L’Encyclopédie/1re édition/POINTE

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POINTE, s. f. (Gram.) se dit en général de l’extrémité aiguë de quelque corps que ce soit.

Selon cette définition, on dit la pointe d’une aiguille, d’une lance, d’une épée, d’un couteau, &c. mais on s’en sert quelquefois dans l’Astronomie pour exprimer les cornes du croissant de la lune, ou d’un autre astre. Il est vrai que le mot latin cuspis, ou le mot françois cornes, est beaucoup plus en usage pour cela que le mot françois pointe. Voyez Lune, Croissant, Cornes, Eclipse, &c. (O)

Pointe, (Géom.) les pointes d’un compas sont les extrémités aiguës de cet instrument, avec lesquelles on trace des lignes.

Pointes, (Conchyl.) en latin aculei, mucrones, spinæ, clous, épines ; tous termes synonymes, pour signifier les piquans qui se trouvent sur la superficie d’une coquille, comme par exemple, sur l’huitre épineuse. (D. J.)

Pointe du cœur, mucro cordis, (Anatomie.) est l’extrémité inférieure & pointue du cœur. Voyez Cœur.

Pointe, (Art de parler & d’écrire.) jeu d’esprit qui coule sur les mots.

Jadis de nos auteurs les pointes ignorées,
Furent de l’Italie en nos vers attirées.
La raison outragée ouvrant enfin les yeux,
La bannit pour jamais des discours sérieux,
Et dans tous ses écrits la déclarant infâme,
Par grace lui laissa l’entrée en l’épigramme ;
Pourvû que sa finesse éclatant à-propos.
Roulât sur la pensée, & non pas sur les mots.

Ce n’étoit pas seulement dans les ouvrages d’esprit qu’on imaginoit devoir donner place aux pointes, elles faisoient les plus riches ornemens de nos sermonaires. Un prédicateur de ces tems-là, parlant de S. Bonaventure, promit de montrer dans les deux parties de son discours, qu’il avoit été le docteur des séraphins, & le seraphin des docteurs. Le P. Caussin dans sa Cour sainte, dit que les hommes ont bâti la tour de Babel, & les femmes la tour de babil. « Tout est souple devant vous, dit le P. Coton à Henri IV. votre sceptre est un caducée qui conduit, induit & réduit les ames à ce qu’il veut ». Mais pour venir à des exemples plus modernes, ce que dit Mascaron dans l’Oraison funebre de Henriette d’Angleterre, ne doit-il pas passer pour une pointe des plus ridicules ? « Le grand, l’invincible, le magnanime Louis à qui l’antiquité eût donné mille cœurs, elle qui les multiplioit dans les héros selon le nombre de leurs grandes qualités, se trouve sans cœur à ce spectacle ».

Le moyen de découvrir si une pointe est bonne ou mauvaise, c’est de la tourner dans une autre langue ; lorsqu’elle soutient cette épreuve, on peut la regarder pour être de bon aloi ; mais c’est tout le contraire quand elle s’évanouit dans l’opération. On pourroit appliquer à la véritable pointe ingénieuse, l’éloge qu’Aristenite faisoit d’une belle femme, qu’il trouvoit toujours belle, soit qu’elle fût parée ou en deshabillé.

On ne substitue souvent les pointes à la force du discours, que parce qu’il est plus facile d’avoir de l’esprit. que d’être à la fois touchant & naturel. Quand on ne fut plus capable d’admirer le style noble & simple des écrivains du siecle d’Auguste, on goûta le style hérissé de pointes des écrits de Séneque. C’est ainsi que parmi nous, nous voyons la décadence des sciences sortir de ce nouvel esprit de pointes & de frivolités, qui causa celle dont on commençoit à se plaindre à Rome immédiatement après le siecle d’Auguste.

Je ne prétens pas cependant qu’il soit toujours défendu, dans quelques petits ouvrages, de donner place à des pensées qui suppléent par leur vivacité à ce qui leur manque du côté de la justesse. Il en est de ces traits comme des faux brillans qu’on a quelquefois ingénieusement mis en œuvre, & qu’on ose porter sans deshonneur avec de vrais diamans. (D. J.)

Pointe de l’épigramme, (Poésie.) c’est ainsi qu’on nomme la pensée de l’épigramme qui pique le lecteur & qui l’intéresse. Toute épigramme a deux parties, l’exposition du sujet, & la pensée ou la pointe qui en résulte.

