L’Encyclopédie/1re édition/HYDRAULIQUE

La bibliothèque libre.
Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 360-368).

HYDRAULIQUE, s. f. (Ordre encycl. Entend. Rais. Philosophie ou Science, Science de la nature, Mathématiques, Mathem. mixtes, Méchan. Hydrodynamique, Hydraulique.) partie de la méchanique qui considere le mouvement des fluides, & qui enseigne la conduite des eaux, & le moyen de les élever, tant pour les rendre jaillissantes, que pour d’autres usages.

Ce mot est dérivé du grec ὕδραυλος, eau sonnante, formé d’ὕδωρ, aqua, eau, & αὐλὸς, tibia, flûte ; la raison de cette étymologie est que l’hydraulique, chez les anciens, n’étoit autre chose que la science qui enseignoit à construire des jeux d’orgue, & que dans la premiere origine des orgues, où l’on n’avoit pas encore l’invention d’appliquer des soufflets, on se servoit d’une chute d’eau, pour y faire entrer le vent, & les faire sonner. Voyez Orgue.

L’hydraulique traite non seulement de la conduite & de l’élévation des eaux & des machines propres pour cet effet, mais encore des loix générales du mouvement des corps fluides. Voyez Mouvement. Cependant, depuis quelques années, les Mathématiciens ont donné le nom d’hydrodynamique à la science générale des mouvemens des fluides, & ont réservé le nom d’hydraulique pour celles qui regardent en particulier le mouvement des eaux, c’est-à-dire l’art de les conduire, de les élever, & de les ménager pour les différens besoins de la vie. On trouvera aux mots Fluide & Hydrodynamique, les lois du mouvement des fluides en général.

L’hydrostatique considere l’équilibre des fluides qui sont en repos : en détruisant l’équilibre, il en résulte un mouvement, & c’est-là que commence l’hydraulique.

L’hydraulique suppose donc la connoissance de l’hydrostatique, ce qui fait que plusieurs des auteurs ne les séparent point, & donnent indifféremment à ces deux sciences le nom d’hydraulique ou d’hydrostatique. Voyez Hydrostatique. Mais il est beaucoup mieux de distinguer ces deux sciences par les noms différens d’hydrostatique & d’hydraulique.

L’art d’élever les eaux & les différentes machines qui servent à cet usage, comme les siphons, les pompes, les seringues, les fontaines, les jets-d’eau, &c. sont décrits chacun en leur place. Voyez Siphon, Pompe, Seringue, Fontaine, Jet-d’eau, &c. Voyez aussi la suite de cet article, où l’on traite des machines hydrauliques.

Les principaux auteurs qui ont cultivé & perfectionné l’hydraulique sont ; Mariotte, dans son Traité du mouvement des eaux, & autres corps fluides : Guglielmini, dans sa Mensura aquarum fluentium, où il réduit les principes les plus compliqués de l’hydraulique en pratique, voyez Fluide : M. Newton, dans ses Phil. Nat. Prin. Mathemat. M. Varignon, dans les Mémoires de l’académie des Sciences : M. Daniel Bernoully, dans son traité intitulé Hydrodynamica, imprimé à Strasbourg en 1738 : M. Jean Bernoully, dans son Hydraulique, imprimée à la fin du recueil de ses œuvres, en 4 vol. in 4°. à Lausanne, 1743. J’ai aussi donné un ouvrage sur ce sujet, qui a pour titre Traité de l’équilibre & du mouvement des fluides. Voyez Hydrodynamique.

Hero d’Alexandrie est le premier qui ait traité des machines hydrauliques : ceux qui en ont écrit, parmi les modernes, sont entr’autres Salomon de Caux, dans un traité françois des machines, sur-tout des hydrauliques : Gasp. Schottus, dans sa Mechanica hydraulico-pneumatica : de Chales, dans son Mundus mathematicus : M. Belidor, dans son Architecture hydraulique. On peut voir l’extrait des différentes parties de ce dernier ouvrage, dans l’Histoire de l’académie des Sciences, pour les années 1737, 1750, 1753. (O)

Machines Hydrauliques. Les machines en général servent à augmenter les forces mouvantes, & les hydrauliques à élever les eaux par différens moyens. Elles sont également l’objet de la méchanique comme de l’hydraulique.

On y emploie pour moteur la force des hommes & des animaux ; mais lorsqu’on se sert des trois élémens de l’air, de l’eau & du feu, on peut s’assurer d’une plus grande quantité d’eau ; leur produit, qui est presque continuel, les fait préférer aux eaux naturelles, qui tarissent la plûpart en été & en automne : on les appelle alors des machines élémentaires.

Voici un choix des plus belles machines qui aient été construites jusqu’à présent ; elles pourront servir de modeles dans l’exécution qu’on en voudra faire ; on est sûr de la réussite des machines exécutées, qu’on peut consulter sur le lieu ; au lieu que le succès des autres seroit très-incertain.

Ces machines sont celles de Marly, la pompe Notre-Dame, la machine de Nymphimbourg en Baviere, les moulins à vent de Meudon, la pompe du réservoir de l’égoût, la machine à feu de Londres, la pompe de M. Dupuis, une pompe à bras, & une pour les incendies. Voyez, sur les machines suivantes, l’Architecture hydraulique, tome II. page 196 ; & l’Encyclopédie, pour la pompe à feu, à l’article Feu.

Suivant le privilége accordé aux Léxicographes, nous rapporterons ces machines, & souvent les descriptions des auteurs qui en ont parlé.

Architecture Hydraulique, tome II. page 196. La machine de Marly est ici représentée dans son plan, & dans le profil d’une de ses roues, qui sont au nombre de 14. « Cette roue, qui sert à porter l’eau depuis la riviere de Seine jusqu’à l’aqueduc, a un coursier fermé par une vanne comme à l’ordinaire : son mouvement produit deux effets ; le premier est de faire agir plusieurs pompes aspirantes & refoulantes, qui font monter l’eau, par cinq tuyaux, à 150 piés de hauteur, dans le premier puisard, éloigné de la riviere de 100 toises ; le second est de mettre en mouvement les balanciers, qui font agir des pompes refoulantes placées dans les deux puisards ; celles qui répondent au premier puisard, reprennent l’eau qui a été élevée à mi-côte, & la font monter par sept tuyaux dans le second puisard, élevé au-dessus du premier de 175 piés, éloigné de 324 toises de la riviere : delà, elle est reprise de nouveau par les pompes qui sont dans le second puisard, qui la refoulent, par six tuyaux de 8 pouces de diametre, sur la plateforme de la tour, élevée au-dessus du puisard supérieur de 177 piés, & de 502 piés au-dessus de la riviere, dont elle est éloignée de 614 toises ; de-là l’eau coule naturellement sur un aqueduc, de 330 toises de long, percé de 36 arcades, en suivant la pente qu’on lui a donnée jusqu’auprès de la grille du château de Marly, d’où elle descend dans les grands réservoirs, qui la distribuent aux jardins & bosquets ».

