L’Encyclopédie/1re édition/MARBRIER

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MARBRIER, s. m. (Art. mécan.) ouvrier qui fait des ouvrages communs en marbre, compris sous le nom de Marbrerie, &c. Par le nom de marbrerie, l’on entend non-seulement l’usage & la maniere d’employer les marbres de différente espece & qualité, mais encore l’art de les tailler, polir, & assembler avec propreté & délicatesse, selon les ouvrages où ils doivent être employés.

Le marbre du latin marmor, dérivé du grec μαρμαίρεειν, reluire, à cause du beau poli qu’il reçoit, est une espece de pierre calcaire, dure, difficile à tailler, qui porte le nom des différentes provinces où sont les carrieres d’où on le tire. C’est de cette espece de pierre que l’on fait les plus beaux ornemens des palais, temples, & autres monumens d’importance, comme les colonnes, autels, tombeaux, vases, figures, lambris, pavés, &c.

Les anciens qui en avoient en abondance en faisoient des bâtimens entiers, en revétissoient non-seulement l’intérieur de leurs maisons particulieres, mais même quelquefois l’extérieur. Il en est de plusieurs couleurs ; les uns sont blancs ou noirs ; d’autres sont variés ou mêlés de taches, veines, mouches, ondes & nuages, différemment colorés ; les uns & les autres sont opaques ; le blanc seul est transparant lorsqu’il est débité par tranche mince ; aussi, au rapport de M. Félibien, les anciens s’en servoient-ils au lieu de verre qu’ils ne connoissoient pas alors pour les croisées des bains, étuves, & autres lieux, qu’ils vouloient garantir du froid. On voyoit même à Florence, ajoute cet auteur, une église très-bien éclairée, dont les croisées en étoient garnies.

La marbrerie se divise en deux parties : l’une consiste dans la connoissance des différentes especes de marbre, & l’autre dans l’art de les travailler pour en faire les plus beaux ornemens des édifices publics & particuliers.

Nous avons traité la premiere à l’article Maçonnerie, voyez cet article. Il ne nous reste ici qu’à parler de la seconde.

Du marbre selon ses façons. On appelle marbre brut, celui qui étant sorti de la carriere en bloc d’échantillon ou par quartier, n’a pas encore été travaillé.

Marbre dégrossi, celui qui est débité dans le chantier à la scie, ou seulement équarri au marteau, selon la disposition d’un vase, d’une figure, d’un profil, ou autre ouvrage de cette espece.

Marbre ébauché, celui qui ayant dêja reçu quelques membres d’architecture ou de sculpture, est travaillé à la double pointe pour l’un, & approché avec le ciseau pour l’autre.

Marbre piqué, celui qui est travaillé avec la pointe du marteau pour détacher les avant-corps des arriere-corps dans l’extérieur des ouvrages rustics.

Marbre matte, celui qui est frotté avec de la prêle ou de la peau de chien de mer, pour détacher des membres d’architecture ou de sculpture de dessus un fond poli.

Marbre poli, celui qui ayant été frotté avec le grès & le rabot, qui est de la pierre de Gothlande, & ensuite repassé avec la pierre de ponce, est poli à force de bras avec un tampon de linge & de la potée d’émeril pour les marbres de couleur, & de la potée d’étain pour les marbres blancs ; celle d’émeril les rougissant, il est mieux de se servir, ainsi qu’on le pratique en Italie, d’un morceau de plomb au lieu de linge, pour donner au marbre un plus beau poli & de plus longue durée ; mais il en coûte beaucoup plus de tems & de peine ; le marbre sale, terne ou taché, se repolit de la même maniere ; les taches d’huile particulierement sur le blanc, ne peuvent s’effacer, parce qu’elles pénetrent.

Marbre fini, celui qui ayant reçu toutes les opérations de la main-d’œuvre est prêt à être posé en place.