Cy git ma femme ! Voilà l’exposition du sujet :
Ah, qu’elle est bien pour son repos & pour le mien !

Voilà la pointe. Cette pointe doit être présentée heureusement & en peu de mots : elle doit être intéressante, soit par le fond, soit par le tour : elle intéresse encore par la finesse de l’idée, comme dans l’épigramme de l’Anthologie renfermée en un seul vers :

Je chantois, Homere écrivoit.

Quelquefois la plaisanterie fait la pointe de l’épigramme, comme dans celle du chevalier de Cailly.

Dis-je quelque chose assez belle ?
L’antiquité toute en cervelle
Me dit : Je l’ai dit avant toi.
C’est une plaisante donzelle ;
Que ne venoit-elle après moi ?
J’aurois dit la chose avant elle.

Dans quelques occasions, c’est le jeu de mots.

Huissiers, qu’on fasse silence,
Dit, en tenant l’audience,
Un président de Baugé ;
C’est un bruit à tête fendre :
Nous avons déja jugé
Dix causes, sans les entendre.

D’autresfois c’est la malignité : il est inutile d’en rapporter des exemples. Quelquefois c’est une absurdité qui n’étoit pas attendue. Tel est ce bon mot de Caton, rapporté par S. Augustin.

Autrefois un Romain s’en vint fort affligé,
Raconter à Caton que la nuit précédente
Son soulier des souris avoit été rongé :
Chose qui lui sembloit tout-à-fait effrayante ;
Mon ami, dit Caton, reprenez vos esprits :
Cet accident en soi n’a rien d’épouvantable :
Mais si votre soulier eût rongé les souris,
Ç’auroit été sans doute un prodige effroyable.

Barraton.

Mais de toutes les especes de pointes épigrammatiques, il n’y en a guere qui frappent plus que les retours inattendus :

Un gros serpent mordit Aurele,
Que croyez-vous qu’il arriva ?
Qu’Aurele en mourut ? bagatelle.
Çe fut le serpent qui creva.


(D. J.)

Pointe, (Géog. mod.) mot employé dans la Géographie, comme dans la Marine, pour désigner une longueur de terre qui s’avance dans la mer. On dit, par exemple, la pointe de l’est, de l’ouest, du sud ou du nord, pour dire la pointe d’une terre qui regarde quelqu’une de ces différentes parties du monde. Assez souvent on prend le mot pointe pour dire une langue de terre, & même un cap : il répond alors aux mots promontorio, capo ou ponta des Italiens, & aux mots promontorio, cabo & punta des Espagnols.

Ainsi on appelle pointe de S. Pierre, la partie la plus orientale de l’ile de Cadix sur la côte d’Espagne. Ce lieu se nommoit anciennement Heraclium à cause du fameux temple d’Hercule qu’on y avoit bâti.

On appelle pointe de S. Sébastien la partie la plus occidentale de Cadix, nomme autrefois Cronium, à cause d’un temple de Saturne qui y étoit. (D. J.)

Pointe, terme de Blason, la partie inférieure de l’écu qui aboutit ordinairement à une petite pointe. C’est aussi une piece qui monte du bas de l’écu en-haut, & qui étant plus étroite dans sa largeur que le chappé, occupe seulement le tiers de la pointe de l’écu. On appelle pointe en bande, pointe en barre, celle qui est posée dans la situation de la bande ou de la barre. Pointe en face est celle qui est mouvante d’un des flancs de l’écu ; & pointe renversée celle qui étant mouvante du chef contre-bas, occupe les deux tiers du chef en diminuant jusqu’à la pointe de l’écu, sans la toucher néanmoins.

Pointe, s. f. (Archit.) c’est l’extrémité d’un angle aigu, comme l’encoignure d’un bâtiment, du bout d’une île, d’un mole, &c.

On appelle aussi pointe le sommet d’un clocher, d’une obélisque, d’un comble, &c.

Pointe, s. f. terme générique d’ouvriers, extrémité d’un corps aigu, propre à percer ou à trancher quelque chose. Il y a plusieurs ouvriers & artisans qui donnent le nom de pointes à quelques-uns de leurs outils, mais qui sont bien différens les uns des autres, soit pour la forme, soit pour l’usage. Voyez les articles suivans. (D. J.)

Pointe a tracer, outil d’Arquebusier, c’est un morceau de fer quarré par le milieu, & sort pointu de deux côtés ; cet outil est environ long d’un demi-pié ; les Arquebusiers s’en servent pour tracer des ornemens sur les bois de fusil & autres.