Planche I. des Mach. hydrauliques, fig. 1. On a formé sur le lit de la riviere un radier A, qu’on a rendu le plus solide qu’il a été possible, par des pilots & pal-planches, garnis de mâçonnerie, ainsi qu’on le pratique en pareil cas, & c’est ce qu’on remarque dans la 1re. 6e. & 7e. figures. A 14 piés au-dessus de ce radier, on a établi un plancher ou pont, qui sert à soutenir les pompes, & tout ce qui leur appartient, comme on en peut juger par la premiere figure, qui fait voir que l’arbre de la roue est accompagné de deux manivelles C & D ; à cette derniere répond une bielle E, à chaque tour de manivelle cette bielle fait faire un mouvement de vibration au varlet F (Planche II. fig. 6.) sur son essieu. A ce varlet est une autre bielle pendante G, qui est accrochée au balancier H, aux extrémités duquel sont deux poteaux pendans II, portans chacun 4 pistons, qui jouent dans autant de corps de pompes marqués au plan par le nombre KK. fig. 1. Pl. I.

Fig. 6. Pl. II. Quand la manivelle C & le varlet font monter la bielle G, les pistons qui répondent à la gauche du balancier aspirent l’eau par les tuyaux LL qui trempent dans la riviere, tandis que ceux de la gauche la refoulent pour la faire monter dans le tuyau MM, d’où elle passe dans le premier puisard ; & lorsque la manivelle tire à soi le varlet F, le balancier H s’inclinant d’un sens opposé au précédent, les pistons de la gauche refoulent & ceux de la droite aspirent, & continuent toûjours de faire la même chose alternativement.

Pour empêcher que l’air n’ait communication avec la capacité des corps de pompes, & que les cuirs qui sont aux pistons ne laissent point de vuide, on a ajouté à chaque équipage, indépendamment des huit pompes refoulantes, une pompe aspirante, appellée mere nourrice, afin d’entretenir toûjours de l’eau dans un bassin N, élevé à-peu-près à la hauteur du bord des corps de pompes ; ainsi il y a un des poteaux pendans I, qui porte un cinquieme piston.

La manivelle D (Pl. II. fig. 7.) donne le mouvement aux pompes du premier & du second puisard ; & pour juger comme cela se fait, il faut considérer la troisieme figure, relativement à la seconde, du sens qui leur convient ; on y verra que cette manivelle fait faire un mouvement de vibration au varlet O, par le moyen de la bielle P qui tire à soi, & pousse en avant l’extrémité Q. Ce varlet en fait agir deux autres, horisontalement placés au-dessous des nombres R & S, par le mouvement qui leur est communiqué de la part des bielles T & U, qui poussent ou qui tirent à elles le varlet supérieur ou inférieur, selon la situation de la manivelle.

Pl. I. fig. 1. L’on voit sur le plan comme le varlet X peut se mouvoir sur son axe Y, & qu’à l’extrémité Z il y a une chaîne I, qu’on doit regarder comme faisant partie de la chaîne 2 & 3 exprimée dans la 2. fig. Pl. I. de même le varlet R (fig. 7. Pl. II.), qu’on ne peut voir sur le plan, mais qui est tout semblable à l’inférieur, répond aussi à une chaîne qui fait partie de l’autre 4 & 5 ; ainsi ces deux chaînes sont tirées alternativement par les varlets R & S, pour faire agir les pompes des puisards, fig. 2. Pl. I. pour les entretenir, on les a soutenus avec les balanciers 6, posés de 18 piés en 18 piés ; ces balanciers sont traversés par un boulon, qui appuie sur le cours de lice 7, posé sur les chevalets 8.

La figure 2. Pl. I. est un profil qui peut être commun au premier & au second puisard, mais qui doit plûtôt appartenir au second qu’au premier, parce que les chaînes vont aboutir aux varlets 9 & 10, au lieu qu’elles traversent le premier, après y avoir mis en mouvement les pompes qui y sont.

Fig. 2. Pl. I. Lorsque la chaîne 4 & 5 tire à soi, de la droite à la gauche, le varlet 9, ce varlet enleve le chassis 11 suspendu à l’extrémité 12, ayant trois cadres 13, portans les pistons qui refoulent l’eau dans les corps de pompes 14 & 15. Quand cette chaîne cesse d’être tendue, & que l’inférieure 2 & 3 est tirée, alors le poids du chassis 11, celui des cadres & des pistons, fait baisser l’extrémité 12 du varlet 9, & l’eau monte dans les trois corps de pompes de cet équipage ; d’autre part, l’extrémité 16 du varlet 10 enleve le chassis 17, & les pistons que soutiennent les cadres 18, refoulent l’eau dans les trois corps de pompes de ce second équipage, qui sont unis comme les précédens aux tuyaux 14 & 15.

Tous ces corps de pompes, au nombre de 257, sont soutenus inébranlables, par des barres de fer qui les embrassent, comme on le peut voir au plan du puisard, fig. 5. Pl. I.

Fig. 3. Pl. I. On voit plus en grand l’intérieur d’une des pompes refoulantes du premier & du second puisard ; chaque corps de pompe 19, y est porté par des liens de fer 20 ; & d’autres 21, empêchent que ce corps de pompe ne soit enlevé par le piston dans le tems qu’il refoule : on voit aussi que la tige 22, qui porte le piston, est attachée à deux entretoises du chassis 23, que ce cadre & le piston haussent & baissent ensemble ; il y a deux clapets aux endroits 24, & des roulettes en 25, qui servent à soulager la manœuvre lorsqu’on veut ôter ou remettre un cadre ou chassis.

Fig. 4. Pl. I. Cette figure est l’intérieur d’une des pompes de la riviere ; c’est un tuyau de communication HGEFIL fondu d’une seule piece, dont l’un des bouts GH est uni par une bride avec un tuyau d’aspiration NO qui trempe dans l’eau, & où il y a un clapet P ; l’autre bout LMK, qui est fait en retour d’équerre, aboutit au tuyau montant MKS, qui porte l’eau sur la montagne, au premier puisard, en ouvrant son clapet R. Dans le milieu est une branche CDEF, liée par une bride avec le corps de pompe ABCD, dans lequel agit le piston Q, parfaitement cylindrique & massif, traversé par la tige TV suspendue à une bielle pendante qui lui donne le mouvement, & refoule l’eau dans le tuyau S en ouvrant le clapet R, & successivement se rend dans le lieu destiné.

Les pompes que la manivelle fait agir dans le premier & second puisard, élevent l’eau dans leurs baches, sans rien avoir de commun avec les équipages des autres roues, c’est-à-dire qu’au rez-de-chaussée des bâtimens des puisards il y a un bassin, qui en occupe presque toute la capacité, divisée par des cloisons pour former des baches, dans chacune desquelles il y a six corps de pompes renversées, qui ne font monter l’eau que quand on le juge nécessaire ; & s’il y a quelques réparations à faire aux équipages dont je viens de parler, on peut mettre leur bache à sec, & y faire descendre des ouvriers, sans interrompre l’action des autres pompes.

