mal directes
Les presumans, oultrecuydées Sectes
Seures se font d’avoir de Dieu la grâce,
Et de garder chose que humaine race
Ne peult de soy. Or se sont ilz espars

De Chrestienté aux quatre Coings, et Pars
Tous en propos de Cupido happer.
Et que ainsi soit, affin que d’eschapper
Ne trouve lieu, ne façon, s’il est pris,
Aulcuns d’iceulx par serment entrepris
Portent sur eulx de Cordes à gros noudz
Pour luy lyer Jambes, Piedz, et Genoulx.
Et sur ce poinct prendra repos ma Muse,
Ne voulant plus qu’à ce propos me amuse :
Ainsi que je pense à dresser aultre compte,
En concluant que cestuy cy racompte,
A qui aura bien compris mon Traicté,
Dont proceda le Veu de Chasteté.

Chant nuptial du mariage de madame Renée, fille de France, avec le duc de Ferrare.

Qui est ce Duc venu nouvellement
En si bel ordre, et riche à l’advantage ?
On juge bien à le veoir seulement,
Qu’il est yssu d’excellent Parentage.
N’est ce celluy, qui en florissant aage
Doibt espouser la Princesse Renée ?
Elle en sera (ce pensé je) estrenée :

Car les haultzboys l’ont bien chanté anuict,
Et d’ung accord, et tous d’une allenée
Ont appelé la bienheureuse Nuict.
O Nuict, pour vray, si es tu bien cruelle,
Et tes exces nous sont tous apparens :
Tu viens ravir la Royalle Pucelle
Entre les bras de ses propres Parens :
Et qui plus est, tu la livres, et rends
Entre les mains d’ung ardant, et jeune Homme.
Que feirent pis les Ennemis à Romme,
N’a pas long temps par pillage empirée ?
Or de rechef ; cruelle je te nomme :
Pourquoy es tu doncques Nuict desirée ?
Je me desdy, tu n’es point Nuict cruelle,
Tes doulx effectz nous sont tous apparens :
Tu prens d’amour, et de gré la Pucelle
Entre les Mains de ses nobles Parens :
Et qui plus est, deux Cueurs en ung tu rends
En chaste Lict soubs nuptial affaire :
Ce qu’aultre Nuyct jamais n’auroit sceu faire.
Brief, ta puissance est grande, et point ne nuict,
Ce que tu fais, on ne sçauroit deffaire :
O trespuissante, et bienheureuse Nuict.
Fille de Roy, Adieu ton Pucellage :
Et toutesfoys tu n’en doibs faire pleurs,
Car le Pommier, qui porte bon fructage,
Vault mieulx, que cil, qui ne porte que Fleurs.
Roses aussi de diverses couleurs,
S’on ne les cueult, sans proffiter perissent :
Et s’on les cueult, les cueillans les cherissent,
Prisans l’odeur, qui d’elles est tirée.
Si de toy veulx, que fruicts odorans yssent,
Fuir ne fault la Nuict tant desirée.

Et d’aultre part ta Virginité toute
Ne t’appartien. En quatre elle est partie :
La Part premiere elle est au Roy (sans doubte)
L’autre à Madame est par droit departie :
La Sœur du Roy a la tierce Partie :
Toy la quatriesme. Or ilz donnent leurs droitz
A ton Mary : veulx tu combatre à troys,
Troys (pour certain) qui en valent bien huict ?
Certes je croy que plustost tu vouldroys,
Que desjà fust la bienheureuse Nuict.
Ta doulce Nuict ne sera point obscure :
Car Phebé lors plus, que Phebus, luira :
Et si Phebé a de te veoir grand cure,
Jusque à ton Lict par les Vitres ira :
Venus aussi la Nuict esclercira,
Et Vesperus, qui sur le Soir s’enflamme :
Hymeneus, qui faict la Fille Femme,
Et chaste Amour aux Nopces preferée
Te fourniront tant d’amoureuse flamme,
Qu’ilz feront Jour de la Nuict desirée.
Vous qui souppez, laissez ces tables grasses.
Le manger peu, vault mieulx pour bien dancer.
Sus, Aulmosniers, dictes vistement Grâces,
Le Mary dict, qu’il se fault avancer.
Le jour luy fasche, on le peult bien penser.
Dames dancez : et que l’on se deporte
(Si m’en croyez) d’escouter à la Porte,
S’il donnera L’assault sur la Minuict.
Chault appetit en telz lieux se transporte :
Dangereuse est la bienheureuse Nuict.
Dancez, ballez, solennizez la Feste