Pointe, (Ardoiserie.) voyez l’article Ardoise.

Pointe, coup de, (Métier a bas.) voyez cet article.

Pointe, en terme de Boutonnier, est une lame aiguë, taillée en langue de serpent, & montée sur un mandrin de bois, qui s’enfonce dans une poupée jusqu’à une espece de bourrelet, qui termine ce mandrin du côté du fer. La pointe sert à percer diverses prises d’ouvrages qui ont besoin de l’être, & elle est fortement emmanchée dans son mandrin.

Pointe, c’est un instrument de fer aigu, mais en langue de serpent, montée sur une mollette. Cet outil sert à faire les quatre trous pour la corde à boyau.

Pointes, ce sont des aiguilles sans tête que l’on fiche dans le bas du moule le plus près du bord qu’il est possible à distances égales, pour asseoir les premiers jets de poil, soie ou or. C’est sur ces pointes que se font les coins. Voyez Coins.

Pointe a tracer, en terme de Bijoutier, c’est une espece de petit ciselet dont on se sert pour former légerement dans l’ouvrage les traits qu’on n’a fait que marquer avec les crayons.

Pointe, en terme de Bourserie, est un morceau d’étoffe coupé en triangle, qui entre dans la fabrique d’un bonnet ou d’une calotte.

Pointes pour trier, terme de Cartier, ce sont des petits bouts de lames de couteau garnies de leurs manches, dont ces ouvriers se servent pour éplucher le papier avec lequel ils fabriquent les cartes, & en ôter toutes les saletés & les inégalités.

Pointe, (Ciseleur.) les Ciseleurs appellent pointes de petits ciselets pointus, dont ils se servent pour achever les figures, & leur donner plus de relief.

Pointe, s. f. terme de Cloutier, clou sans tête, dont les Tapissiers, &c. se servent pour attacher les tapisseries au mur.

Pointe, s. f. terme de Coëffeuse, c’est la partie de la coëffure qui vient sur le front.

Pointe, s. f. terme de Coutelier, c’est la partie la plus grosse & la plus large du rasoir qui est vers le bout. (D. J.)

Pointe, en terme d’Epinglier, s’entend de l’extrémité aiguë de l’épingle qui se fait sur une meule de fer dentelée, sans avoir aucun égard au degré de finesse qu’elle y acquiere. Voyez Meule, petite & grosse Pointe.

Grosse pointe, est celle que forme la grosse meule dans l’ébauchage ; elle est courte & épaisse, au lieu que la petite pointe est alongée & fort fine.

Pointe fine, s’entend de la perfection où l’on met la pointe d’une épingle après l’ébauchage, ce qui s’appelle proprement repasser. Voyez Ebaucher & Repasser.

Pointe, (Fourbisseur.) c’est un morceau de fer, de bon acier, de dix à onze pouces de long, de forme triangulaire, dont les angles qui sont très-tranchans se terminent en pointe d’un côté, & en une queue de l’autre, qui sert à le monter dans un manche de bois. Cet outil sert à percer & ouvrir le pommeau, qui est la derniere piece de la monture d’une épée. (D. J.)

Pointes, petites, outil de Graveur à l’eau forte, sont des aiguilles à coudre de la meilleure qualité, c’est-à-dire de bon acier, qu’ils emmanchent dans un petit bâton, & qui leur servent à emporter le vernis dont la planche est couverte, & y former les traits les plus fins. Voyez Gravure a l’eau-forte, & les fig. Planches de la Gravure. On aiguise les pointes sur la pierre à l’huile comme tous les autres outils qui sont à leur usage. Le petit bâton qui sert de manche aux pointes est de quatre pouces de long, & a une pointe à chaque bout ; on se sert des pointes grosses ou petites comme d’un crayon, avec lesquelles on dessine sur le vernis ce qu’on s’est proposé de faire.

Pointes dont se servent les Graveurs en taille-douce ; les ouvriers font eux-mêmes ces pointes avec des aiguilles cassées de différentes grosseurs. On les emmanche au bout d’un petit morceau de bois ou de canne, & on leur fait la pointe sur la pierre à huile, faisant attention à les rendre bien vives & bien rondes, afin qu’en gravant on puisse s’en servir en tout sens.

On fait aussi des pointes émoussées qui servent à calquer, voyez Calquer, à graver de grands sujets & des paysages.

