L’Encyclopédie/1re édition/MOXES

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MOXES. (Géogr.) Sous le nom de Moxes, on comprend un assemblage de différentes nations idolâtres de l’Amérique méridionale. Ces peuples habitent un pays immense, qui se découvre à-mesure qu’en quittant Sainte-Croix de la Sierra, on côtoye une longue chaine de montagnes escarpées qui vont du sud au nord. Il est situé dans la zone torride, & s’étend depuis 10 jusqu’à 15 degrés de latitude méridionale : on en ignore entierement les limites.

Cette vaste étendue de terres paroît une plaine assez unie, mais elle est presque toujours inondée faute d’issue pour faire écouler les eaux : outre cette incommodité, ils ont encore celle du climat dont la chaleur est excessive.

Les ardeurs d’un soleil brûlant jointes à l’humidité presque continuelle de la terre, produisent une grande quantité de serpens, de viperes, de fourmis, de mosquites, de punaises volantes, & d’autres insectes, qui désolent les habitans. Cette même humidité rend le terroir si stérile, qu’il ne porte ni blé, ni vignes, ni aucun des arbres fruitiers qu’on cultive en Europe : c’est ce qui fait aussi que les bêtes à laine ne peuvent y subsister, mais les taureaux & les vaches y multiplient comme dans le Pérou.

Il n’y a parmi les Moxes aucune espece de gouvernement ; on n’y voit personne qui commande ou qui obéisse. S’il survient quelque querelle, chaque particulier se fait justice par ses mains.

Quoiqu’ils soient sujets à des infirmités presque continuelles, ils n’y savent d’autres remedes que d’appeller certains enchanteurs, qu’ils s’imaginent avoir reçu un pouvoir particulier de les guérir.

L’unique occupation des Moxes est d’aller à la chasse & à la pêche ; celle des femmes est de préparer la nourriture, & de prendre soin des enfans. S’il arrive qu’elles mettent au monde deux jumeaux, on enterre l’un d’eux, par la raison que deux enfans ne peuvent pas bien se nourrir à-la-fois.

Toutes ces différentes nations sont souvent en guerre les unes contre les autres. Leur maniere de combattre est toute tumultuaire. Ils n’ont point de chef, & ne gardent aucune discipline. On reconnoît les vaincus à la fuite. Ils font esclaves ceux qu’ils prennent dans le combat, & ils les vendent pour peu de chose aux peuples voisins.

Les enterremens se pratiquent sans aucune cérémonie. Les parens du défunt creusent une fosse, accompagnent le corps en silence, le mettent en terre, & partagent sa dépouille.

Les Moxes n’apportent pas plus de façons à leurs mariages ; tout consiste dans le consentement mutuel des parens de ceux qui s’épousent, & dans quelques présens que fait le mari au pere ou au plus proche parent de celle qu’il veut épouser. Mais c’est une coutume établie chez eux, que le mari suit sa femme par-tout où elle veut aller.

Ces nations sont distinguées les unes des autres par les diverses langues qu’elles parlent, & qui semblent n’avoir point de rapport entr’elles. (D. J.)