L’Encyclopédie/1re édition/MOLLE

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MOLLE ou Lentisque du Pérou, genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond, dont le pistil devient un fruit qui ressemble à un grain de poivre. Tournefort, Inst. rei herb. Appendix. Voyez Plante.

Molle, (Botan. exot.) c’est un arbre, grand & rameux, de l’Amérique méridionale, très-commun au Pérou & au Chili. Il est appellé lentiscus Peruana dans C. B. aroeira dans Marcgrave, & molle par le plus grand nombre des Botanistes. Nos François le nomment poivrier du Pérou, parce que son fruit ressemble à un grain de poivre.

Les rameaux du molle, suivant l’exacte description de cet arbre par le P. Feuillée, sont garnis de longues côtes, chargées de feuilles nombreuses, alternes, plus grandes & plus étroites que celles du lentisque, polies, terminées en pointe, sans queue & dentelées d’ordinaire à leur contour ; car il y a de ces arbres dont les feuilles ne sont pas dentelées.

Les fleurs sont très-nombreuses, petites, attachées à des rameaux particuliers : elles sont en rose, composées de cinq pétales pointus, de couleur jaune blanchâtre.

Il leur succede des grains ou baies, disposées en grappes comme le raisin ; ces grains sont presque ronds, ayant 3 à quatre lignes de diametre, & 4 de longueur. Ils renferment à leur centre deux petits noyaux qui ont le goût du poivre. La substance qui les environne est un peu gommeuse, d’une saveur douce, couverte d’une pellicule mince, & d’un beau rouge.

Lorsque ces fruits & grappes sont mûres, les Indiens en font une boisson assez délicate : pour cela, ils mettent en infusion dans de l’eau commune ces petits grains, séparés de leur grappe, qu’ils pressent dans la même eau pour leur faire rendre leur suc, lequel se mêlant avec l’eau, sont ensemble une belle couleur de vin ; les gens du pays se servent de cette liqueur pour se rafraichir. Garsilaso de la Vega, liv. VIII. ch. xij. & François Ximenez, vous en diront davantage sur les usages que les Indiens tirent de ce fruit.

Cet arbre s’éleve dans nos climats tempérés à la hauteur de 7 ou 8 piés ; mais rarement ses jets sont réguliers, de sorte qu’il est très-difficile de lui donner une belle tête : d’ailleurs il vient rarement à fleurir. On ne le trouve aussi que dans quelques jardins de Botanistes, plus curieux que les autres en plantes étrangeres. (D. J.)

Molle, s. f. en terme de Tonnelerie, ce sont des bottes d’osier fendu, dont ces ouvriers se servent pour lier le cerceaux : la molle contient 300 brins.

Molle se dit aussi des paquets ou bottes de cerceaux dont se servent les Tonneliers. Les molles de cerceaux sont plus ou moins grosses, selon la grandeur des cerceaux qu’elles contiennent. Les molles de cerceaux à futaille en contiennent ordinairement 25, & 16 quand ils sont plus forts : celles des cuviers n’en ont que 12 ; & celles des cuves sont pour l’ordinaire de 3 cerceaux.