L’Encyclopédie/1re édition/ANTI-STROPHE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 516-517).
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ANTI-STROPHE, s. f. (Gramm.) ce mot est composé de la préposition ἀντὶ, qui marque opposition ou alternative, & de στροφὴ, conversio qui vient de στρέφω verto. Ainsi strophe signifie stance ou vers que le chœur chantoit en se tournant à droite du côté des spectateurs ; & l’antistrophe étoit la stance suivante que ce même chœur chantoit en se tournant à gauche. Voyez Antistrophe plus bas.

En Grammaire ou élocution, l’antistrophe ou épistrophe signifie conversion. Par ex. si après avoir dit le valet d’un tel maître, on ajoûte, & le maître d’un tel valet, cette derniere phrase est une antistrophe, une phrase tournée par rapport à la premiere. On rapporte à cette figure ce passage de saint Paul : Hæbræi sunt, & ego. Israelitæ sunt, & ego. Semen Abrahæ sunt, & ego. II. Cor. c. xj. vers. 22. (F)

Antistrophe, (Bell. Lett.) terme de l’ancienne poësie lyrique chez les Grecs. L’antistrophe étoit une des trois parties de l’ode, dont les deux autres se nommoient strophe & épode. La strophe & l’antistrophe contenoient toûjours autant de vers l’une que l’autre, tous de même mesure, & pouvoient par conséquent être chantées sur le même air, à la différence de l’épode qui comprenoit des vers d’une autre espece, soit plus longs, soit plus courts. Voyez Epode.

L’antistrophe étoit une espece de réponse ou d’écho relatif tant à la strophe qu’à l’épode. Les Grecs nommoient période ces trois couplets réunis ; c’est ce que nous appellerions un couplet à trois stances. Voyez Periode. (G)