L’Art d’être une bonne mère/07
CHAPITRE VII.
ALIMENTATION DE L’ENFANT
APRÈS LE SEVRAGE
Une fois sevré, on devra, si on veut maintenir l’enfant en santé et le développer normalement, lui faire suivre un régime alimentaire très précis quant à la qualité et à la quantité des mets et quant au nombre de repas qu’on lui fera faire chaque jour. Une bonne digestion est accompagnée d’un sommeil paisible et l’enfant qui digère et dort bien a des garanties de vitalité très rassurantes.
Voici quelques exemples de menus pour l’enfant depuis son huitième mois d’existence, jusqu’à six ans. L’horaire ci-dessous tracé, n’est pas obligatoire, l’important est d’observer les intervalles d’un repas à l’autre.
I. — Du huitième au douzième mois.
C’est l’époque où l’on donne à l’enfant ses premières bouillies, elles seront d’abord très claires : une cuillérée à café de farine dans huit onces de lait et l’enfant les prendra au biberon, une fois par jour et à la même heure. Au douzième mois, cette bouillie sera plus épaisse et pourra être donnée deux fois par jour, par exemple à neuf heures du matin et à quatre du soir. À raison de cette addition de solidité dans la nourriture, l’enfant ne devra pas faire, entre le douzième et le dix-huitième mois, plus de cinq repas par jour. « Une nourriture féculente, donnée trop tôt, écrit le célèbre professeur docteur Marfan, est une des causes les plus certaines de la gastro-entérite chronique et du rachitisme. »
Il sera bon de varier les qualités de farines, avec lesquelles on prépare la bouillie : farines de maïs, de froment, d’avoine, d’orge, de sarrazin, fécule de riz, de pomme de terre, arrow-root, etc. On juge, par l’enfant, si l’on doit se servir des farines laxatives ou les autres.
Le repas de lait ne sera donné que quatre heures après la bouillie et la bouillie suivante, trois heures après le lait. La bouillie étant plus lente à digérer.
II. — Du douzième au quinzième mois.
6 hrs a.m., 8 onces de lait (une tasse à thé et demie).
9 hrs a.m., une bouillie épaisse.
1 hr p.m., biscuits secs avec une tasse et demie de lait.
4 hrs p.m., une bouillie épaisse.
8 hrs p.m., 8 onces de lait.
III. — Du quinzième au dix-huitième mois
À partir du quinzième mois, l’alimentation sera plus substancielle, quant à la qualité, mais diminuée quant à la quantité.
6 hrs a.m., une tasse et demie de lait avec biscuits secs.
9 hrs a.m., une bouillie ou un jaune d’œuf avec du pain rassis.
1 hr p.m., une tasse et demie de lait avec biscuits secs.
4 hrs p.m., soupe au riz ou à l’orge (barley) faite avec du bouillon.
8 hrs. p.m., une tasse et demie de lait, soit un biberon de huit onces avec un biscuit sec.
IV. — Du dix-huitième au vingtième mois.
L’enfant ne fait plus que quatre repas.
8 hrs a.m., une tasse et demie de lait avec une tartine ou biscuit.
11 hrs a.m., un œuf et de la purée de pomme de terre.
3 hrs p.m., du lait avec des tartines ou biscuits.
6 hrs p.m., un bouillon au riz ou à l’orge (barley), des tartines, du riz au lait ou des confitures.
V. — De deux à trois ans.
8 hrs a.m., repas de lait, une bouillie ou céréales.
11 hrs a.m., potage, viande blanche, ou cervelle ou ris de veau ou poisson bouilli très frais et un peu de pomme de terre ; de la compote et du pain rassis.
3 hrs p.m., des tartines ou biscuits secs avec du lait.
6 hrs p.m., un œuf ou de la purée de pomme de terre, un potage ou un bouillon avant, si l’enfant en a l’appétit. Comme desserts : de la « custard », ou du pudding au pain ou au riz, du blanc-manger ou des fruits cuits avec des biscuits.
VI. — De trois à six ans.
On peut ajouter au menu précédent, du bifteck, de l’agneau, du mouton, des épinards, des asperges.