De celle, en qui vostre amour gist si fort.
Las qu’ay je dit ? qu’est ce, que j’admoneste ?
Ne dancez point, soyez en desconfort.
Elle s’en va : Amour par son effort
Luy faict laisser le lieu de sa naissance,
Parens, Amys, et longue congnoissance,
Pour son Espoux suivre jour, et serée.
O noble Duc pourquoy t’en vas de France,
Ou tu as eu la Nuict tant desirée ?
Duchesse (helas) que fais tu ? Tu delaisses
Ung peuple entier pour l’amour d’ung seul Prince :
Et au partir en ta place nous laisses
Triste regret, qui noz cueurs mord, et pince.
Or va donc veoir ta Ducalle Province.
Ton peuple jà de dresser se soucie
Arc triumphal, Theâtre, et Facecie
Pour t’acueillir en honneur, et en bruyt.
Bien tost y soit ta Ceincture accourcie
Par une bonne, et bienheureuse Nuict.


Chant royal de la Conception.

Dedans Syon au Pays du Judée
Fut un debat honneste suscité
Sur la beaulté des Dames collaudée
Diversement par ceulx de la Cité :

Et sans faveur de Maison, ne de Race
Fut dit, que celle ayant le plus de grâce,
Seroit plus belle. Or sommes hors de peine
(Dit lors quelc’un) car Marie en est pleine,
Pleine en sa Forme, et pleine en ses Espritz.
Que ce Proces doncques plus on ne meine :
Seule merite entre toutes le Pris.
Ceste Sentence à son honneur vuydée
Maintes en mist en grand perplexité,
Qui pour envie, et gloire oultrecuydée
Nouveau debat contre elle ont excité
A leurs honneurs veullent qu’on satisface :
Si ont requis, que chanter on la fasse,
Disant qu’elle a l’Organe mal sereine,
Parquoy n’estoit en vertus souveraine.
Brief, de la voix toutes ont entrepris
La surpasser d’aultant, que la Sereine
Seule merite entre toutes le Pris.
Lors chascune a sa Chanson recordée
D’ung Estomac par froit debilité,
Mais ceste Vierge en voix mieulx accordée
Que Orgues, ne luz, chanta ce beau Dicté :
Brunette suis, mais belle en Cueur, et Face,
Et si en tout toutes aultres j’efface.
Ce bien m’a faict la puissance haultaine
Du Dieu d’aymer, qui de sa Court loingtaine
M’est venu veoir, d’ardante Amour espris.
Doncques (non moy) mais sa bonté certaine
Seule merite entre toutes le Pris.
La voix, qui est de ce corps procedée,
Perça d’Enfer l’orde concavité :
Des neuf Cieulx a la haulteur excedée
Par son Hault ton, plein de suavité :
Qui fut ouy au Monde en toute place :
Mort endormit ; Dormantz plus froitz que glace

A resveillez : pauvre Nature humaine
Gisant au Lict se lieve, et se pourmaine
Du grand soulas qu’en ceste voix a pris :
Certainement qui tel bien luy ameine,
Seule merite entre toutes le Pris.
Lors l’Assistance en raison bien fondée
Sur champ conclud (et conclud verité)
Qu’impossible est telle voix redondée
Estre Organe ayant impurité :
Mesmes Envie à la fin s’accorde à ce,
Et refraignit à ce Chant son audace
Mieulx que Pluton sa fureur inhumaine
Au chant d’Orphée en l’infernal Dommaine
Donc Estomachz de froidure surpris,
Quand chanterez, chantez Marie saine
Seule merite entre toutes le Pris.



Envoy

Le divin Verbe est la voix, et alaine,
Qui proceda d’organe non vilaine,
C’est de Marie, où tous biens sont compris
Dont de rechef ce Reffrain je rameine,
Seule merite entre toutes le Pris.



