L’Encyclopédie/1re édition/GEORGIQUE, la

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GEORGIQUE, la, s. f. (Poésie didactiq.) la georgique est une partie de la science économique de la campagne, traitée d’une maniere agréable, & ornée de toutes les beautés & les graces de la poésie. Virgile, dit M. Addisson, a choisi les préceptes de cette science les plus utiles, & en même-tems les plus susceptibles d’ornemens. Souvent il fond le précepte dans la description, & il peint par l’action du campagnard ce qu’il dessein d’apprendre au lecteur. Il a soin d’orner son sujet par des digressions agréables & ménagées à propos qui naissent naturellement, & qui ont du rapport avec l’objet principal des géorgiques. Son style est plus élevé que le langage familier & ordinaire ; il abonde en métaphores, en grécismes & en circonlocutions, pour rendre ses vers plus pompeux.

M. Addisson conclud son essai par cette remarque : c’est que les géorgiques de Virgile sont le poëme le plus complet, le plus travaillé, & le plus fini de toute l’antiquité. L’Enéide est d’un genre plus noble ; mais le poëme des géorgiques est plus parfait dans le sien. Il y a dans l’Enéide un plus grand nombre de beautés ; mais celles des géorgiques sont plus délicates. En un mot, le poëme des géorgiques est aussi parfait, que le peut être un poëme composé par le plus grand poëte dans la fleur de son âge, lorsqu’il a l’invention facile, l’imagination vive, le jugement mûr, & que toutes ses facultés sont dans toute leur vigueur & leur maturité. (D. J.)