Outre ces pointes, on en fait encore de plus grosses avec des burins passés, que l’on appelle pointes seches : elles servent à graver sur le cuivre à cru des objets délicats & qui ne sont point susceptibles de grande force, comme les lointains, les montagnes, les bâtimens, les nuées, &c. Il y a une façon d’ébarber cette gravure ; c’est de l’ébarber positivement dans le sens qu’elle a été faite. Voyez Ébarber, & les fig. Planches de la Gravure.

Pointe à graver en bois, qu’aucun dictionnaire (excepté celui des monogrammes) n’appelle de son véritable nom, le confondant avec le burin, est un instrument composé d’une lame d’acier mise dans un manche de bois fendu & tortillé d’une ficelle. Cet outil a plutôt la forme d’un canif que de tout autre instrument. Voyez à Gravure en bois sa description & son usage.

Pointe à mettre un diamant, outil qui sert aux Graveurs en pierres fines. C’est une tige de cuivre à l’extrémité de laquelle est monté un diamant, dont l’usage est (après que la pointe est montée sur le touret) de creuser diligemment les parties des pierres que l’on grave, qui doivent être profondes, & que la poudre d’éméril ou de diamant n’useroit qu’en beaucoup de tems.

Pointe, ustensile d’Imprimerie dont se sert le compositeur pour corriger les formes ; c’est un ferrement aigu, de la figure d’une grosse aiguille ou carrelet, monté sur un petit manche de bois tendre ; avec cette pointe l’ouvrier pique le dessous de l’œil de la lettre qu’il a dessein d’ôter, & y supplée à l’instant celle qui doit la remplacer. Les ouvriers de la presse se servent aussi de la pointe pour compter le papier dans les petits nombres, mais plus ordinairement pour enlever les ordures qui surviennent dans l’œil de la lettre pendant le tems même qu’ils travaillent.

Pointe du tympan, terme d’Imprimerie, elle est composée d’une branche & d’un aiguillon, & est attachée au tympan avec deux vis, afin d’aider à faire le registre.

Pointes-naïves, (Joaillerie.) c’est le nom que les Diamantaires & Lapidaires donnent à certains diamans bruts d’une forme extraordinaire, qui se tirent particulierement de la mine de Soumelpont, autrement de la riviere de Gonel, au royaume de Bengale.

Pointes, outils de Lapidaires, ce sont de petits morceaux ou pieces de fer que les Lapidaires rapportent sur leur tour, & au bout desquels ils enchassent une pointe de diamant ; elles servent à percer des pierres précieuses quand ils en ont besoin. (D. J.)

Pointe a gratter, dont les Facteurs d’orgue se servent pour gratter les tuyaux & toutes les piéces d’étain & de plomb, qu’il faut souder dans la partie où la soudure doit être appliquée, est une moitié de ciseaux que l’on emmanche, comme on voit à la fig. 66. Planche d’Orgue ; on tient cet outil ensorte que le manche B passe entre le petit doigt & le doigt annulaire de la main droite ; le pouce & le doigt indicateur de la même main étant appliqués sur la partie C, ou même plus avant sur le fer pour le tenir plus fermement. Voyez les articles Soudure & Orgue.

Pointe, terme de manege : un cheval fait une pointe, lorsqu’en maniant sur les voltes, il ne suit pas régulierement ce rond, & que sortant un peu de son train ordinaire, il fait une espece d’angle ou de pointe à sa piste circulaire. Pour empêcher qu’un cheval fasse des pointes, & faire ensorte qu’il s’arrondisse bien, il faut avoir soin de hâter la main.

Pointe de l’arçon, sont les parties qui forment le bas de l’arçon de devant d’une selle. Voyez Selle & Arçon.

Pointe, (Marine.) ce mot se dit d’une longueur de terre qui avance dans la mer, comme la pointe de Scage en Sutlande. La pointe d’un mole, d’une digue, est la partie de ces constructions la plus avancée dans l’eau.

A la pointe de l’est, de l’ouest, du nord, du sud ; c’est-à-dire, à la pointe d’une terre qui regarde quelqu’une de ces différentes parties du monde.

Pointe de l’éperon ; c’est la derniere piece de bois & la plus avancée au-devant du vaisseau, sur laquelle quelque figure d’un monstre marin ou d’un lion est ordinairement appuyée. Voyez Eperon.