Marbre artificiel, celui qui est fait d’une composition de gypse en maniere de stuc, dans laquelle on met diverses couleurs pour imiter le marbre ; cette composition est d’une consistance assez dure, & reçoit le poli ; mais sujette à s’écailler. On fait encore d’autres marbres artificiels avec des teintures corrosives sur du marbre blanc, qui imitent les différentes couleurs des autres marbres, en pénétrant de plus de quatre lignes dans l’épaisseur du marbre ; ce qui fait que l’on peut peindre dessus des ornemens & des figures de toute espece ; ensorte que si l’on pouvoit débiter ce marbre par feuilles très-minces, on en auroit autant de tableaux de même façon. Cette invention est de M. le comte de Kailus.

Marbre feuille, peinture qui imite la diversité des couleurs, veines & accidens des marbres, à laquelle on donne une apparence de poli sur le bois ou sur la pierre, par le vernis que l’on pose dessus.

Des ouvrages de marbrerie. Les ouvrages de Marbrerie servoient autrefois à revêtir non-seulement l’intérieur des temples, palais, & autres grands édifices, mais même quelquefois l’extérieur. Quoique cette matiere soit devenue très-rare chez nous, on s’en sert encore dans l’intérieur des églises, dans les vestibules, grandes salles & sallons des palais, & autres maisons d’importance, sur-tout dans des lieux humides, comme grottes, fontaines, laiteries, appartemens des bains, &c. Tous ces ouvrages se divisent en plusieurs especes ; les uns consistent dans toutes sortes d’ornemens d’Architecture ; les autres dans des compartimens de pavés de marbre de différente sorte ; les premiers comme ayant rapport aux décorations d’Architecture, nous les passerons sous silence : les autres sont de deux sortes ; la premiere appellée simple, est celle qui n’étant composée que de deux couleurs, ne forme aucune espece de figure ; la seconde appellée figurée, est celle qui étant composée de marbres de plus de deux couleurs, forment par-là différentes figures.

Des compartimens de pavés simples. La fig. 1. Pl. I. représente le plan d’un pavé composé de carreaux quarrés blancs & noirs, ou de deux autres couleurs, alternativement disposés les uns contre les autres en échiquier.

La fig. 2. représente le même dessein, mais disposé en losange.

La fig. 3. représente un semblable dessein de carreaux quarrés d’une même couleur, croisés & entrelacés par d’autres noirs, ou d’une autre couleur.

La fig. 4. est un compartiment de carreaux en pointes de diamans noirs & blancs, ou de deux autres couleurs différentes.

La fig. 5. Pl. II. représente le plan d’un compartiment de carreaux en losanges tranchés aussi de deux couleurs.

La fig. 6. représente un autre compartiment de carreaux triangulaires, aussi de deux couleurs différentes, disposés en échiquier.

La fig. 7. est un dessein de carreaux quarrés bordés & entrelacés chacun de batons rompus ou plates-bandes d’un marbre d’une autre couleur.

La fig. 8. est un autre dessein de carreaux octogones, avec de petits carreaux quarrés d’une autre couleur, disposés en échiquier.

La fig. 9. est le plan d’un compartiment de marbre d’exagone, étoilé aussi de deux couleurs.

La fig. 10. est un autre plan de compartiment d’étoiles confuses en marbre, qui quoique de trois couleurs différentes, ne peut être admis dans la seconde espece.

Des compartimens de pavé figurés, la seconde sorte appellée compartimens figurés, sont ceux qui dans la maniere dont ils sont dessinés, forment des figures de toute espece, telles sont les suivantes.

La fig. 11 Pl. III. est le plan d’un pavé de marbre de quatre couleurs différentes, représentant des dés A, avec fonds B.

La fig. 12 est le plan d’un autre pavé de marbre de trois couleurs différentes, représentant aussi des dés A, mais sans fonds.

La fig. 13 est le plan d’un pavé de marbre de trois couleurs, représentant des exagones étoilés avec bordures A.

La fig. 14 est le plan d’un pavé de marbre de trois couleurs, composés de ronds A, entrelassés en B.

La fig. 15 est le plan d’un autre pavé de marbre, aussi composé de trois couleurs différentes, composé de ronds A, avec bordure B.