Chant pastoral, à Monseigneur le cardinal de Lorraine, qui ne pouvoit ouyr nouvelles de son joueur de flufles

N’y pense plus, Prince, n’y pense mye,
Si de Michel n’es ores visité,
Car le Dieu Pan, et Syringue s’Amye
Ce moys d’Avril ont ung pris suscité
Et ont donné sur ung des Montz d’Archade
Au mieulx disant de la Fluste une aulbade
La Fluste d’or, neuf pertuis contenant.

Tytire y court, Mopsus s’y va trainant,
Et Corydon a le chemin apris,
Chascun y va, pour veoir, qui maintenant
Du jeu de Fluste emportera le pris.
Lors ton Michel n’a eu teste endormie,
Ains est couru veoir la solennité
Et a sonné sa Fluste, et Chalemye,
Tout à ton loz, honneur, et dignité.
Incontinent que toute la Brigade
Son Armonie ouyt soubz la Fueillade,
Pan se teut coy merveilles se donnant :
Dont chascun va sa Fluste abandonnant,
Et soubz la sienne à dancer se sont pris,
Disant entre eulx, ce Françoys resonnant
Du jeu de Fluste emportera le Pris.
Pan (en effet) eut la Face blesmie,
Et sur Michel se monstra despité :
Si doubterois, que de peur d’infamie
Du hault du Mont ne l’eust precipité,
Car ung hault Dieu de dueil trop est malade,
Quand un Mortel le surmonte, et degrade.
Mais Pan, qui t’ayme, est assez souvenant,
Qu’ung tel’Ouvrier est propre, et advenant
A toy, qui es recueil des bons Espritz :
Dont reviendra, et en s’en revenant
Du jeu de Fluste emportera le Pris.



Envoy

Prince Lorrain, par vertu consonnant
A bons subjects, ton Michel bien sonnant
Plus pour l’honneur, qui est en toy compris,
Que pour monstrer, qu’il n’est point aprenant,
Du jeu de Fluste emportera le Pris.

Chant de joye, ait retour d’Espaigne de Messeigneurs les enfans

Ilz sont venuz les Enfans desirez,
Loyaulx Françoys, il est temps, qu’on s’appaise.
Pourquoy encor pleurez, et souspirez ?
Je l’entends bien, c’est de joye, et grand ayse,
Car Prisonniers (comme eulx) estiez aussi.
O Dieu tout bon, quel Miracle est cecy ?
Le Roy voyons, et le Peuple de France
En liberté : et tout par une Enfance,
Qui prisonniere estoit en fortes Mains.
Or en est hors : c’est triple delivrance.
Gloire à Dieu seul, Paix en Terre aux Humains.
Nouvelle Royne (ô que vous demourez)
Sentez vous point de loing nostre mesaise ?
Sus Peuple, sus, voz Quantons decorez
De divers jeux. Est il temps qu’on se taise ?
De voz Jardins arrachez le Soucy,
Et qu’il n’y ayt gros Canon racourcy,
Qui ceste nuict ne bruie par oultrance
Signifiant, que Guerre avec Souffrance
Part, et s’en va aux Enfers inhumains :
Et puis chantez en commune accordance,
Gloire à Dieu seul, Paix en Terre aux Humains.
Sotz Devineurs voz Livres retirez :
Tousjours faisiez la nouvelle maulvaise :
Mais Dieu a bien voz propos revirez,
Tant que menti avez, ne vous desplaise.

Heureux Baron noble Montmorancy
Ce qu’en as faict (il le fault croyre ainsi)
Est du grand Maistre ouvrage sans doubtance.
Conseil Françoys, [croy] qu’en ceste alliance [quoy]
N’eussent mieulx faict les tressages Rommains :
Ne dictes pas, que c’est vostre puissance.
Gloire à Dieu seul, Paix en Terre aux Humains.



Envoy

Prince Royal, ma terrestre esperance,
Si le plaisir de ceste delivrance
Voulez peser contre les travaulx maintz,
Droicte sera (ce croy je) la Balance.
Gloire à Dieu seul, Paix en Terre aux Humains.


Chant royal chrestien.

