L’Encyclopédie/1re édition/ALPHITOMANCIE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 298).
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ALPHITOMANCIE, s. f. divination qui se faisoit par le moyen de quelque mets en général, si l’on tire ce mot du Grec ἄλφιτα, les vivres ; ou par celui de l’orge en particulier, si on le fait venir d’ἄλφιτον, farine d’orge, & de μαντεία, divination.

On croit qu’elle consistoit à faire manger à ceux de qui on vouloit tirer l’aveu de quelque crime incertain un morceau de pain ou de gâteau d’orge : s’ils l’avaloient sans peine, ils étoient déclarés innocens ; sinon on les tenoit pour coupables. Tel est du moins l’exemple qu’en donne Delrio qui dit l’avoir tiré d’un ancien manuscrit de S. Laurent de Liege, qui porte : Cùm in servis suspicio furti habetur, ad sacerdotem ducuntur, qui crustam panis carmine infectam dat singulis, quæ cùm hæserit gutturi, manifesti furti reum asserit.

Les payens connoissoient cette pratique, à laquelle Horace fait allusion dans ce vers de son épître à Fuscus :

Utque sacerdotis fugitivus liba recuso.

Cette superstition avoit passé dans le Christianisme, & faisoit partie des épreuves canoniques ; & c’est vraissemblablement ce qui a donné lieu à ce serment : que ce morceau puisse m’étrangler, si &c. Delrio disquisit. magic. lib. IV. c. ij. quæst. VII. sect. 2. (G)