L’Encyclopédie/1re édition/HUMECTANT Remede

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 348-349).
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HUMECTANT Remede, (Médec.) les remedes humectans sont ceux qui ont l’eau pour base, à laquelle on joint les ingrédiens propres à lui procurer quelque viscosité, & à l’empêcher de s’écouler trop promptement hors du corps ; telles sont les herbes émollientes, les substances farineuses, légumineuses ou savonneuses, réunies avec l’eau.

En effet, ce qu’on appelle humecter en Medecine, c’est remplir le corps humain de plus de liquide qu’il n’en a, & le disposer en même tems, de façon qu’il en retienne plus qu’il n’avoit coutume de faire auparavant ; l’eau qu’on boit, & qui ne séjourne point dans le corps, le lave, ou le relâche, si elle est chaude, sans l’humecter ; mais si l’on fait bouillir dans l’eau des choses farineuses, elle amollit, elle humecte, & fait que les solides résistent moins au liquide qui y afflue.

Il faut pourtant convenir que, par rapport aux fluides, la difficulté de l’humectation est plus grande qu’à l’égard des solides ; car le sang humain par l’action forte des vaisseaux sur les fluides, acquiert assez vîte un épaississement inflammatoire, & ne se mêle plus alors si facilement avec l’eau qui est introduite dans le corps.

L’on observe dans les maladies aiguës, que l’abondance d’eau que le malade boit, s’écoule aussitôt par les urines & par les sueurs, sans que les urines soient moins rouges & que les symptomes diminuent, parce que l’eau qui circule avec le sang dans les vaisseaux, s’en sépare promptement par tous les canaux excrétoires & sécrétoires : dans ce cas il faut diminuer l’inflammation par les remedes généraux, en même tems qu’on composera des boissons humectantes, par le secours des savons les plus doux, pour que ce mélange se fasse plus aisément avec le sang, & soit plus durable.

Les herbes potageres émollientes & acescentes, le suc des fruits d’été, le miel, le sucre, sont autant de savonneux qui conviennent ici, parce qu’ils divisent le sang trop porté à la concrétion ; ils conviennent encore, si le sang sans disposition inflammatoire, se trouve ténace & visqueux.

Enfin les Grecs faisoient un cas particulier du petit lait pour humecter & pour adoucir ; ils usoient aussi beaucoup dans ce dessein, de décoctions d’écrevisses de riviere : du tems d’Hippocrate elles étoient déja regardées comme très-propres à la cure du marasme, causé par le desséchement. On peut avec facilité donner un goût agréable à toutes les boissons, infusions & décoctions humectantes, lorsqu’elles rebutent par leur fadeur. (D. J.)