Qui ayme Dieu, son Regne, et son Empire,
Rien desirer ne doibt, qu’à son honneur,
Et toutesfois l’Homme tousjours aspire
A son bien propre, à son aise, et bon heur,
Sans adviser si point contemne, ou blesse
(En ses desirs) la divine Noblesse.
La plus grand Part appete grand avoir :
La moindre Part soubhaicte grand sçavoir :
L’autre desire estre exempté de blasme :

Et l’autre quiert (voulant mieulx se pourvoir)
Santé au Corps, et Paradis à l’Ame.
Ces deux soubhaictz contraires on peult dire,
Comme la Blanche, et la Noire couleur :
Car Jesuchrist ne promect par son Dire
Cà bas aux siens, qu’Ennuy, Peine, et Douleur
Et d’aultre part (respondez moy) qui est ce,
Qui sans mourir aux Cieulx aura liesse ?
Nul pour certain. Or fault il concepvoir,
Que Mort ne peult si bien nous decepvoir,
Que de douleur ne sentions quelcque dragme.
Par ainsi semble impossible d’avoir
Santé au Corps, et Paradis à l’Ame.
Doulce Santé mainte amertume attire :
Et peine au Corps, est à l’Ame doulceur :
Les Bienheureux, qui ont souffert martire,
De ce nous font tesmoignage tout seur.
Et si l’Homme est quelcque temps sans destresse,
Sa propre Chair sera de luy Maistresse,
Et destruira son Ame (à dire veoir)
Si quelcque ennuy ne vient ramentevoir
Le pauvre Humain d’invoquer Dieu, qui l’ame,
En luy disant : Homme, penses tu veoir
Santé au Corps, et Paradis à l’Ame ?
O doncques, Homme, en qui santé empire,
Croy, que ton mal d’ung plus grand est vainqueur.
Si tu sentoys de tous tes maulx le pire,

Tu sentiroys Enfer dedans ton cueur.
Mais Dieu tout bon sentir (sans plus) te laisse
Tes petitz maulx, sachant que ta foiblesse
Ne pourroit pas ton grand mal percevoir,
Et que aussi tost que de l’appercevoir
Tu perirois comme Paille en la flame,
Sans nul espoir de jamais recepvoir
Santé au Corps, et Paradis à l’Ame.
Certes plustost ung bon Pere desire
Son Filz blessé, que Meudrier, ou Jureur
Mesmes de verge il le blesse, et dessire,
Affin qu’il n’entre en si lourde fureur :
Aussi quand Dieu Pere celeste oppresse
Ses chers Enfans, sa grand bonté expresse
Faict lors sur eulx eaue de grâce pleuvoir,
Car par tel peine à leur bien veult prevoir
A ce qu’Enfer en fin ne les enflame,
Leur reservant (oultre l’Humain debvoir)
Santé au Corps, et Paradis à l’Ame.



Envoy

Prince Royal, quand Dieu par son pouvoir
Faira les Cieulx, et la Terre mouvoir,
Et que les Corps sortiront de la Lame,
Nous aurons tous ce bien, c’est assavoir
Santé au Corps, et Paradis à l’Ame.

'
Chant royal dont le Roy bailla le refrain.

Prenant repos dessoubz ung vert Laurier,
Apres travail de noble Poësie,
Ung nouveau songe assez plaisant l’autrehier,
Se presenta devant ma fantasie
De quatre Amans fors melencolieux,
Qui devers moy vindrent par divers lieux :
Car le premier sortir d’ung Boys j’advise :
L’autre d’ung Roc : celluy d’apres ne vise
Par où il va : L’aultre saulte une Claye :
Et si portoient (tous quatre) en leur Devise,
Desbender l’Arc ne guerist point la Playe.
Le Premier vint tout pasle me prier
De luy donner confort par courtoysie.
Poursuivant, suis (dit il) dont le crier
N’est point ouy d’une, que j’ay choysie.
Elle a tiré de l’Arc de ses doulx yeux
Le perçant Traict, qui me rend soucieux,
Me respondant (quand de moy est requise)
Que n’en peult mais, et sa beaulté exquise
De moy s’absente, affin qu’en oubly l’aye :
Mais pour absence en oubly n’est pas mise :
Desbender l’Arc ne guerist point la Playe.
L’autre disoit au rebours du Premier,
J’ay biens assez, et ne me ressasie :
Car Servant suis de jouir coustumier
De la plus belle et d’Europe, et d’Asie.
Ce neantmoins Amour trop furieux
D’elle me faict estre plus curieux,
Qu’avant avoir la jouyssance prise,
Ainsi je suis du feu la flamme esprise,