Description de la pompe de Nymphinbourg. « C’est encore l’Architecture hydraulique qui nous fournira les développemens d’une fort belle machine exécutée à Nymphinbourg, par M. le comte de Wahl, directeur des bâtimens de l’électeur de Baviere ; son objet est d’élever l’eau à 60 piés dans un réservoir, pour la faire jaillir dans le jardin électoral.

» L’eau du canal qui a 2 piés de profondeur, & 2 de vitesse par seconde, fait tourner une roue de 24 piés de diametre, dont l’arbre est accompagné de deux manivelles A (Planches d’Hydrauliq. fig. 1. 2. 4. Pl. I. & fig. 5. 6. Pl. II.) qui aboutissent à des tirans de fer B, répondans à des bras de levier D, qui font mouvoir deux treuils C, à chacun desquels sont attachés six balanciers E, que l’on distingue particulierement dans la fig. 2. & 4. Pl. I. portans les tiges F des pistons de douze corps de pompes G, partagés en quatre équipages ».

Fig. 1. 3. 4. Pl. I. & fig. 5. Pl. II. « Chacun de ces équipages est renfermé dans une bache IK, au fond de laquelle sont assis les corps de pompes, arrêtés avec des vis sur deux madriers H percés de trous, pour que l’eau du canal, qui vient se rendre dans les baches par des tuyaux de conduite R (fig. 6. Pl. II.), puisse s’introduire dans les corps de pompes ».

Fig. 3. 4. Pl. I. & fig. 5 & 6. Pl. II. Les trois branches L de chaque équipage se réunissent aux fourches O, qui aboutissent aux tuyaux montans P, qui conduisent l’eau au réservoir ; & pour que les pompes qui répondent à chacun de ces tuyaux soient solidement établies, on les a liées ensemble par des entre-toises N, aux extrémités desquelles il y a des bandes de fer qui embrassent les pompes, comme on en peut juger par la fig. 3. Pl. I. qui représente une de ces pompes avec sa branche, exprimée plus sensiblement que dans les autres.

Cette machine est fort simple, & bien entendue ; si les fourches qui n’ont que trois pouces de diametre étoient proportionnées aux corps de pompes qui en ont dix, le produit en seroit beaucoup plus considérable, mais c’est le défaut de presque toutes les pompes.

Description de la machine hydraulique appliquée au pont Notre-Dame à Paris. Cette machine représentée par les Planches XXXVI, XXXVII, XXXVIII & XXXIX de la Charpente, est composée de deux parties entierement semblables, qui sont placées chacune vis-à-vis du côté d’aval de deux arches contiguës de ce pont.

La Planche XXXVI est le plan général de la machine. La partie à droite est le plan au niveau de la grande roue ; & celle à gauche, le plan pris au-dessus du premier plancher.

Les lettres BBB indiquent les plans des trois piles qui soutiennent les arches, vis-à-vis desquelles la machine est placée.

L’espace qui est entre les piles & qui sert de coursier, est retréci par quatre pessieres AAAA, formées par deux cours de madriers, dont l’intérieur est rempli de pierres. Les madriers sont soutenus par une file de pieux recouverts par les chapeaux EE, &c. & les chapeaux sont liés les uns aux autres par des moises FF, &c.

Explication du plan au-dessous du plancher. La cage de chaque machine est composée de deux palées GGGG, formées par un certain nombre de longs pieux qui soutiennent le plancher. Ces pieux sont entrelacés par plusieurs cours de moises KK dont les inférieurs passent sur les tasseaux M, qui sont portés par les chapeaux qui couronnent les deux files de pieux LL, Pl. XXXVII, qui accompagnent les longs pieux GG, & les affermissent au fond de la riviere.

Entre les deux palées, que l’on vient de décrire, sont plantées deux files de pieux Ææ, Ææ, recouverts par un chapeau. La distance entre ces deux files est de 19 pieds, & c’est où la grande roue est placée. Ces pieux, aussi-bien que les pieux du rang intérieur L (dans le profil) supportent des madriers, qui forment un encaissement que l’on a rempli de pierres ; c’est entre ces deux massifs qui forment le coursier ou la noue, que la roue est placée.

Le chapeau Ææ est relié avec la palée GG par plusieurs liens ou moises FF, FF, qui portent quatre pieces de bois verticales cc cc cc cc, qui servent de guides au chassis qui porte la roue. Il y a encore deux autres pieces de bois verticales, placées en ÆÆ, qui soutiennent la face du bâtiment, & la grille qui est au devant de la machine du côté d’amont.

Le chassis qui porte la roue est composé de huit poutres CC, CC, CC, CC, dont quatre sont paralleles au courant, & les quatre autres perpendiculaires. Ces derniers embrassent par leurs extrêmites les quatre pieces de bois verticales (cc cc cc cc dans le plan, & CC CC dans l’élévation) ; ces pieces reçoivent les extrémités de celles qui sont paralleles au courant, sur le milieu desquelles posent les tourillons lb de l’axe de la grande roue. Les rencontres de ces huit poutres forment aux quatre coins du chassis quatre petits quarrés dddd, dans lesquels passent les aiguilles qui suspendent le chassis & la roue a une hauteur convenable, pour que les aubes soient entierement plongées dans l’eau.

La roue est composée de huit aubes YYY, de 3 piés de large, sur 18 piés de long, affermies par quatre cours de courbes XX de vingt piés de diametre. Cette roue porte un rouet i de 60 aluchons, qui engrene dans la lanterne k de 20 fuseaux, fixée sur un arbre vertical l, Pl. XXXVII. Ce même rouet conduit aussi une petite lanterne S, qui a pour axe une manivelle à tiers-point s, qui conduit les bascules qui font agir trois corps de pompes, ainsi qu’il sera dit ci-après.

A la face latérale de la premiere poutre qui forme le chassis, sur lequel est porté la roue, & du côté d’amont, sont fixés trois rouleaux servant à faciliter le mouvement de la vanne d, qui ferme le coursier pour modérer la vîtesse du courant, en faisant que les aubes soient frappées par une plus grande ou une moindre partie de leurs surfaces.

Explication du plan au premier étage qui repond à la seconde roue. dddd, extrémités supérieures des quatre aiguilles qui suspendent le chassis sur lequel la roue est portée ; ff, manivelles ou croisées des crics avec lesquels on éleve le chassis & la roue ; gg les prisons qui embrassent les aiguilles ; hh, les clefs qui traversent les aiguilles, & reposent sur les prisons ou sur les semelles des crics, ainsi qu’il sera expliqué ci-après. dd, extrêmités supérieures de l’aiguille de la vanne, & les deux crics qui servent à l’élever. l, extrêmité supérieure de l’arbre vertical de la lanterne K, lequel traverse le moyeu du rouet horisontal m, garni de quarante aluchons. Ce rouet conduit la lanterne n de 20 fuseaux, & l’arbre o de cette lanterne terminé par une manivelle à tiers-point pqp, fait agir trois corps de pompes, semblables à ceux cottés r dans l’autre moitié du plan : ce sont là toutes les pieces essentielles de l’équipage que l’on appelle du grand mouvement.

