L’Encyclopédie/1re édition/ATTACHER

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 824-825).
ATTACHEUSE  ►

ATTACHER, lier, (Art mechan.) On lie pour empêcher deux objets de se séparer ; on attache quand on en veut arrêter un ; on lie les piés & les mains ; on attache à un poteau ; on lie avec une corde ; on attache avec un clou ; au figuré, un homme est lié, quand il n’a pas la liberté d’agir ; il est attaché quand il ne peut changer. L’autorité lie ; l’inclination attache ; on est lié à sa femme, & attaché à sa maîtresse.

Attacher, v. act. se dit dans les manufactures de soie, des semples, du corps, des arcades & des aiguilles ; c’est les mettre en état de travailler. Voyez Velours ciselé.

Attacher les rames en Rubannerie, c’est l’action de fixer les rames à l’arcade du bâton de retour. Voici comme cela s’exécute : on prend deux longueurs séparées de ficelles à rames, de quatre aunes environ chacune, lesquelles longueurs se plient en deux sans les couper ; à l’endroit de ce pli, il se forme une bouclette pareille à celle que l’on fait pour attacher les anneaux à des rideaux ; ensuite les quatre bouts de ces longueurs se passent dans l’arcade du bâton de retour ; après quoi il se forme une double bouclette au moyen de la premiere, en passant les longueurs à travers cette même premiere, d’où il arrive que le tout se trouve doublement arrêté à ladite arcade : on voit aisément que voilà quatre rames attachées ensemble d’une seule opération ; ce qui doit se faire quarante fois sur chaque retour, puisque l’ordinaire est d’y en mettre 160, ainsi qu’il sera dit à l’article rame. Voyez Rame.

Attacher le mineur à un ouvrage, c’est dans l’attaque des places ou la guerre des siéges, faire entrer le mineur dans le solide de l’ouvrage pour y faire une breche par le moyen de la mine. Voyez Mine.

L’attachement du mineur se fait au milieu des faces, ou bien au tiers, à le prendre du côté des angles flanqués des bastions, demi-lunes, ou autres ouvrages équivalens. Il vaudroit mieux que ce fût en approchant des épaules ; parce que l’effet de la mine couperoit une partie des retranchemens, s’il y en avoit : mais on s’attache, pour l’ordinaire, à la partie la plus en état & la plus commode. Cet attachement doit toûjours être précédé de l’occupation du chemin couvert, & de l’établissement des parties nécessaires sur le même chemin couvert, de la rupture des flancs, qui peuvent avoir vûe sur le logement du mineur, & de la descente & passage du fossé, auquel il faut ajoûter un logement capable de contenir 20 ou 30 hommes devant le fossé, pour la garde du mineur.

Après cela on fait entrer sous les mandriers le mineur, qui commence aussi-tôt à percer dans l’épaulement, & à s’enfoncer dans le corps du mur du mieux qu’il peut.

Il faut avoüer que cette méthode est dure, longue & très-dangereuse, & qu’elle a fait périr une infinité de mineurs : car ils sont long-tems exposés 1°. au canon des flancs, dont l’ennemi dérobe toûjours quelques coups de tems en tems, même quoiqu’il soit démonté & en grand desordre, parce qu’il y remet de nouvelles pieces, avec lesquelles il tire, quand il peut, & ne manque guere le logement du mineur ; 2°. au mousquet des tenailles & des flancs haut & bas, s’il y en a qui soient un peu en état ; 3°. aux pierres, bombes, grenades & feux d’artifice, que l’ennemi tâche de pousser du haut en bas des parapets ; 4°. aux surprises des sorties dérobées qu’on ne manque pas de faire fort fréquemment ; & par-dessus cela, à toutes les ruses & contradictions des contre-mines : de sorte que la condition d’un mineur, en cet état, est extrèmement dangereuse, & recherchée de peu de gens ; & ce n’est pas sans raison qu’on dit que ce métier est le plus périlleux de la guerre.

Quand cet attachement est favorisé du canon en batteries sur les chemins couverts, c’est tout autre chose, le péril n’en est pas à beaucoup près si grand. On enfonce un trou de 4 ou 5 piés de profondeur au pié du mur, où il se loge, & se met à couvert en fort peu de tems, du canon & du mousquet des flancs, des bombes & grenades, & feux d’artifice qui ne peuvent plus lui rien faire. Peu de tems après son attachement, il n’a plus que les sorties & les contre-mines à craindre.

Ajoûtons à cela, que, si après avoir décombré & vuidé son trou de ce qu’il aura trouvé d’ébranlé par le canon, il en ressort pour un peu de tems, & qu’on recommence à y faire tirer 50 ou 60 coups de canon bien ensemble, cela contribuera beaucoup à l’aggrandir & à l’enfoncer.

Ce même canon lui rend encore un bon office, quand il y a des galeries ou contre-mines dans l’épaisseur du mur, parce qu’il les peut enfoncer à droite & à gauche, à quelque distance du mineur, & par ce moyen en interdire l’usage à l’ennemi ; il sert même à disposer la prochaine chûte du revêtement, & à la faciliter. Attaq. des places, par M. de Vauban. (Q)

Attacher haut, (Manége) c’est attacher la longe du licou aux barreaux du ratelier, pour empêcher que le cheval ne mange sa litiere. (V)

S’attacher à l’éperon, (Manége) c’est la même chose que se jetter sur l’éperon. V. Se jetter. (V)