Qui plus fort croist, quand estaindre on l’essaye,
Et congnoys bien, qu’en amoureuse emprise
Desbender l’Arc ne guerist point la Playe.
Apres je vy d’aymer ung vieil Routier,
Qui de grand cueur soubz puissance moysie
Chanta d’Amours ung couplet tout entier,
Louant sa Dame, et blasmant Jalousie :
Dont les premiers ne furent envieux :
Bien luy ont dit, Vieil Homme entre les Vieulx,
Comment seroit ta pensée surprise
D’aulcun amour, quand le temps, qui tout brise,
T’a desnué de ta puissance gaye ?
J’ay bon vouloir (respond la Teste grise)
Desbender l’Arc ne guerist point la Playe
D’ung Rocher creux saillit tout au dernier
Une Ame estant de son Corps dessaisie,
Qui ne vouloit de Charon Nautonnier
Passer le Fleuve. O quelle frenesie !
Aller ne veult aux Champs delicieux,
Ains veult attendre au grand Port Stigieux
L’Ame de celle, où s’amour est assise,
Sans du venir sçavoir l’heure precise
Lors m’esveillay, tenant pour chose vraye,
Que, puis qu’amour suit la Personne occise,
Desbender l’Arc ne guerist point la Playe.
Prince, l’Amour ung Querant tyrannise :
Le Jouissant cuide estaindre, et attise :
Le Vieil tient bon : et du Mort je m’esmaye.
Jugez, lequel dit le mieulx sans faintise,
Desbender l’Arc ne guerist point la Playe.

Chant nuptial du Roy d’Escose & de Madame Magdalaine, première fille de France

Celluy matin, que d’habit nuptial
Le Roy d’Escoce ornoit sa beaulté blonde,
Pour espouser du sceptre Lilial
La Fille aisnée, où tant de grâce abonde,
Vous eussiez veu de Peuples ung grand Monde,
Qui de sa Chambre au sortir l’attendoient,
Et çà, et là mille autres à la ronde,
Qui à la file avec eux se rendoient.
Tandis les Mains des Nobles gracieuses
De pied en cap richement l’ont vestu :
Son Corps luisoit de Pierres precieuses,
Moins toutesfoys, que son cueur de Vertu :
De Musq d’eslite avec Ambre batu
Parfumé ont son vestement propice :
Puis luy ont ceint son fort Glaive pointu,
Dont il sçait faire et la Guerre, et Justice.
Ainsy en poinct de sa Chambre depart
Pour s’en aller rencontrer Magdelene :
De beaulté d’homme avoit plus grande part,
Que le Troyen qui fut espris d’Helene :
Si qu’au sortir sa beaulté souveraine
Les regardans resjouist tout ainsi,
Que le Soleil, quand à l’Aulbe seraine
Sort d’Orient pour se monstrer icy.

Vien, Prince, Vien : la Fille au Roy de France
Veult estre tienne, et ton Amour poursuyt :
Pour toy s’est mise en Royalle ordonnance,
Au Temple va, grand Noblesse la suyt :
Maint Dyamant sur la teste reluit
De la Brunette : et ainsi atournée
Son tainct pour vray semble une clere Nuict,
Quand elle est bien d’Estoilles couronnée
Brunette elle est : mais pourtant elle est belle,
Et te peult suivre en tous lieux, où iras,
En chaste Amour. Danger fier, et rebelle
N’y a que voir. D’elle tu jouyras :
Mais s’il te plaist, demain tu nous diras,
Lequel des deux t’a le plus grief esté
Ou la longueur du Jour, que desiras,
Ou de la Nuict la grand briefveté.
La Fille du plus grand Roy du Monde
Elle est à toy L’Eternel tout puissant,
Avant le Ciel, avant la Terre, et l’Onde,
Te destina d’elle estre jouissant,
Affin que d’elle, et de toy soit yssant
Immortel nœud d’amytié indicible
Entre le Sceptre Escossois florissant,
Et le Françoys par aultres invincible.
Fille de Roy mes propos adresser
A toy je veulx : escoute moy donc ores.
Je t’adverty, qu’il te convient laisser
Freres, et Sœur, Pere, et Pays encores
Pour suivre cil, que celluy Dieu, qu’adores,
Par sa Parolle a joinct avecques toy,
Te commandant, que l’aymes, et l’honores
Tu le sçay bien, mais je le ramentoy
Or suy le donc : jà te sont preparez
Cent mil honneurs là, où fault que tu voises
D’Escosse sont tous ennuys separez,