L’équipage que l’on nomme du petit mouvement est composé de la lanterne S, dont l’axe formé en manivelle à tiers-point tire des chaînes qui répondent aux extrémités T des bascules TXV, qui par d’autres chaînes font agir trois corps de pompes semblables à ceux cottés y dans l’autre moitié du plan ; ainsi ces corps de pompes, pour les quatre mouvemens, sont au nombre de 12, six pour chaque roue.

Explication de la Pl. XXXVII qui représente l’élévation géométrale de tout le bâtiment des deux machines vûes du côté d’amont. La machine cottée AA est vûe au-dessus de la grille ou brise-glace ZZ ; on a supprimé la clôture antérieure du premier étage pour laisser voir l’intérieur. On a aussi supprimé les bascules du petit mouvement pour mieux laisser voir le rouet m du grand mouvement. LLLL, pieux qui accompagnent les palées GG. HIK, moises qui assemblent & relient tous les pieux G. N, chapeau de la palée sur lequel reposent les corbeaux O ou NR, soutenus par des liens sur lesquels posent les poutres RR qui forment le plancher. ff &c. crics qui servent à élever les aiguilles dd, par lesquels le chassis est suspendu. gg, les prisons. aa, les prisons de l’aiguille de la vanne d. cc cc, deux des quatre montans qui servent de guides aux chassis. YYY, les aubes de la roue. XXX, les courbes qui les assemblent. k, lanterne du grand mouvement. m, le rouet. n, lanterne. o, arbre terminé en manivelle q, portée par un bâti de charpente pp. qr, les chaînes & chassis des pompes. r, la bache où l’eau du puisart T est conduite par les pompes aspirantes rX, & de-là portée par les pompes foulantes dans la cuvette de distribution ADAD, placée au haut d’une tour de charpente à 81 pieds au dessus du niveau de la riviere.

La machine cottée BB est représentée en coupe-On suppose la grille abattue aussi-bien que la clôture antérieure de l’étage au dessus du plancher, pour laisser voir l’équipage du petit mouvement. i, le rouet de la grande roue a aubes. S, lanterne de 15 fuseaux. f, la manivelle en tiers-point. fT, les trois chaînes qui répondent aux bascules TXV, dont le point d’appui est en X. V y, les trois chaînes & les trois chassis des pompes du petit mouvement. y, la bache qui reçoit l’eau par les pompes aspirantes yZ, qui descendent au fond du puisart T ; la même eau est renvoyée par les pompes foulantes dans la cuvette de distribution placée au haut du bâtiment.

Explication de la Planche XXXVIII. Cette planche est la coupe de l’un des deux pavillons de la machine par la longueur du coursier. On y voit distinctement comment la palée est construite, comment les pieux GG qui la composent sont entretenus & lies les uns aux autres par les moises horisontales KKII, par les moises obliques HH, & par le chapeau NN sur lequel porte le plancher RR. ZZZ, profil de la grille placée du côté d’amont. a, tourillon de l’axe de la grande roue. b, le pallier sur lequel le tourillon repose. XX, autre pallier qui porte la crapaudine de l’arbre vertical l du grand mou vement. i, rouet de la grande roue. YY, les aubes. k, lanterne du grand mouvement. m, rouet du grand mouvement. fVX, chaînes du petit mouvement. dd, aiguilles par lesquelles on eleve le chassis CC qui porte la roue. ff, les crics. ge, les prisons qui embrassent les aiguilles.

Après avoir décrit la machine dont il s’agit, il reste à expliquer quelques-unes de ses parties qui n’ont pas pu être représentées distinctement dans les Planches précédentes, à cause de la petitesse de l’échelle, & qui sont représentées plus en grand Pl. XXXIX. La figure premiere est le plan plus en grand de la cuvette de distribution placée au haut du donjon, & la figure 2 en est le profil. Au dessus du puisart y22y est cette cuvette qui a la forme d’un fer à cheval, divisée en plusieurs séparations. yr, yr, tuyaux montans des quatre équipages, qui dégorgent l’eau dans la cuvette. 2 2, tuyaux montans des deux équipages de relais. t, languette de calme qui ne touche point au fond de la cuvette. u languette de jauge percée d’un nombre de trous circulaires, d’un pouce de diametre, servant à estimer le produit de la machine. x, bassinets percés de même dans leur circonférence de trous circulaires, pour jauger l’eau que l’on distribue aux différens quartiers. ssss, tuyaux descendans, qui reçoivent l’eau de la cuvette & la portent aux fontaines. Fig. 3, coupe longitudinale de l’une des baches & des six corps de pompes qui y sont adaptées. ABC, les pompes foulantes dont les chapiteaux se réunissent à un seul tuyau D, qui se raccorde avec la conduite qui porte l’eau à la cuvette de distribution. abc, les trois pompes aspirantes dont les tuyaux descendans XZ, vont chercher l’eau au fond du puisart T. Pl. XXXVII. Tous les pistons, les pompes aspirantes & la pompe foulante C, sont à clapets, les deux autres pompes foulantes AB sont à coquille.

Fig. 4, coupe transversale de la même basche & des deux corps de pompes foulantes & aspirantes. On y voit comment le chassis qui porte le piston de la pompe foulante, & qui tire celui de la pompe aspirante, est assemblé & raccordé avec la chaîne verticale par laquelle il est tiré.

Fig. 5, élévation extérieure des trois corps de pompes foulantes, & du chapiteau commun qui les assemble.

Fig. 6, coupe du cric qui sert à élever les aiguilles.

Fig. 7, élévation du cric du côté de la manivelle.

Fig. 8, élévation des deux crics qui posent sur le plancher, & servent à élever les aiguilles du chassis & celle de la vanne. (D)