La fig. 16 est un autre plan de pavé de trois couleurs, représentant des octogones A, réguliérement irréguliers, avec bordures B, en petits quarrés C, disposés en échiquier.

Les fig. 17 & 18 Pl. IV. sont des foyers de grandes cheminées, dont le premier en marbre veiné est distribué par bandes de panneaux A, & demi-panneaux B, en losange, d’un marbre plus foncé ; le second bordé d’une plate-bande A, de marbre blanc, est aussi distribué de différens panneaux B, & d’une autre forme, ornés d’étoiles par leur extrémité.

Les fig. 19 & 20 sont aussi deux foyers de cheminées plus petits que les précédens ; le premier en marbre veiné, bordé de plate-bande A, formant des panneaux B, en pointe de diamant.

Les fig. 21, 22, 23 & 24 sont des plates-bandes, dont les desseins sont disposés de maniere à répondre aux compartimens des arcs-doubleaux des voutes, subdivisées chacune de panneaux quarrés, circulaires ou ovales, avec cadres, entrelacés & non-entrelacés, en marbre assorti de différentes couleurs.

La fig. 25 Pl. V. est le plan d’un pavé de marbre, propre à placer dans un sallon quarré, & dont le plafond terminé en voussure s’arrondiroit vers le milieu, pour former des arcs-doubleaux. Ce pavé est subdivisé de cadres & de panneaux, & le milieu arrondi représente, par ses différens panneaux, les arcs-doubleaux de la voute.

La fig. 26 est un plan de pavé destiné, comme le précédent, à un sallon, mais dont le plafond s’éleveroit en forme de calotte.

La fig. 27 est le plan d’un autre compartiment de pavé destiné aux mêmes usages que le précédent, mais d’un autre dessein.

Les fig. 28, 29 & 30, Pl. VI. sont autant de compartimens de pavé de marbre de différentes couleurs, employés aux mêmes usages que les précédens, mais pour des pieces circulaires.

La Pl. VII. représente le plan des différens compartimens du pavé en marbre de l’église du college Mazarin, dit des quatre Nations ; AA, &c. sont les portes d’entrée du vestibule, B l’intérieur du vestibule, C le milieu du dôme en ellipse, D le maître autel, EE différentes chapelles, F un tombeau particulier, G le passage pour aller à la sacristie, H celui pour sortir dans l’intérieur du college.

La Pl. VIII. représente le plan du pavé de l’église de la Sorbonne avec les différens compartimens ; A est la principale porte d’entrée, B la nef, C les bas côtés de la nef avec des chapelles, D le milieu du dôme distribué de compartimens fort ingénieux en marbre de différentes couleurs, veiné & non veiné, le reste de l’église étant pavé par carreaux noirs & blancs, disposés en losange ; E est un péristile qui donne entrée dans l’église par une face latérale, F est la chapelle de la Vierge, G des passages pour aller à des chapelles particulieres, H le tombeau du cardinal de Richelieu, placé au milieu du chœur, I bas-côtés du chœur avec des chapelles, K petit passage pour sortir dehors, L différens corps de logis de la maison.

La Pl. IX. est le plan du pavé du sanctuaire & d’une partie du chœur de l’église de Notre-Dame de Paris ; AA, &c. sont différens desseins d’ornemens en marbre de plusieurs couleurs, dont les armes & le chiffre du roi font partie, B est un autel appellé l’autel des féries, CC sont des degrés de marbre pour y monter, D est une grande niche circulaire où est placé un groupe de la sainte Vierge au pié de la croix, E est le maître autel, FF sont des socles qui portent des Anges en adoration, G sont des degrés de marbre pour monter au maître autel, H est le tabernacle, II sont des piédestaux portant les figures de Louis XIII. & de Louis XIV. KK, &c. sont des lambris de marbre dont sont revêtus les piliers, les sept arcades, & les portes de l’enceinte du chœur jusques au-dessous des tribunes, LL, &c. sont des grilles de fer doré qui regnent autour du sanctuaire, MM sont les deux balustrades circulaires qui séparent le sanctuaire du chœur, NN sont des portes à panneaux de fer doré qui donnent entrée au chœur, OO sont les chaires archiépiscopales, PP portes de dégagement pour le sacristain, QQ sont la représentation des arcs-doubleaux qui devroient se trouver dans la voute si elle étoit à la moderne, RR degrés pour monter aux hautes stales, TT les basses stales.