Trompes, Clerons y menent doulces noises :
Mesmes là bas les Nymphes Escossoises
Avec grand joye attendent ton venir,
Et vont disant, qu’elles seront Françoyses
Pour le grand bien, qui leur doibt advenir.
Va doncques. Non, ne vueilles nous priver
Encor si tost de ta noble presence :
Attens ung peu, laisse passer l’Yver,
Car assez tost sentirons ton absence.
Vent contre Vent se bat par insolence,
Printemps viendra, qui les fera ranger :
Lors passera la Mer sans violence,
Et ne craindrons, que tu soy en danger.
Et si voirras des Dieux de mainte forme :
Comme Egeon monté sur la Balaine.
Doris y est, Protheus s’i transforme,
Triton sa Trompe y sonne à forte alaine.
Au fons de l’eau sont ores sur l’Araine :
Mais si attens le Printemps, ou l’Esté,
Tous sortiront hors de la Mer seraine
Pour saluer ta Haulte Majesté.
Sur le beau Temps ainsi tu partiras,
Et en ton lieu regretz demoureront :
A Dieu dirons, à Dieu tu nous diras,
Dont te doulx yeux sur l’heure pleureront :
Mais en chemin ce Larmes secheront
Au noveau feu d’Amour bien establie :
Nos cueurs pourtant point ne s’en fascheront,
Pourveu que point le tien ne nous oublie.
Si prions Dieu, noble Royne d’Escosse,
Qu’au Temps nouveau vienne ung nouveau danger :
C’est qu’il te faille icy demourer grosse,
Pour si à coup de nous ne t’estranger.
A ce propos bien te doibs alleger,
Car pour Parens ; qu’icy tu abandonnes,
Enfans auras, Enfans pour abreger,
Qui porteront et Sceptre, et Couronnes.

Cantique à la Deesse Santé, pour le Roy malade

Doulce Santé de langueur ennemye,
De Jeux, de Rys, de tous Plaisirs amye,
Gentil resveil de la force endormie,
Doulce Santé,
Soit à ton los mon Cantique chanté,
Car par toy est l’Aise doulx enfanté :
Par toy la Vie en Corps aggravanté
Est restaurée.
Tu es des Vieulx, et Jeunes adorée,
Richesse n’est, tant que toy, desirée :
De rien, fors toy, la Personne empirée
Ne se souvient.
Et aussi tost que ta presence vient,
Palleur s’enfuit, couleur vive revient :
Mesmes la Mort fuir du lieu convient,
Où tu arrives.
Les vieilles gens tu rends fortes, et vives :
Les jeunes gens tu fais recreatives,
A Chasse, à Vol, à Tournoys ententives,
Et Esbatz mainctz.
O doulx Repos, nourrice des Humains,
Bien doibt chascun te invocquer joinctes Mains,
Veu que sans toy les ennuys inhumains
Nous precipitent.
Veu que sans toy en la Terre n’habitent
Les Dieux rians, qui à plaisir invitent :
Ains tous faschez s’en vont, et se despitent,
Si tu n’y viens.
Vien donc icy, ô source de tous biens,
Vien veoir Françoys le bien aymé des siens,
Vien, fusses tu aux Champs Elisiens,
Ou sur les Nuës.

Tu recevras cent mille bien venues
Des Princes haultz, et des Tourbes menues,
Qui sont du bras de Françoys soustenues
Roy couronné.
Las au besoing tu l’as abandonné,
Et s’est mon cueur maintesfois estonné,
Comment d’un corps de grâces tant orné
Tu t’es bougée.
Ou peulx tu estre ailleurs si bien logée ?
Revien secours de Nature affligée :
Si te sera toute France obligée
Moult grandement.
Puis d’ung tel Roy (apres l’amendement)
Tu recevras les grâces meritoires,
Et auras par à l’honneur mesmement
De ses futurs Triumphes, et Victoires.


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Chant de May.

