L’Encyclopédie/1re édition/HILARODIE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 208).

HILARODIE, s. f. (Littérat.) espece de drame chez les Grecs qui tenoit de la comédie & de la tragédie ; aussi l’appelloit-on autrement hilaro tragédie.

On sait que la tragédie exigeoit non-seulement, que les personnages fussent des princes ou des héros, mais elle devoit encore rouler sur quelque grand malheur ; & soit que la catastrophe en fût funeste, soit qu’elle fût heureuse, elle devoit toujours exciter la terreur & la pitié ; c’est ce qui fit qu’Archélaus, roi de Macédoine, dont les idées étoient apparemment très-bornées sur la poésie dramatique, proposant à Eurypide de le faire le héros de quelqu’une de ses tragédies, ce poëte lui répondit : « que les dieux puissent toujours vous préserver d’un pareil honneur ! »

L’hilarodie amenoit bien à la vérité sur la scene des personnages illustres, mais ses sujets devoient être gais ; & quoiqu’elle eut plus de dignité que la premiere comédie proprement dite des Grecs, qui étoit l’imitation trop grossiere de la vie commune des simples citoyens, c’étoit pourtant une espece de comédie, parce qu’elle avoit pour but d’amuser, d’égayer, & de faire rire les spectateurs.

On croit que les fables rhintoniques ressembloient à beaucoup d’égards aux hilarodies ; on les nommoit rhintoniques, du nom de leur auteur Rhinton. Athénée cite de ce poëte une piece intitulée Amphitrion, qui pourroit bien avoir été l’original d’après lequel Plaute a composé le sien. Or l’Amphitrion de Plaute a les caracteres qu’on assigne à l’hilarodie.

Il semble que les parodies dramatiques avoient aussi beaucoup d’affinité avec les hilarodies ; mais nous ne sommes pas assez instruits des caracteres distinctifs de toutes ces sortes de drames anciens, pour en marquer les rapports & les différences. (D. J.)