Le moulin à vent de Meudon. Ce moulin est situé vis-à-vis d’un pareil dans le parc du château de Meudon, près la ferme de Vilbon ; il est monté sur un bâtiment rond & terminé en forme de glaciere AA, autour duquel est la balustrade de bois BB, pour pouvoir tourner tout-au-tour & monter sur l’échelle tournante LL, qui conduit à la lanterne & au rouet qu’il est besoin de graisser de tems-en-tems. Le haut de la machine est un bâti de charpente composé d’entretoises & de moises qui entretiennent en deux endroits CC, DD, l’arbre immobile EE du moulin, qui est un cylindre creux, composé de quatre pieces assemblées par des frettes de fer par où passe une grosse tringle de fer qui communique aux mouvemens d’en-bas, & sert d’axe à la lanterne horisontale F, dont les fuseaux reçoivent les dents d’un rouet vertical G, attaché au cylindre HH, qui sert d’axe aux quatre volans ou aîles du moulin III. Tout ce bâti de charpente, l’échelle, le cylindre, les aîles, que d’autres appellent girouettes, tournent par le moyen du gouvernail N, que le vent fait aller ; & quand on veut arrêter le moulin, il y a un frein ou cerceau attaché sur le rouet qui le serre ou le laisse libre par le moyen d’une bascule OO, qui tire ou serre le bout du frein par une chaînette de fer MM. On voit dans le bas une citerne PP, pleine d’eau, où vient aboutir le bout de la tringle, partie en fer & le reste en bois QQ, qui tourne sur une matrice de cuivre servant d’œil, au-travers de laquelle passe la tige de la manivelle R, fortement assemblée dans la tringle de bois QQ : cette manivelle R est coudée, tirant les chevalets SS attachés sur des tourillons TT, lesquels en haussant & baissant, font lever les chassis & les tringles de quatre corps de pompes foulantes VVVV, qui trempent dans l’eau du puisart P, & font monter l’eau dans quatre tuyaux de plomb XXXX, dont on ne voit ici que le bout du quatrieme tuyau où est un pareil corps de pompe ; le tout se raccorde au gros tuyau de fer de six pouces de diametre YY, qui va se rendre dans un reservoir qui par d’autres tuyaux, fournit les fontaines du parc.

Il faut entendre que les volans ou aîles du moulin sont chargées de toile pour prendre tout le vent possible, & faire en sorte en les tendant plus ou moins que l’axe où sont attachées les aîles, soit précisément dans la direction du vent, en sorte qu’elles ne soient point perpendiculaires à cet axe, mais un peu obliques formant un angle aigu.

La pompe du reservoir de l’égoût mûe par quatre chevaux. Le reservoir de l’égoût situé au bas du boulevart, a été fait pour jetter l’eau avec impétuosité dans les principaux égoûts de la ville de Paris, & les nettoyer.

Cette piece d’eau a 35 toises de long, sur 17 & demie de large, & a 7 piés 8 pouces de profondeur ; ce qui produit 21121 muids 72 pintes d’eau mesure de Paris. Ce reservoir est fourni continuellement par 8 à 9 pouces d’eau venant de Belle-ville, & par deux équipages de pompes aspirantes à 6 corps de pompes mûes par deux chevaux chacune, & l’eau qui vient à fleur du reservoir, y forme une nape de 66 pouces.

Cette pompe est pratiquée dans un grand bâtiment en face du reservoir, formant deux maneges couverts AA, avec une citerne au milieu BB, de forme ovale ; elle est remplie de 6 tuyaux aspirans CCCCCC, soûtenus par des traverses & entretoises DD, communiquans à 6 corps de pompes EE, qui jettent l’eau dans une bache F, qui fournit la rigole du milieu, d’où se forme une belle nape à la tête de la piece d’eau. Les 6 tringles des aspirans GG, sont attachées par des moufles trois par trois à une manivelle HH à tiers-point, dont l’axe s’enfonce dans un cylindre horisontal II, terminé par une lanterne verticale KK, dont les fuseaux reçoivent les dents d’un rouet horisontal LL, attaché par des liens à un arbre perpendiculaire MM, tournant sur un pivot NN à chaque extrémité, & mû par un train à deux chevaux chacun.

Rien n’est si simple que cette machine, & elle fournit environ 3 muids par minute. Si on fait le calcul suivant la nape de 66 pouces qui tombe continuellement dans le reservoir, ce sont 66 pouces à multiplier par 13 pintes & demie, valeur du pouce d’eau par minute ; ce qui fait 891 pintes qui font 3 muids & 27 pintes par minute pour les 6 corps de pompes : cela fait par heure en abandonnant pour les frottemens les 27 pintes, 180 muids d’eau, & par jour 4320 muids d’eau.

La pompe à feu. Cette machine, quoiqu’extrèmement compliquée, est admirable par la quantité d’eau qu’elle fournit ; je l’ai vû placée a Londres aux bords de la Tamise en 1728 ; on l’avoit détruite depuis, mais elle vient d’être rétablie & simplifiée par le retranchement de plusieurs pieces ; on dit même qu’elle coûte moins d’entretien pour le charbon & pour les hommes qui servent à la gouverner.

C’est une pompe placée dans un bâtiment où l’on a construit un fourneau, au-dessus duquel est une grande bouilloire de cuivre, sphérique par en-haut, bien fermée & entourée d’une petite galerie extérieure, régnant tout autour, & laissant circuler la fumée du fourneau qui entretient la chaleur de l’eau bouillante dont la bouilloire est pleine aux trois quarts.

Le cylindre de la pompe est de cuivre, & d’un diametre à discrétion. Il est garni de son piston. Le piston descend & s’éleve dans le cylindre. Ce n’est qu’une plaque de cuivre roulée & bordée de cuir. Il en est plus léger, & la vapeur le chasse d’autant plus facilement.

Il y a une chaîne de fer, dont l’anneau est accroché à la tige du piston, & tient à la courbe d’un balancier, dont l’axe tourne sur un tourillon, dont les parties portent sur un des pignons du bâtiment.

Un bout de tuyau transmet la vapeur de la bouilloire dans le cylindre, & la partie de la machine qu’on appelle régulateur, ouvre & ferme en-dedans & au haut de l’alembic l’extrémité du tuyau de vapeurs.

C’est un fleau ou une coulisse de bois attachée à une petite courbe concentrique à la courbe du balancier auquel elle est fixée, qui se haussant par ce moyen & se baissant, donne le jeu au régulateur & au robinet d’injection, en retenant par des chevilles fixées dans plusieurs trous faits dans son épaisseur, les axes recourbés & communiquans au robinet & au régulateur, dont on rend l’effet plus ou moins prompt, en haussant ou baissant ces chevilles.

Le tuyau de l’injecteur descendant du réservoir au-dessus, & se coudant pour entrer dans le cylindre, y jette environ neuf à dix pintes d’eau froide à chaque injection par un robinet qui s’ouvre & se ferme continuellement au moyen des chevilles fixées le long de la coulisse.

Il y a un petit tuyau qui sort de l’injecteur, & qui a un robinet toûjours ouvert. Il jette de l’eau prise dans le réservoir au-dessus, en couvre le piston de cinq à six pouces. C’est ainsi que l’entrée est fermée à l’air, & le cuir du piston humecté.

On appelle robinets d’épreuve ceux de deux tuyaux dont le plus court atteint seulement à la surface de l’eau de la bouilloire, & l’autre va jusqu’au fond. Ils indiquent l’un & l’autre l’excès ou le défaut de la quantité d’eau ou de vapeurs conservées dans l’alembilique ou la bouilloire.

Un tuyau communiquant à la capacité du cylindre, laisse écouler l’eau injectée, & la renvoie à la bouilloire. Un autre tuyau attaché au cylindre, donne issue à l’eau qui déborderoit, lorsque le piston est relevé. On y pratique un robinet qui jette l’eau sur la soupape du tuyau qui laisse sortir & l’air du cylindre, & celui qui est amené par l’eau froide injectée.