En ce beau Moys delicieux
Arbres, Fleurs, et Agriculture,
Qui durant l’Yver soucieux,
Avez esté en Sepulture,
Sortez, pour servir de pasture
Aux Trouppeaulx du plus grand Pasteur :
Chacun de vous en sa nature
Louez le nom du Createur.
Les Servans d’Amour furieux
Parlent de l’Amour vaine, et dure :
O vous vrays Amans curieux

Parlez de l’Amour sans laydure :
Allez aux Champs sur la Verdure
Ouyr l’Oyseau parfaict Chanteur :
Mais du plaisir, si peu qu’il dure,
Louez le nom du Createur.
Quant vous verrez rire les cieulx
Et la terre en sa floriture,
Quant vous verrez devant voz yeux
Les eaux luy bailler nourriture,
Sur peine de grant forfaicture
Et d’estre larron et menteur,
N’en louez nulle creature,
Louez le nom du Createur.


Envoy

Prince pensez, veu la facture,
Combien puissant est le Facteur :
Et vous aussi mon Escripture
Louez le nom du Createur.


'
Chant de May & de Vertu.

Voulentiers en ce Moys icy,
La Terre mue, et renouvelle :
Maintz Amoureux en sont ainsi,
Subjectz à faire Amour nouvelle
Par legiereté de Cervelle,
Ou pour estre ailleurs plus contentz :
Ma façon d’Aymer n’est pas telle,
Mes Amours durent en tout temps.
N’y a si belle Dame aussi,
De qui la beaulté ne chancelle :
Par Temps, Maladie, ou Soucy
Laydeur les tire en sa Nasselle :
Mais rien ne peult enlaydir celle,
Que servir sans fin je pretendz :
Et pource qu’elle est tousjours belle,
Mes Amours durent en tout temps.
Celle, dont je dis tout cecy,
C’est Vertu la Nymphe eternelle,

Qui au Mont d’Honneur esclercy
Tous les vrays Amoureux appelle :
Venez Amantz, venez (dit elle)
Venez à moy, je vous attendz.
Venez (ce dit la Jouvencelle)
Mes Amours durent en tout temps.


Envoy

Prince fais Amye immortelle,
Et à la bien aymer entens :
Lors pourras dire sans cautelle,
Mes Amours durent en tout temps.


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Chant de follie, de l’origine de Villemanoche


Les Pichelins par le Monde espanduz,
Sont de si hault, et si loing descenduz,
Qu’à peine a l’on sceu trouver la Racine,
Ne ung Rameau de si brave Origine :
Mais Dieu voulant, qu’ilz ne fussent periz,
A esveillé les joyeulx Esperitz
De l’ung d’entre eulx, nommé Villemanoche :
Qui tout ainsi que l’on rompt une Roche,
Pour trouver l’eau, qui dessoubz est cachée,
Ainsi il a sa race tant cherchée ;
En se rompant Entendement, et Corps,
Qu’il l’a trouvée en Livres tous d’accords
Livres, mais quelz ? Livres tresautentiques,
Vieulx, et usez de force d’estre Antiques,
Lesquelz il a à grand peine trouvez,
Leuz, et releuz, volvez, et revolvez :
Si vieulx (de faict) les a voulu eslire,
Que nul, fors luy, oncques n’y sceut rien lire.
Il a trouvé ses grands Predecesseurs
Preux, et hardys, comme leurs Successeurs :
Dont l’une part reside en Germanie,
Et la pluspart plusieurs Regnes manie.
Il a trouvé à force de chercher,
Que ses Parens sceurent si bien prescher,
Non pas prescher, mais si bien harenguerent,
Qu’a nostre loy Infideles rengerent.
Et de ceulx là on veoit par consequence

Villemanoche avoir leur eloquence :
Car luy estant vestu de longue Togue
Sçait haranguer tout seul en Dyalogue :
Et s’il avoit la Robbe courte prise,
Lors, on voirroit qu’il seroit d’entreprise,
Et qu’il seroit semblable de prouesse
A ses Ayeulx, comme il est de sagesse.
Or est ainsi (helas) qu’il nous appert,
Que par deçà ceste Race se pert,
Si cestuy ci n’est joinct par mariage
En noble lieu : qui seroit grand dommage.
O Pichelin tu desserz, qu’on t’allie
En lieu Royal. O superbe Italie
Tu es enflée au nom des Crivelins,
Mais Gaule s’enfle au nom des Pichelins.
Vive (dis tu) la Case Criveline,
Mais en tous lieux vive la Picheline.