L’Encyclopédie/1re édition/CORNAGE

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CORNAGE, s. m. (Jurisprud.) ou droit de cornage, est une redevance annuelle qui est dûe à quelques seigneurs, principalement dans le Berri, pour chaque bœuf qui laboure dans leur seigneurie, par ceux qui sement du blé d’hyver : le seigneur châtelain de Berri, ressort de Bourges, perçoit ce droit en blé ; il prétend aussi un droit pour les petits blés ou blés de Mars, qui se sement au printems. Dans la coûtume de troy locale de Berri, ce droit de cornage est de quatre parisis par couple de bœufs. Voyez aussi la coûtume de Châteaudun, tit. ij. art. 2. Galland dit qu’au cartulaire de S. Denis de Nogent-le-Rotrou, il y a une lettre de Hugues vicomte de Châteaudun, de l’an 1168, qui fait mention d’un droit de cornesage, cornesagium, qui appartient au vicomte, sur ce que chaque habitant du bourg du Saint-Sepulcre vend hors de ce bourg ; mais il ne paroît pas que ce droit se paye pour chaque bœuf, ni par conséquent que ce soit, comme il le dit, la même chose qu’en quelques contrées de Champagne on appelle droit de cornage, lequel se paye par les roturiers à proportion des bêtes à corne trahiantes ; c’est pourquoi il est appellé dans les anciens titres boagium, bovagium. Au cartulaire de Champagne est un accord de l’an 1216, entre les religieux de S. Denis & leurs hommes de B… où ce droit est appellé en latin garbagium, & en françois cornage à B… & à C… Dans la même province de Champagne, le seigneur de Rets a un droit de cornage qui est tel, que les habitans lui doivent par an pour chaque animal de trois ans, excepté les taureaux, au jour de S. Jean, trois deniers, & pour chaque bœuf trayant, seu trahens, douze deniers. On donne encore ailleurs différens noms à ce même droit ; en Lorraine & dans le Barrois, on l’appelle droit d’assise ; & dans le vicomté de Lautrec, droit de bladade ; au duché de Thoars, droit de fromentage.

Tenir du Roi par cornage, c’est-à-dire à la charge de corner ou donner du cor pour avertir. Il en est parlé au liv. II. des tenures, chap. viij. à savoir ès marches de Scotlant en la frontiere d’Angleterre, pour avertir à cor & à cri public que les Ecossois ou autres ennemis viennent ou veulent entrer en Angleterre, qui est un service de sergenterie ; mais c’est un service de chevalier, quand aucun tient d’autre seigneur que du Roi par tel service de cornage. Voyez le glossaire de M. de Lauriere, au mot cornage. (A)