Une valvule ou soupape couverte de plomb, laisse évacuer la vapeur de la bouilloire, quand elle a trop de force. Au-dessous du piston, il y a un tuyau de décharge du cylindre, & au haut du bâtiment un tuyau de décharge du réservoir.

Deux autres courbes placées à l’autre extrémité du levier font aller une pompe renversée qui fournit un petit réservoir, & des pompes aspirantes posées dans un puits d’où l’eau est portée dans un grand réservoir.

C’est par une cheminée que sort le trop de fumée de la bouilloire.

L’eau portée dans le petit réservoir, fournit la machine. L’eau portée dans le grand réservoir sert à tel usage que l’on veut. C’est elle qui mesure le vrai produit de la machine.

Il est inutile d’entrer ici dans un plus long détail sur le principe d’action, sur l’utilité des parties, & sur l’effet de cette pompe, dont nous avons parlé fort au long à l’article Feu. Voyez cet article, & nos Planches de Machines hydrauliques.

La pompe que nous y avons décrite n’est pas tout-à-fait la même que celle-ci, mais ce sont ces petites différences qui nous ont déterminé à revenir ici sur cette machine.

Nouvelle machine de M. Dupuis. C’est avec grand plaisir que nous saisissons l’occasion de rendre justice au mérite & aux talens de feu M. Dupuis, maître des requêtes. Après avoir rempli dignement plusieurs charges considérables, il fut nommé intendant du Canada en 1725. Il s’appliqua, à son retour, aux méchaniques, science qu’il avoit aimé de tout tems. Son cabinet étoit rempli de toutes les productions de son génie ; enfin il inventa la machine suivante, qui fut approuvée de l’académie royale des Sciences, & fut exécutée en plusieurs endroits, & notamment cinq de ces machines ont été exécutées par l’ordre de M. de Maurepas pour les travaux du Roi à Saint-Domingue.

Madame Dupuis sa veuve, qui demeure à Paris, rue Chapon, a obtenu du roi un privilége exclusif de cette belle machine, & pourroit céder ses droits à ceux qui voudroient en faire tout l’usage qu’elle mérite.

Cette machine dans son intérieur est composée de deux coffres de bois posés l’un au-dessus de l’autre, & se garnissent en dedans de plaques de cuivre de trois côtés, excepté celui où est attachée la plate-forme, qui est garni de cuir, avec une rainure de son épaisseur pour éviter le trop de frottement ; le coffre, où sont les mouvemens, est séparé en dedans par une cloison ; ces deux coffres sont dans l’eau dont la superficie est comprimée par l’air extérieur. La premiere figure montre l’intérieur des deux coffres A & B. La plate-forme mouvante CC, garnie de fer, est inclinée dans la caisse, tenant par un bout à un boulon de fer attaché à la caisse en forme de charniere, & de l’autre taillé en portion de cercle, montant & agissant sur une autre portion de cercle D, suivant lequel est taillé un des parois du coffre garni de cuir fort ou de bourre pour empêcher l’eau de descendre. Cette plate-forme est percée de deux ouvertures garnies des clapets EF, qui donnent passage à l’eau dans le jeu de la plateforme que fait agir une tringle de fer IK, inclinée par le moyen de deux moufles ou d’un chassis à deux branches, & qui se raccorde à un des bouts de ladite plate-forme, & va se rendre à la manivelle & au moteur.

Par ce mouvement l’eau qui entoure les deux coffres, & qui y entre continuellement, étant comprimée par l’air extérieur ou l’atmosphère, fait lever les deux clapets E & F de la plate-forme mouvante, & forcent à se lever les deux autres clapets G & H correspondans & placés sur le dessus de la caisse, au moyen de quoi l’eau passe dans une espece de hotte de cheminée, pour se communiquer dans le tuyau montant L, qui porte l’eau dans le réservoir ou lieu destiné.

Fig. 2. On peut établir cette pompe pour l’épuisement des eaux dans une mine, ainsi qu’elle a été exécutée à Pompéan, près de la ville de Rennes. L’eau est premierement attirée par une pompe aspirante à la hauteur de vingt-quatre piés dans une bache ou coffre de bois, & est reprise par une ou plusieurs pompes successivement jusqu’en-haut. Le mouvement est une tringle de bois qui fait agir tous les coffres par le moyen de deux bielles & d’une tringle de fer coudée qui y est attachée, & qui se rend par-dessous dans le coffre où est la plate-forme ; en-haut c’est un rouet & une lanterne que font mouvoir deux chevaux attelés dans un manege.

On ne fait monter l’eau qu’à vingt-quatre piés & à plusieurs reprises, que pour soulager la colonne d’eau ou tuyau montant ; car on pourroit élever l’eau tout d’un coup à deux cent piés par une pompe foulante ; le minéral est monté à bras dans des sceaux par le moyen d’un treuil.

Fig. 3. Cette machine peut être mûe par la force de l’eau, savoir par le courant d’une riviere, ou faisant tomber la chûte d’un ruisseau sur les aubes de la roue qui feroit agir une manivelle coudée où seroient attachées les deux tringles de fer qui correspondent aux coffres posés dans le bas de l’eau.

Un moulin à vent peut aussi faire agir de la même maniere cette machine, en mettant la manivelle dans le haut, & correspondante à l’axe des deux aîles, alors la tringle passe à-travers un arbre creusé, tourne de tous sens, & vient se communiquer à un balancier que levent les tringles qui vont faire agir les plate-formes des coffres, qui sont posés au bas de la citerne.

Fig. 4. On voit de face le chassis de fer, qui est attaché au bout de la tringle de fer, pour donner le mouvement à la plate-forme CC ; au bas du chassis se voit la patte-de-chat BB qui est chevillée sur la plate-forme pour la faire mouvoir.

On trouvera ici l’application de la même machine à une pompe à cheval, dont on voit (fig. 5.) le manege A, le rouet B portant sur son pivot C, la lanterne D, la manivelle E qui fait lever & baisser les trois tringles FFF garnies de leur chassis ou portes qui donnent le mouvement aux plate-formes des coffres placés au fond d’un puits, & font élever l’eau par les trois cheminées GGG qui se raccordent par une fourche au tuyau H, qui porte l’eau au réservoir.

Il est bon de remarquer que quand la manivelle est simple, il n’y a qu’une plate-forme dans le coffre ; lorsqu’elle est coudée ou à tiers-point, il y a une ou deux séparations dans le coffre pour y loger deux ou trois plate-formes, ce qui ne change rien à la méchanique de cette machine, ce qui revient aux trois corps de pompe ordinaires. La tringle est simple pour une plate-forme ; quand il y en a deux, la tringle se termine en-bas par une patte à deux branches, qui prend sur la plate-forme.