La Pl. X. représente les compartimens du pavé de l’église du Val-de-Grace, A en est la porte d’entrée, BC en est la nef, ornée de pilastres d’ordre corinthien, dont les plate-bandes B sont distribuées d’ornemens de marbre noir & blanc, qui répondent aux compartimens des arcs doubleaux, & les intervalles C sont ornés de différens desseins aussi en marbre noir & blanc. Aux deux côtés de la nef DD &c. & EE &c. sont des chapelles dont le pavé est aussi orné de compartimens, F est le milieu du dôme ou est placé le chiffre de l’abbaye, accompagné de palmes surmontées d’une couronne. Ce chiffre est ceint de deux chapelets ornés de bordures, dont l’intervalle est distribué de cœurs entrelacés en marbre de rance au milieu de chacun desquels est une fleur-de-lys, le tout en marbre blanc posé sur un fond de marbre noir. Le reste du compartiment circulaire est distribué de bandes de marbre de rance entrelacées, séparées par des carreaux de marbre noir. Les trois ronds-points G sont subdivisés de compartimens qui, semblables à ceux des plate-bandes de la nef, répondent à ceux de la voûte qui leur est supérieure. Aux quatre angles HH &c. du dôme sont quatre chapelles carrelées en marbre noir & blanc, I est la chapelle du saint Sacrement, K la chapelle de la reine, & L le chœur des dames religieuses.

La Pl. XI. représente le plan des compartimens du pavé compris sous le dôme des Invalides, A est un péristile qui donne entrée par le portail du côté de la campagne ; B est le milieu du dôme, subdivisé de compartimens de marbre de différente couleur, semé çà & là du chiffre du roi & d’autres ornemens aussi de marbre ; CDE & F sont les quatre croisées dont l’une C est le côté de l’entrée, D celui du maître-autel de l’église, E celui où est la chapelle de sainte Therese, GHI & K sont quatre autres chapelles qui par les passages L ont communication dans les croisées du dôme, & par ceux M dans le dôme. Dans la premiere G est la chapelle de saint Augustin, dans la seconde H celle de saint Ambroise, dans la troisieme I celle de saint Grégoire, & dans la quatrieme K celle de saint Jérome. NN &c. sont des escaliers pratiqués dans les épaisseurs des murs pour monter aux combles.

Des outils de marbrerie. La figure premiere, Pl. XII. est un fort établi de menuiserie, sur lequel on travaille la plupart des ouvrages en marbre. Il est composé d’une table AA fort épaisse, portée sur deux piés doubles BB en forme de traiteaux d’assemblage.

La fig. 2 est un maillet, espece de masse de bois A, portant un manche B qui sert à frapper sur différens outils pour travailler le marbre.

La fig. 3 est un instrument appellé grosse masse, dessiné aux mêmes usages que le précédent ; c’est une masse de fer A portant un manche de bois B.

La fig. 4 est le même instrument, mais beaucoup plus petit, aussi l’appelle-t-on pour cela petite masse.

La fig. 5 est une cuillere à deux manches appellée sebille, faite pour contenir du grès & de l’eau lorsque l’on scie les blocs de marbre.

La fig. 6 est une cuilliere plus petite avec un seul manche fort long, faite pour prendre du grais mélé avec de l’eau pour répandre dans les traits de la scie, & lui procurer par-là le moyen d’avancer l’ouvrage & de ne point s’échauffer ni se gâter.

La fig. 7 est une scie à main sans dents, appellée sciotte, composée d’un fer A, & de sa monture de bois B.

La fig. 8 est une scie a main, mais dentée ; A en est le fer, & B le manche.

La fig. 9 est une autre scie à main sans dents ; A en est le fer, & B le manche.

