L’Aveu (Coppée)

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Œuvres complètes de François CoppéeL. Hébert, librairePoésies, tome III (p. 233-234).


L’AVEU


Tu n’as pas toujours été sage,
Toi dont le cœur bat sur mon bras.
Pour plus d’un amant de passage,
Tu souris et tu soupiras.

D’une voix honteuse et farouche
Tu me l’as dit, par un soir bleu ;
Mais ma bouche a fermé ta bouche
Que purifiait ton aveu.

J’avais prévu ta confidence,
J’avais deviné ton roman,
Fille du peuple sans prudence
Et qui n’avais plus de maman.
 
En Mai, sous le maigre feuillage,
Chantaient les moineaux de faubourgs.
N’est-ce pas ? le vague ennui, l’âge ?…
Je connais ces tristes amours.

Mais le cœur sur qui tu te serres,
Ayant souffert, sait excuser ;
Et je vois dans tes yeux sincères
Que j’ai ton vrai premier baiser.

De nous deux, c’est toi la meilleure,
Puisque tu sais aimer le mieux ;
Regarde, mon enfant, je pleure,
Moi si blasé, moi déjà vieux !

Par la tendre et simple manière
Dont tu m’avouas ton passé,
Je te dois ma larme dernière,
Et par elle, il est effacé.