L’Amant de la momie/01

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FEUILLETON DU « MATIN »


L’AMANT
DE LA
MOMIE


Grand roman psychique inédit


PAR


A. WYLM

PRÉFACE



Il y a deux ans environ, des égyptologues déterrèrent, près de Thèbes, le sarcophage d’une momie. Ils décidèrent son transport en Angleterre, pour l’offrir au British Museum.

Dès lors survinrent des événements singuliers. On eût dit que sa venue au monde avait ressuscité chez la momie une sorte d’influence maléfique et qu’elle se plaisait à tourmenter ceux qui avaient violé sa sépulture.

Tous ceux qui avaient porté la main sur le sarcophage se virent persécutés de différentes façons : les uns furent malades, les autres firent des chutes plus ou moins graves. Un peu plus tard, le navire qui transportait la dépouille de la morte fut assailli par une tempête à sa sortie d’Alexandrie — des matelots déclarèrent qu’un mauvais sort s’était attaché au bateau.

Après l’installation du trésor funéraire dans les salles du British Museum, des événements incroyables se développèrent avec une logique déconcertante : il y eut des apparitions, des visions fluidiques diverses. On soutient même qu’il y eut transport d’objets et manifestations matérielles.

Des gens qui avaient contesté le pouvoir de la momie se virent punis de leur incrédulité. Des photographes qui voulurent prendre des clichés de la morte eurent leur fortune ou leur santé compromises.

Bien plus, un jeune savant prétendit être visité par le corps astral de la morte et déclara que celle-ci, furieuse d’être dérangée de son sommeil millénaire, désirait se venger de l’outrage commis envers sa dépouille.

Ces faits reposent-ils sur une suggestion collective des témoins, ou se sont-ils réellement passés ? La science de l’occulte n’est pas encore assez développée pour en affirmer la véracité.

Mais il y a là tout un ensemble de phénomènes qui, pris isolément, ne signifieraient rien, et qui, réunis, suggèrent des hypothèses bien troublantes. Au moyen âge, on n’eût pas manqué de faire intervenir la sorcellerie.

Si, m’appuyant sur ces données, j’ai composé ce roman en supposant la suite logique des faits sentis, réels ou imaginaires, je n’entends pas prendre position. Je me borne à relater des événements dans leur ordre chronologique et à laisser aux lecteurs le soin d’en déduire une conviction personnelle.

Le psychisme n’est pas encore une science admise. Les initiés se sont depuis longtemps rendu compte que des forces surnaturelles agissent autour de nous. Il y a toujours eu, dans la suite des âges, des êtres doués d’une acuité de vision particulière et qui, sans s’être concertés puisqu’ils appartenaient à des temps différents, ont soutenu les mêmes hypothèses avec une identique puissance de conviction.

Il y a là « présomption de preuve par universalité de croyance ».

Malheureusement, faute d’instruments pour calculer la puissance des manifestations occultes, et par manque d’appareils enregistreurs pour en fixer la matérialité, ces savants ne purent jamais qu’avancer le témoignage de leurs yeux.

Il me sera cependant permis de dire à propos de ce roman psychique, que souvent des événements se produisent dont notre raison se refuse à admettre sur le moment la réalité, mais dont la science, plus tard, se chargera de fournir l’explication.

Selon que les gens sont des convaincus ou des sceptiques, ils pourront toujours expliquer une aventure qui paraît surnaturelle, soit en faisant intervenir leur croyance occulte, soit en soutenant qu’il y a là suggestion du sujet, ou plus simplement encore, fraude cachée d’un des participants.

Toutefois il y a des événements, des faits qui appellent des causes, et si l’esprit moderne, à son degré de développement actuel, n’est pas encore assez documenté pour expliquer le merveilleux, il est quand même assez instruit pour ne plus le nier.

Ce sera aux lecteurs du Matin de combattre ou d’approuver, lorsqu’ils auront lu les multiples péripéties de l’Amant de la momie.

A. Wylm.
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