La fig. 10 est une petite scie sans dents avec une monture composée de deux montans A, une traverse B, une corde C & un gareau D, par le moyen duquel on bande le fer E de la scie autant qu’on le juge à-propos.

La fig. 11 est une autre scie de même façon que la précédente, mais beaucoup plus forte, portant deux gareaux DD.

La fig. 12, Pl. XIII, est un instrument appellé marteline, espece de marteau acéré par chaque bout, dent l’un A est semé de petites pointes tort aiguës, & l’autre B est pointu, dont C est le manche ; il est destiné à marteler les ouvrages que l’on veut égrainer.

La fig. 13 est une espece de poinçon appellé ciseau en marteline, acéré par le bout A, semé comme au précédent de petites pointes, & destiné aux mêmes usages.

La fig. 14 est une autre espece de poinçon appellé boucharde, avec pointes acérées en A, & employé aussi aux mêmes usages.

La fig. 15 est un poinçon appellé dent-de-chien, acéré en A.

La fig. 16 est un autre poinçon appellé gradine, acéré aussi en A.

La fig. 17 est un poinçon acéré en A, fait le plus souvent pour chasser des pointes.

La fig. 18 est une pointe quarrée & acérée en A, faite pour tailler le marbre par petites parties.

La fig. 19 est une autre pointe appellée houguette, méplatte & acérée en A.

La fig. 20 est un instrument appellé outil crochu, fait pour fouiller & unir des cavités.

La fig. 21 est un autre instrument appellé rondelle, destiné aux mêmes usages que le précédent.

La fig. 22 est un instrument appellé aussi rondelle, mais improprement ; c’est plûtôt une espece de ripe acérée & dentée en A, faite pour fouiller dans des cannelures.

La fig. 23 est un instrument appellé ripe, acéré en A, employé aux mêmes usages que le précédent.

La fig. 24 est encore une ripe acérée en A, appellée grattoir, destinée aux mêmes usages que les précédentes.

La fig. 25 est un instrument appellé riflard, espece de lime plate recourbée & acérée par chaque bout, destiné à limer & unir les endroits où les autres outils ne peuvent pénétrer.

La fig. 26 est un autre riflard en queue de rat recourbé & acéré aussi par chaque bout, employé aux mêmes usages que le précédent.

La fig. 27 est un riflard méplat en rape, la taille étant différente des autres.

La fig. 28 est un riflard en queue de rat, semblable au précédent.

La fig. 29 est une lime dite lime d’Allemagne, emmanchée dans un manche de bois A.

La fig. 30 est une lime en queue de rat, emmanchée aussi dans un manche de bois A.

La fig. 31 est une lime appellée, à cause de sa taille, rape, emmanchée dans un manche de bois A.

La fig. 32 est une rape en queue de rat, emmanchée dans un manche de bois A.

La fig. 33 est une lime sans dents, emmanchée dans un manche de bois A.

La fig. 34 est une queue-de-rat sans dents, emmanchée dans un manche de bois A.

La fig. 35 est un ciseau appellé burin, acéré en A.

La fig. 36 est un autre burin acéré aussi en A.

La fig. 37 est un instrument appellé fermoir à dents, acéré en A, emmanché dans un manche de bois B.

La fig. 38 est un autre fermoir sans dents acéré en A, emmanché aussi dans un manche de bois B.

La fig. 39, Pl. XIV, est un instrument appellé vilbrequin, espece de chassis de fer A, portant par un bout B une broche qui traverse un manche de bois C tournant à pivot, & par l’autre D, une douille quarrée où s’ajuste la tête aussi quarrée d’un trépan, dont l’autre bout F acéré sert en égrugeant le marbre à faire des trous.

La fig. 40 est une mêche à tête quarrée par un bout A, évuidée & acérée par l’autre B, faite aussi pour percer des trous, mais dans du marbre très-tendre.