Fig. 6. Cette machine est encore d’une grande utilité, quand on veut dessécher un marais, ou vuider une piece d’eau, en l’établissant sur un des bords & par des bascules menées par deux ou quatre hommes qui se succéderont, sans discontinuité, d’heure en heure ; on fera mouvoir deux tringles qui feront agir deux plate-formes dans un coffre, d’où l’eau passant par les deux cheminées, sera portée par une fourche dans le tuyau montant, pour se vuider dans une auge de bois & se perdre où l’on jugera à propos, toûjours un peu loin de la piece, afin que l’eau en filtrant à-travers les terres, n’y puisse revenir. C’est ainsi que les Bénédictins ont vuidé, au village de Cachans près Paris, une grande piece d’eau de près de trois arpens d’étendue, & de cinq piés de profondeur, en dix jours de tems.

C’est sur le pié de 6000 muids en vingt-quatre heures, & 60000 en tout pendant les dix jours, avec quatre hommes qui se relevoient d’heure en heure, & quatre hommes frais pour la nuit.

Fig. 7. Le moindre effet que peut faire cette machine est d’être employé à faire jouer une pompe à bras, placée dans un puits pour l’usage d’un petit jardin ou d’une maison ; on mettra au bas du puits un coffre séparé en deux par une cloison, pour y loger deux plate-formes qui feront monter l’eau dans deux hottes, ou par une fourche elle se joindra au tuyau montant, d’où l’eau tombera dans une auge de pierre ou de plomb à l’usage de la maison ; les deux tringles correspondantes aux deux plate-formes seront mûes par une manivelle à bras, dont le mouvement sera vertical par le moyen d’un tourillon ; en haussant une pendant que l’autre descendra sans aucune interruption, elles jetteront de l’eau dans l’auge de pierre.

L’avantage de cette machine est de n’avoir point de pistons ni de corps de pompe, & d’avoir peu de frottement, de s’user moins qu’une autre, d’être de peu d’entretien, de coûter moins dans l’exécution, qui ne passe pas ordinairement, étant simple, la somme de douze cent livres ; de pouvoir servir aux mines, aux desséchemens des marais & fossés ; de se loger dans les puits & par-tout, sans échafaudage & sans grande préparation ; d’être mise en mouvement par des hommes, des chevaux, par l’eau & par le vent, & avec tout cela d’amener dans le même espace de tems le double de l’eau que peut fournir la meilleure machine qui ait été éxécutée jusqu’à présent. La raison en est fort simple : le coffre, où est renfermée la plate-forme mouvante, a ordinairement deux piés & demi de long sur neuf pouces de large, & un pié environ de haut, & par sa capacité & étendue a plus de jeu, contient plus d’eau, & l’agite plus violemment qu’un corps de pompe d’un pié de diametre, avec un piston qui lui soit proportionné ; ainsi la pompe à cheval du pont-aux-choux fournit, avec les deux maneges à quatre chevaux tirant ensemble, & les six corps de pompes aspirantes, environ deux muids par minutes ; celle de M. Dupuis fournit, sans manege, mue par quatre hommes, quatre muids & quatre cinquiemes par minute, à seize piés de haut, suivant le rapport de MM. de l’académie des Sciences.

Si elle étoit exécutée en grand avec une manivelle à tiers-point, une plate-forme percée de trois clapets, qu’elle fût mûe par un seul cheval dans un manege avec un train, un rouet & une lanterne, ce qui augmente beaucoup la force du moteur, elle fourniroit huit-muids au moins par minute, le reste du produit abandonné pour les frottemens, ce qui feroit par jour 11520 muids.

Pompe à bras. La pompe à bras A (figure premiere) est composée d’un tuyau de plomb B B de deux pouces de diametre, ayant son extrémité C coudée & portée sur un socle de bois D ; ce bout coudé doit être percé de plusieurs trous, & tremper dans l’eau du puits E, & ce tuyau doit aboutir à un plus large d’environ cinq pouces de diametre, servant de corps de pompe fait en entonnoir pour se raccorder avec le tuyau aspirant B B, & pour servir à loger à force le petit barillet F couvert d’une soupape ou clapet G, & garni de filasse pour empêcher l’eau de descendre ; le piston H est garni de cuir par en-haut avec son clapet I, & attaché à une anse de fer K, suspendue à une verge de fer L, attachée à la bascule M, composée d’un levier & d’une poignée N, soutenue par un étrier de fer O, attaché à la cuvette par deux liens de fer avec un œil & un boulon de fer, où tournent les deux bras du levier M & N. L’eau tombe par une gargouille P, où est un masque dans une cuvette de pierre Q.

Fig. 2. La même machine A est répétée de profil ; les figures marquées RS fig. 3. sont deux outils de fer qui servent dans le tuyau à asseoir ou à retirer le barillet F que les ouvriers appellent le secret.

Les figures 4 & 5 offrent en profil & en coupe la pompe de bois T & V fig. 4 & 5. des plus simples dont on se serve ; on la nomme hollandoise, étant très en usage dans ces pays ; on l’emploie dans les vaisseaux, dans les jardins, & il n’y a pas une maison en Hollande qui n’en ait plusieurs ; c’est un tuyau d’aulne ou d’orme creusé, au bas duquel, à la distance de six à sept pouces, est un clapet X (fig. 5.) au dessous duquel on perce plusieurs trous qui trempent dans l’eau ; il y a une tringle de bois Y, dont un bout est attaché à l’anse Z d’un piston avec son clapet ; l’autre bout tient à la bascule de bois aa attachée au tuyau par un étrier de bois en fourchette avec un boulon, &c. L’eau tombe par une gargouille b dans une auge de pierre ou autre endroit destiné.

Le moteur ou la puissance appliquée à la poignée N. fig. 1. ou au bout du levier, &c. fait jouer le levier M & N, dont le bras ON est de trente pouces, & l’autre OM n’a que cinq pouces ; ainsi on voit que la puissance est la sixieme partie du poids, ou comme 1 est à 6.

La pompe pour les incendies. Cette pompe A est pareille à celle que l’on trouve dans les Pays Bas ; on en voit ici la coupe A, figure premiere & le plan B, figure 2. Ce plan est quarré & est composé d’un bac partagé en trois parties par deux cloisons CC percées en D de plusieurs trous, pour que l’eau versée dans les réservoirs CC parvienne pure au retranchement du milieu D, fig. 2. par le moyen du jeu des deux pompes foulantes EE qui sont à ses côtés, dont l’eau se communique par les deux passages F & G qui s’ouvrent & se ferment alternativement par des clapets ; l’eau venant plus fortement par les deux pistons, surmonte le trou H, & se réunit vers le sommet du récipient où l’air se trouve de plus en plus condensé ; l’eau est refoulée sans interruption, & lancée continuellement avec une vîtesse qui est presque toûjours la même.

Fig. 3. La figure 3 expose un boyau de cuir LM qui s’ajuste avec une boëte de cuivre au trou H, & l’eau y est refoulée pour être dirigée avec vîtesse par un ajutage N dans les endroits embrasés.

