L’Encyclopédie/1re édition/AQUEUX

La bibliothèque libre.

AQUEUX, aquosus, adj. qui participe ou qui est de la nature de l’eau, ou bien ce en quoi l’eau abonde ou domine. Voyez Eau.

Ainsi l’on dit que le lait consiste en parties aqueuses ou séreuses, & en parties butyreuses. Voyez Lait.

C’est par la distillation que les Chimistes séparent la partie aqueuse ou le phlegme de tous les corps. V. Phlegme.

Conduits ou canaux aqueux. Voyez l’article Lymphatique.

Humeur aqueuse ; c’est la premiere ou l’antérieure des trois humeurs de l’œil. Voyez Humeur & Œil.

Elle occupe la chambre antérieure & la postérieure ; elle laisse par l’évaporation un sel lixiviel, & au goût elle est un peu salée ; elle s’évapore promptement & toûjours après la mort. Il est très-constant qu’elle se régénere, & qu’il y a par conséquent quelque source d’où elle coule sans cesse. Est-ce dans les vaisseaux secréteurs qu’Hovius croit avoir vûs à l’extrémité de l’uvée, ainsi que la Charriere ? Albinus a vû ses injections transsuder par les extrémités des vaisseaux de l’iris : mais on n’est pas décidé à le croire, & l’analogie des liqueurs exhalantes qui viennent toutes des arteres persuade autre chose.

L’humeur aqueuse est repompée par des veines absorbantes ; autrement, comme elle abonde sans cesse par les arteres, elle s’accumuleroit, & l’œil deviendroit hydropique : d’ailleurs on sait par expérience que le sang épanché dans l’humeur aqueuse a été repompé ; elle circule donc : mais encore une fois quels en sont les conduits ? Nuck croit avoir découvert ces conduits. Ruysch en parle dans deux endroits. Santorini, dans un aveugle, a quelquefois vû des canaux pleins d’une liqueur rougeâtre. Hovius a crû découvrir de nouvelles sources, mais il les regarde comme artérielles, & il a nié qu’elles fussent des conduits particuliers : mais comment d’une artere visible, dans un canal également sensible à l’œil, une autre liqueur que le sang pourroit-elle passer ? Il n’y a aucun exemple de ce fait dans le corps humain ; qui empêche le sang même d’entrer dans un vaisseau d’un aussi grand diametre. En voilà assez pour détruire ces sources particulieres de l’humeur aqueuse. Haller, Comment. Boerh. (L)

Aqueux. Les remedes aqueux sont tous ceux où l’eau domine ; telles sont les plantes fraîches & nouvelles, & entr’elles toutes celles qui se résolvent aisément en eau, soit par la distillation, soit par la coction, soit par la macération. Les laitues, les laitrons, les patiences, les oseilles, les poirées, les chicorées & autres sont sur-tout dans cette classe ; le pourpier, le cotyledon, le sedum en sont aussi.

Entre les légumes, sont les pois verds, les haricots nouveaux, les asperges, toutes les herbes potageres.

Entre les fruits, sont les raisins, les poires, les pommes douces, les cerises douces, les prunes, les abricots, les pêches & autres.

Les alimens aqueux tirés du regne végétal & animal conviennent à ceux qui ont les humeurs acres, les fibres trop roides, & les fluides ou le sang aduste ; ainsi dans l’été, on doit ordonner aux malades beaucoup d’aqueux & de délayans pour calmer les douleurs que produisent l’ébullition & l’effervescence des humeurs. (N)