L’Encyclopédie/1re édition/FANON

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FANON, s. m. (Marine.) Prendre le fanon de l’artimon, c’est le raccourcissement du point de la voile que l’on trousse & ramasse avec des garcettes, pour prendre moins de vent ; ce qui ne se fait que dans de très-gros tems. Ce mot est particulierement pour la voile d’artimon, & quelquefois pour la misene. (Z)

Fanon, terme de Chirurgie, piece d’appareil pour la fracture des extrémités inférieures. On fait les fanons avec deux baguettes ou petits bâtons de la grosseur du doigt : chaque baguette est garnie de paille, qu’on maintient autour du bâton avec un fil qui l’entortille d’un bout à l’autre. La longueur des fanons est différente, suivant la grandeur des sujets, & suivant la partie fracturée. Les fanons qui servent pour la jambe doivent être d’égale longueur, & s’étendre depuis le dessus du genou jusqu’à quatre travers de doigts au-delà du pié. Ceux qui doivent maintenir la cuisse sont inégaux ; l’externe doit aller depuis le dessus du pié jusqu’au-delà de l’os des îles ; l’interne est plus court, & doit se terminer supérieurement au pli de la cuisse, & ne point blesser les parties naturelles. Le mot de fanon signifie un bâton de torche. Pour s’en servir on les roule un de chaque côté dans les parties latérales d’un piece de linge d’une longueur & d’une largeur suffisantes, sur le plein de laquelle la partie puisse être placée avec tout l’appareil qui y est appliqué. Voyez Planche IV. de Chirurgie, figure 1. On serre les fanons des deux côtés du membre ; mais avant de les attacher par le moyen de trois ou quatre liens ou rubans de fil qu’on a eu soin de passer par-dessous, on a l’attention de mettre des compresses assez épaisses pour remplir les vuides, comme au-dessous du genou, & au-dessus des malléoles ou chevilles, afin que les fanons fassent une compression égale dans toute la longueur du membre, & qu’ils ne blessent point les parties sur lesquelles ils porteroient si elles n’étoient point garnies. Dans quelques hôpitaux on a pour cet usage des petits sachets remplis de paille d’avoine. On noue extérieurement les rubans qui serrent les fanons contre le membre, & on met ordinairement une petite compresse quarrée au milieu de la partie antérieure de la partie, sous chacun de ces rubans pour les soûtenir, & remplir le vuide qu’il y auroit entre le ruban & l’appareil. On voit assez par cette description, quel est l’usage des fanons ; ils maintiennent la partie fracturée dans la direction qu’on lui a donnée, & s’opposent à tous les mouvemens volontaires & involontaires, plus que toute autre partie de l’appareil : ils servent aussi à éviter le dérangement dans le transport qu’on est quelquefois obligé de faire d’un blessé d’un lit dans un autre.

Lorsque les fanons sont appliqués, on doit poser le membre sur un coussin ou oreiller, dans une situation un peu oblique, ensorte que le pié soit plus élevé que le genou, & le genou plus que la cuisse : cette position favorise le retour du sang des extrémités vers le centre. Dans les hôpitaux militaires, où l’on n’a point d’oreillers, on met la partie dans des faux-fanons. On donne ce nom à un drap plié de façon, qu’il n’ait de large que la hauteur des fanons ; on le roule par les deux extrémités, & on place le membre entre ces deux rouleaux, qui servent à soûtenir les fanons, & même à soûlever la partie, & à donner un peu d’air par-dessous, quand on le juge à propos. Voyez Flabellation. On met quelquefois les faux-fanons doubles, pour élever le membre davantage. Quand au lieu de drap on n’a que des alaises ou des nappes, il faut s’accommoder aux circonstances : alors on roule séparément les pieces de linge qu’on a, & on met les unes d’un côté & les autres de l’autre, pour remplir l’intention marquée.

Les anciens mettoient tout simplement le membre dans une espece de caisse qui contenoit fort bien tout l’appareil. M. Petit a perfectionné cette pratique : la boîte qu’il a imaginée, contient avantageusement les jambes fracturées, & elle est sur-tout très-utile dans les fractures compliquées de plaie qui exige des pansemens fréquens. Voyez Boîte.

M. de la Faye a inventé aussi une machine pour contenir les fractures, tant simples que compliquées ; elle est composée de plusieurs lames de fer-blanc unies par des charnieres : il suffit de garnir la partie de compresses, & l’on roule cette machine par-dessus, comme une bande. Cette machine, qui peut être de grande utilité à l’armée dans le transport des blessés, pour empêcher les accidens fâcheux qui résultent du froissement des pieces fracturées, est décrite dans le second volume des mémoires de l’académie royale de Chirurgie. M. Coutavoz, membre de la même société académique, a fait à cette machine des additions très-importantes pour un cas particulier, dont il a donné l’observation dans le même volume.

Dans une campagne où l’on n’auroit aucun de ces secours, où l’on manqueroit même de linge, un chirurgien intelligent ne seroit pas excusable, si son esprit ne lui suggeroit quelque moyen pour maintenir les pieces d’os fracturées dans l’état convenable ; on peut faire une boîte ou caisse avec de l’écorce d’arbre, & remplir les inégalités de la partie avec quelque matiere molle, comme seroit de la mousse, &c. Voyez Fracture. (Y)

Fanon, (Manége, Maréchall.) On appelle de ce nom cet assemblage de crins qui tombent sur la partie postérieure des boulets, & cachent celle que nous nommons l’ergot. Leur trop grande quantité décele des chevaux épais, grossiers & chargés d’humeurs ; elle est d’autant plus nuisible, qu’elle ne sert qu’à réceler la crasse, la boue & toutes les matieres irritantes, que nous regardons avec raison comme les causes externes d’une foule de maux qui attaquent les jambes de l’animal. On employe des cisailles ou pinces à poil, pour dégarnir le fanon. Voyez Panser. (e)