8 hrs a.m., jus d’orange ou quartier de pomme, un peu de céréale bien cuite avec lait et sucre ou sel, pain rôti et beurre.
11 hrs a.m., un plat de viande, un plat de légumes, un dessert et de l’eau.
3 hrs p.m., du lait, des tartines et confitures.
6 hrs p.m., un potage, un œuf et un dessert.
Indiquons maintenant les choses qui doivent être exclues du régime alimentaire de l’enfant.
Viandes :
Fumées, salées ou en conserve, venaison, oie, canard, pore frais, jambon, bacon, saucisse, viandes réchauffées ou bouillies.
Légumes :
Choux, oignons, ail, céleri, radis, concombres, tomates, betteraves, blé d’Inde, laitue, marinades.
Pain :
Chaud, gâteau frais, pâtisseries, pâtés, beignes.
Desserts :
Bonbons, tartes, noix, fruits secs, bananes, raisins, ananas, en général tout ce qui est dur et difficile à digérer. On ne saurait trop insister pour que les mères ne donnent pas de bonbons aux jeunes enfants, un bon estomac et de belles dents seront la récompense de ce sacrifice. Il est important de ne pas laisser contracter la funeste habitude de grignoter entre les repas, l’enfant n’est pas une machine à digérer.
L’alimentation se complète par le breuvage et ce breuvage doit être pour le jeune enfant, du lait et de l’eau pure. Mais, "le lait, donné comme boisson aux repas, provoque la dyspepsie de suralimentation, nous dit Dr Eugène Terrien, alors, il est préférable lorsque l’enfant a bien mangé, de ne lui donner que de l’eau. Les boissons à exclure, pour l’enfant sont : tout alcool, le vin, la bière, etc., les boissons gazeuses, telles que : « ginger ale », « cream soda », soda à la crème à la glace, le cidre, de plus, le thé et le café.
On ne doit jamais forcer un enfant à manger ou à boire, la nature est en cela le meilleur guide. Enfin, il faut surveiller de près la mastication des aliments puisqu’elle est la moitié du travail de digestion et qu’un aliment ne nourrit qu’en tant qu’il est bien assimilé.
Accoutumer l’enfant à évacuer aux mêmes heures.
Terminons en rappelant la comparaison, souvent faite, entre les enfants de familles pauvres, forcément soumis au régime du strict nécessaire, mais vivant au grand air et sous la loi de la nature, avec les enfants de familles riches, où parfois l’abondance et le caprice combattent l’hygiène ; ces derniers sont souvent pâles, maigres et faibles, les premiers, au contraire, portent sur leur figure joufflue les indices de leur force et de leur bonne santé. On a là les effets opposés de la suralimentation et de la diette normale, du caprice et de la régularité dans l’usage de la nourriture et du breuvage. La nature punit les transgresseurs et récompense les observateurs de ses prescriptions.
Voici quelques recettes qui pourraient être utiles :
Eau d’orge :
Employer les grains d’orge entiers ou moulus, cuire pendant quinze minutes. Une cuillerée à thé d’orge en poudre avec une tasse d’eau et un peu de sel, couler et mélanger avec le lait et un peu de sucre.
Eau d’avoine :
Même préparation.
On doit toujours préparer ces décoctions, pour chaque repas de l’enfant, et s’en servir dans des biberons.
Arrow-root :
Délayer à froid une cuillerée à dessert, dans quatre ou cinq cuillerées d’eau, jeter dans cinq ou six cuillerées de lait, faire bouillir en remuant vingt minutes.
Crème de riz :
Farine de maïs :
De même, treize minutes de cuisson.
Bouillie :
Prendre farine de froment cuite au four, de même, quinze minutes de cuisson.
Farine d’avoine :
Crème d’orge :
De même, cinq minutes de cuisson.
Panade :
Mettre dans une casserole, un quart de petit pain rassis, imbiber d’eau froide, ajouter de trois à cinq onces de lait, ou lait et eau, saler, cuire une demi-heure à feu doux. Couler, ajouter un peu de beurre frais.