L’Encyclopédie/1re édition/PERISTALTIQUE, mouvement

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PERISTALTIQUE, mouvement, (Physiolog.) le mouvement péristaltique ou vermiculaire des intestins, est la contraction & le relâchement alternatif des intestins, lesquels s’étrécissant successivement, poussent en avant le chyle qui y coule entre les rides des fibres intestinales.

La préparation & la distribution des humeurs par tout le corps, supposent un mouvement local. La coction des alimens & leur assimilation, requierent ce mouvement auquel les tuniques des intestins, l’impulsion du cœur, du diaphragme, des muscles du bas-ventre, cooperent de leur côte : & au moyen de toutes ces actions réunies, le chyle est exprimé dans les conduits que renferme le mésentere, pour le porter dans le ventricule droit du cœur.

Cette compression des intestins plissés comme ils sont, par laquelle le chyle est poussé dans les veines lactées, est une méchanique qui a assez de rapport à celle dont on se sert pour faire entrer le savon dans le linge qu’on veut laver, qui est de plisser & de bouchonner le linge, & ensuite de le comprimer.

Il y a plusieurs instrumens qui contribuent à cette compression, tels que sont d’abord les muscles de l’ésophage. Son action & celle des intestins, paroît consister dans une constriction successive, que leurs fibres circulaires produisent ; cette constriction se fait toujours derriere l’humeur qui est poussée, comme il est aisé de juger lorsqu’un animal ayant la tête en-bas, fait monter dans son estomac la boisson ou les herbes qu’il prend, & lorsque le chyle & les autres humeurs, après être descendues au bas du ventre, remontent jusqu’au haut ; ce qui ne se peut exécuter que par cette constriction successive qui produit le même effet dans l’ésophage & dans les intestins, que les valvules dans les veines.

Mais cette constriction circulaire ne suffiroit pas pour pousser le chyle dans les tuniques des intestins, & les vaisseaux du mésentere, si le plissement des mêmes tuniques n’y contribuoit. Or, ces replis dans lesquels le chyle est engagé, leur aide à pénétrer les porosités des intestins, lorsqu’ils sont comprimés par les muscles du ventre dans l’action de la respiration ; de la même maniere que les replis du linge que l’on bat à la lessive aide à faire pénétrer l’eau du savon dans les pores du linge, lorsqu’il est frotté avec les mains & frappé avec le battoir.

L’action par laquelle les intestins prennent une figure propre à faire que la compression des muscles puisse servir à l’expression du chyle qu’ils contiennent, est visible dans l’ouverture des animaux vivans, où l’on observe ce mouvement qui représente assez bien celui d’un ver de terre, lequel pour ramper, se resserre, rentre en lui-même, & s’alonge successivement pour sa progression.

La structure des intestins est tout-à-fait commode pour cette action, étant garnie en-dedans d’un très grand nombre de feuillets posés transversalement ; de plus, la largeur de ces feuillets va en se retrécissant vers chaque bout, pour donner le passage au chyle.

Les intestins ont encore une puissance de se plisser, qu’ils exercent en deux manieres. La premiere, est par le moyen de la membrane du mésentere à laquelle ils sont attachés, qui les oblige en les accourcissant, à se plisser comme une fraise. La seconde, est par le moyen de leurs fibres, lesquelles étant presque toutes circulaires, sont très-propres à produire tout ce qui est nécessaire pour le froncement d’une membrane dont une cavité est composée ; & c’est à l’accourcissement successif de ces fibres qu’il faut attribuer toutes les actions du mouvement des intestins ; car lorsqu’elles se retrécissent successivement, elles produisent l’impulsion de ce qui est contenu dans les intestins.

Voilà l’exécution du mouvement péristaltique, qui est naturellement tranquille, doux, & comme un mouvement d’ondulation ; c’est ce qui a été ainsi ordonné par la nature, pour empêcher les alimens digerés, de passer trop rapidement des intestins grêles dans les gros, & de-là à l’anus, comme il arrive dans la diarrhée. Ce mouvement est alternatif, c’est-à-dire, composé de resserrement & de relâchement ; car lorsqu’une partie d’un intestin se contracte & se resserre, la matiere qu’elle contient passe dans la partie voisine qu’elle dilate, & qui se resserre immédiatement après. Il résulte de ce détail, que le mouvement péristaltique des intestins est la principale cause de la secrétion du chyle, & de son mouvement progressif dans les vaisseaux lactés.

Au reste, ce mouvement ne cesse jamais durant la vie, & même subsiste encore pendant quelques momens après la mort. Voyez les expériences de Glisson, de Wepfer & de Peyer, car il seroit trop long de les rapporter pour preuves ; c’est assez dans cet ouvrage de proposer des vérités. (D. J.)