Fg. 4. On voit dans la quatrieme figure l’élévation de la même pompe composée d’une caisse de cuivre rouge, de trois piés de large, sur deux piés & demi de haut, surmontée d’un chapiteau arrêté par des vis, portant l’axe d’un balancier dont les extrémités sont faites en fourches, afin de pouvoir y enfiler une poignée assez longue pour que cinq ou six personnes puissent agir de front ; il y a une ouverture O saillante de quelques pouces en forme de tuyau, pour y loger le bout H du tuyau de cuir qui porte l’eau à sa destination. (K)

Hydraulique, (Chimie.) c’est le nom que M. le comte de la Garaye donne à l’art d’extraire toutes les parties efficaces des mixtes, sans feu, & par le moyen d’un dissolvant général, commun, simple, doux & homogene, savoir l’eau pure.

L’unique moyen de cette nouvelle chimie, pour la qualifier comme son inventeur, est l’infusion ordinairement aidée d’agitation des matieres, qu’il appelle peu exactement trituration.

Il place les corps dont il se propose d’extraire les principes efficaces dans des pots de verre, de fayence, ou de bonne terre cuite & non-vernissée, élevés de bord, dont le ventre est renflé & l’ouverture assez étroite ; il verse sur ces corps une quantité d’eau froide ou tiéde, déterminée d’une façon assez vague, mais très-considérable par proportion à la quantité de matiere employée, vingt-quatre livres d’eau, par exemple, pour demi-livre de quinquina ; les matieres & le dissolvant remplissent le pot environ aux deux tiers. On introduit dans ce pot un moussoir qui porte à sa partie supérieure une petite poulie ou crenelure circulaire, dans laquelle s’ajuste une corde appliquée d’autre part à une grande roue horisontale à rainures, comme celle du lapidaire, bien fixée sur son axe, qui, en tournant, fait mouvoir rapidement le moussoir par le même méchanisme que celui de la roue du cordier. Le moussoir doit parvenir jusqu’à un pouce près du fond du vaisseau. On ferme le vaisseau ou avec un couvercle brisé dans lequel il y a un trou pour passer le moussoir, ou avec des vessies mouillées pour empêcher que la mousse qui s’éleve pendant l’opération ne se répande, & qu’il ne tombe des ordures dans le vaisseau. Tout étant ainsi disposé, on triture, ou on fait jouer le moussoir pendant plus ou moins de tems, selon le tissu des matieres, & selon qu’on se propose d’obtenir seulement le principe le plus soluble, ou au contraire d’épuiser la matiere ; car on peut par cette trituration épuiser certaines matieres, du-moins jusqu’à les rendre insipides. M. le C. D. L. G. emploie communément depuis six jusqu’à vingt-quatre heures ; il filtre son infusion à-travers des toiles claires & de grosses étoffes de laine, on la laisse éclaircir par le repos pendant une nuit en été, & pendant vingt-quatre heures en hiver ; il la fait évaporer ensuite sur des assiettes de fayence à la chaleur du soleil, ou à celle du bain de vapeurs : il rejette comme inutile un sédiment qui se précipite lorsque la liqueur est évaporée à peu-près à moitié ; la liqueur décantée & évaporée sur une autre assiette, donne le produit le plus parfait.

M. le C. D. L. G. traite par ce procédé les végétaux, les animaux & les minéraux.

Les prétentions de certains chimistes sur les sels métalliques sont trop justement contestées, pour que celles de M. de la Garaye sur les produits retirés de ces substances par sa méthode, ne restent encore au moins au rang des problemes chimiques, & ne méritent un examen ultérieur de la part des maîtres de l’art. La trituration des substances minérales salines en opere bien réellement la dissolution parfaite, mais il ne faut pas tant de mystere pour dissoudre le vitriol ou l’alun par exemple. La crême de tartre & le verre d’antimoine, long-tems triturés ensemble & à grande eau, doivent se combiner en partie sous la forme de tartre stibié, mais c’est un moyen très long & très-inutile de composer ce remede ; la longue trituration du soufre peut être un moyen d’obtenir des connoissances nouvelles sur ce corps devenu si intéressant, par la théorie simple & lumineuse que Stahl a donné de sa mixtion. Mais certainement rien n’est moins démontré par les expériences de M. le C. D. L. G. que son sel de soufre.

La trituration avec l’eau n’extrait des viperes & de la corne de cerf, que M. le C. D. L. G. a donnés seuls pour exemple, qu’une subsistance gélatineuse qui, dessechée sur les assiettes, approche de l’état de colle, ou des tablettes de viande ou de bouillon, voyez Aliment, & qui ne fournissant aucune des commodités de cette derniere préparation, n’est qu’un présent très-inutile de la trituration ; & certainement plus improprement encore qualifié du titre de sel que les extraits métalliques.

Mais les produits de la trituration exécutée sur les minéraux & sur les animaux, sont à peine connus ; les expériences de M. le C. D. L. G. n’ont pas même été répétées, du-moins dans la vûe de les employer à la préparation de nouveaux remedes. On a regardé avec raison cette partie des travaux de l’auteur comme dûe à l’opinion qu’il a conçue de l’universalité de sa méthode, de son dissolvant, de sa nouvelle chimie. Les manœuvres les plus particulieres nées hors du sein des arts, ou renouvellées, ou appliquées à quelque usage nouveau, paroissent toûjours à des auteurs sans principes devoir changer la face de l’art auquel elles tiennent, devoir suppléer à toutes les anciennes ressources, en un mot, créer un art nouveau. Les sels essentiels de la Garaye, qui ont été distribués dans le public & qui sont au nombre des médicamens des nouvelles pharmacopées, sont retirés des végétaux. Pour peu qu’on soit versé dans les connoissances chimiques, on s’appercevra sur le champ que ces prétendus sels essentiels ne sont précisément & à la lettre que des extraits. C’est ainsi que les qualifie avec raison M. Geoffroy le cadet, dans un Mémoire qu’il a composé sur ce sujet, qui se trouve parmi ceux de l’académie, de ces dernieres années, & à la fin de la chimie hydraulique, imprimée à Paris chez Coignard 1745. Le résumé du jugement de M. Geoffroy sur cette préparation pharmaceutique, qu’il donne lui-même à la fin de son mémoire est celui-ci : « Le sel essentiel, préparé selon la méthode de M. le comte de la Garaye, n’est point un sel essentiel, mais un extrait sec & bien fait, & on peut avoir par infusion…… des extraits aussi sûrs & aussi parfaits que par sa machine ». En effet, l’infusion ménagée par les gens de l’art est bien plus efficace, n’est ni si embarrassante, ni si dispendieuse que la trituration, & elle fournit des remedes qui retiennent les vertus des substances dont ils sont retirés tout aussi peu altérées, qu’elles le sont dans les remedes préparés par la trituration. Au reste, il ne faut pas oublier qu’on ne peut obtenir ni par l’une, ni par l’autre méthode, que les substances végétales solubles par l’eau ; que c’est une prétention chimérique de vouloir en retirer par ce menstrue les parties résineuses & huileuses, les soufres, comme s’exprime M. le C. D. L. G. & par conséquent tous les principes medicamenteux des végétaux. (b)