La fig. 41 est le fust d’un trépan composé d’une tige A, portant par en-haut un trou au-travers duquel passe une petite corde BB, dont les deux bouts vont se joindre aux deux extrémités d’une traverse CC, percée d’un trou dans son milieu au-travers duquel passe la tige A ; cette traverse sert à manœuvrer le trépan de cette maniere, la corde BB étant roulée autour de la tige A, & la traverse CC par conséquent montée jusqu’au milieu, on appuie dessus avec secousse pour la lâcher ensuite ; & la laissant ainsi remonter, la corde BB qui étoit roulée d’un côté, se déroule pour s’enrouler de l’autre autour de la tige A, ce qui sait faire plusieurs tours au trépan ; on donne ensuite à la traverse CC une nouvelle secousse, qui réïtere la manœuvre toujours de même façon jusqu’à ce que le trou soit percé ; & pour faciliter le volant de cette machine, on arrête à demeure à la tige A une masse de plomb D de la forme qu’on juge à propos ; cette même tige porte par son extrémité E une moufle ou douille méplate, dans laquelle entre la tête d’un trépan F acéré par le bout perçant G.

La fig. 42 est un instrument, appellé fraise, dont l’extrémité supérieure A s’ajuste dans la moufle E du fust du trépan, fig. 41, & qui, par son extrémité inférieure B, formant différens angles aigus & acérés, sert à élargir l’entrée des trous ; ou à en percer d’autres dans des marbres très-durs.

La fig. 43 est une autre fraise différente de la précédente, en ce qu’elle est quarrée par le bout A, & qu’elle s’ajuste dans une boîte B, pour la mouvoir par le moyen de l’archet fig. 44, ou de celui fig. 45.

La fig. 44 est un archet ou arçon différent du précédent, en ce qu’il est composée d’une lame d’épée A ou tige d’étoffe (on appelle étoffe une composition de bon fer & de bon acier mêlés ensemble, qui, lorsqu’elle est trempée, fait les meilleurs ressorts, c’est de cela que l’on fait ordinairement les lames d’épée élastiques, emmanchée par un bout dans un manche de bois B, portant par les deux extrémités les deux bouts d’une corde à boyau ou corde d’arçon C, qui se fait avec des lanieres de cuirs arrondies ou tournées sur elles-mêmes.

La fig. 46 est un instrument appelle palette ; c’est en effet une palette de bois A dont le milieu porte une piece de fer B, percée de plusieurs trous qui ne vont que jusqu’au quart de son épaisseur : c’est avec les quatre derniers instrumens que l’on perce des trous en cette maniere ; on commence d’abord par former avec la corde C de l’arçon fig. 45, un ou deux trous autour de la boîte B de la fraise fig. 43, que l’on place par le bout C dans un des trous de la piece de fer B de la palette fig. 46, que l’on appuie alors sur l’estomac, & dans cette situation le bout A de la fraise fig. 43 élargit ou perce les trous en manœuvrant l’arçon fig. 43, à-peu-près comme l’archet d’un violon.

L’archet fig. 44 sert aussi comme celui fig. 45, mais pour des fraises beaucoup plus petites.

La fig. 47 est un grand compas à charniere en A, fait pour prendre des distances égales par les pointes BB.

La fig. 48 est un petit compas à charniere en A, fait aussi pour prendre des distances égales par les pointes BB.

La fig. 49 est un grand compas, appellé compas d’épaisseur à charniere, en A, fait pour prendre des épaisseurs, diamètres & autres choses semblables, égales par les pointes recourbées BB.

La fig. 50 est un compas d’épaisseur plus petit à charniere en A, employé aux mêmes usages que le précédent.

La fig. 51 est un instrument, appellé niveau, composé d’un chassis de bois assemblé d’équerre en A, portant une traverse B, au milieu de laquelle est un plomb C, suspendu à un petit cordeau D ; c’est avec cet instrument que l’on pose de niveau toutes les pierres, carreaux, pavés, & autres compartimens horisontaux.

Il est une quantité d’autres outils qui ne sont qu’un rafinement de ceux que nous avons vûs, plus petits ou plus gros, plus courts ou plus longs à proportion de la délicatesse des ouvrages où on les emploie & du génie des ouvriers à les inventer. Cet article est de M. Lucotte.