L’Encyclopédie/1re édition/BREF

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BREF, COURT, SUCCINT, (Gram.) termes relatifs à la quantité ; bref, à la quantité du tems ; court, de l’espace & du tems ; succint, de l’expression. La prononciation d’une syllable est longue ou breve ; un discours est diffus, ou succint ; un article est court ou long.

Bref, s. m. dans plusieurs coûtumes de France, se dit des lettres qu’on obtient en chancellerie, à l’effet d’intenter une action contre quelqu’un. Ainsi on dit dans ces coûtumes un bref de restitution, de rescision. Dans quelques anciennes coûtumes, & même encore à présent en Angleterre, ce terme est synonyme à action.

Par exemple, on appelle en Normandie bref de mariage encombré, une action que la femme a droit d’exercer à l’effet d’être réintegrée dans ses biens dotaux ou matrimoniaux, qui ont été aliénés par son mari. (H)

Brefs apostoliques, sont des lettres que le pape envoye aux princes & aux magistrats pour des affaires publiques. On les appelle ainsi, parce qu’elles sont concises, sans préambule, & sur papier ; au lieu que les bulles sont plus amples, écrites sur du parchemin, & scellées de cire verte ou de plomb. Les brefs ne sont scellés qu’avec de la cire rouge, & sous l’anneau du pêcheur. Ce scel ne s’applique jamais qu’en présence du pape. Voyez Bulle.

Les brefs ont en tête le nom du pape, & ils commencent par ces mots : Dilecto filio salutem, & apostolicam benedictionem, &c. après quoi s’ensuit la matiere qui doit être traitée sans aucun préambule.

Le pape ne signe pas les brefs, & on n’y applique pas son nom au bas, c’est le secrétaire qui signe. Le pape Alexandre VI. établit un college de secrétaires pour les brefs ; depuis ce tems les brefs sont plus longs & plus amples qu’auparavant.

Les brefs n’étoient autrefois envoyés que pour les affaires de justice : mais présentement ils sont employés pour les matieres de benefices, de graces expectatives, & pour les dispenses. (H)

Bref, en terme de Commerce ; on appelle bref état de compte, un compte en abregé, ou qui n’est pas dressé & rendu en forme. Voyez Compte.

Bref, en terme de Commerce de mer, signifie en Bretagne un congé ou permission de naviger.

Il y en a de trois sortes ; bref de sauveté, bref de con duite, & bref de victuailles. Le premier se donne pour être exempt de droit de bris. Voyez Bris : le second, pour être conduit hors des dangers de la côte ; & le troisieme, pour avoir liberté d’acheter des vivres.

On les appelle aussi brieux, & dans le langage ordinaire, on dit, parler aux hébrieux pour obtenir ces brefs. Voyez Brieux. (G)

Bref, en Musique, est un mot qu’on ajoûte quelquefois au-dessus de la note qui finit un air ou un chant, pour marquer que cette finale doit être coupée par un son bref & sec, au lieu de durer toute sa valeur. Voyez Coupé. (S)