Pointes de compas de mer, ou de boussole, ou traits de compas ; c’est chacune des marques & des divisions de la boussole, ou du compas de mer. Il y en a trente-deux qui marquent les vents. Un rumb de vent vaut quatre pointes ; un demi-rumb vaut deux pointes ; & un quart de rumb en vaut une, en supposant huit rumb de vents principaux.

Pointe a tracer, (Marqueterie.) outil d’ébéniste ; c’est une pointe d’acier, par exemple, d’une très-grosse aiguille à coudre, ou d’un bout de lame d’épée, emmanchée d’un petit manche de bois, garni d’une frette ; il sert à ces ouvriers pour tracer sur les feuilles de bois, dont le placage doit être fait, le contour des desseins, selon lequel elles doivent être découpées. Voyez les fig. Planches de Marqueterie.

Pointe de pavé, (Mâçonnerie.) c’est la jonction en maniere de fourche, des deux ruisseaux d’une chaussée en un ruisseau, entre deux revers de pavé.

Pointe a tracer, (Menuiserie.) les menuisiers de placage & de marqueterie s’en servent pour tracer leurs desseins sur les feuilles de métaux ou de bois, qu’ils veulent contourner avec la scie ; elle a encore quelques autres usages dont on parle ailleurs. Cet outil est une espece de poinçon d’acier, avec un manche de bois proportionné à sa petitesse. (D. J.)

Pointe de cheveux, (Perruquier.) c’est cette extrémité de cheveux par où les Perruquiers commencent à tourner la boucle de la frisure : l’autre bout s’appelle la tête ; c’est par la tête que les cheveux se tressent.

Pointe, terme de Plumassier ; on nomme dans le commerce des plumes d’autruche noires, fin à pointe, les grandes plumes noires qui sont propres à faire des panaches ; les moindres de cette qualité s’appellent petit noir à pointe plate. (D. J.)

Pointe, terme de Reliure, outil qui sert à couper le carton de la couverture, d’une largeur & longueur convenables à la tranche ; il est de fer avec un manche de bois, de dix-huit ou vingt pouces de long, y compris le manche. Le bout de l’outil est coupé en chanfrain & très-tranchant.

Pointe, (Outil de Sculpt. & de Tailleur de pierre.) la pointe des Sculpteurs en marbre, & des Tailleurs de pierre, est une espece de ciseau de fer acéré, aigu par un bout, avec une tête de l’autre. Ils servent, les uns pour ébaucher leur ouvrage, ce qu’on appelle approcher à la pointe ; les autres pour percer des trous, & travailler dans les endroits étroits & profonds, où les ciseaux quarrés ne pourroient approcher. Les Sculpteurs nomment pointe double ou dent de chien, un ciseau quarré partagé en deux par le bas en forme de dents ; ils s’en servent après avoir approché à la pointe. (D. J.)

Pointe, (Sculpture.) c’est un outil de fer bien acéré, dont les Sculpteurs en marbre se servent pour ébaucher leurs ouvrages ; après que le marbre a été dégrossi ou épanelé, ce qu’ils appellent approcher à la pointe. Quand on a travaillé avec cet outil, on en prend un autre qui a double pointe pour ôter moins de matiere ; & ensuite lorsque l’ouvrage est plus avancé, on se sert du ciseau, ce que l’on nomme aussi approcher du ciseau. Voyez les Pl.

Pointes, s. f. pl. (Serrur.) ce sont des clous longs & déliés, avec une petite tête ronde, qui servent à attacher les targettes, les verroux, &c. & dont on ferre les grandes fiches.

Pointes, terme de Serrurier, ce sont des clous qui n’ont point de tête ; ils servent aux Serruriers à ferrer les fiches qui s’attachent aux portes, croisées & guichets. On les achete en gros ou à la somme, qui est de douze milliers, ou au compte quand ce sont celles qu’on appelle fiches au poids ; dans le détail, on les vend à la livre & au compte. Savary. (D. J.)

Pointes, (Tireurs d’or.) les Tireurs d’or nomment ainsi certains petits poinçons d’acier, très-fins & très-pointus, qui vont toujours en diminuant de grosseur, dont ils se servent pour polir les pertuis ou trous neufs de cette sorte de petite filiere, qu’ils appellent fer à tirer. Il y a de ces pointes si fines, que le fil d’or que l’on tire par les pertuis qu’ils ont poli, n’a pas la grosseur d’un cheveu.

Pointe, (Outil de Tourneur.) les tourneurs donnent le nom de pointes à deux pieces de fer pointues par un bout, qui s’entaillent dans les poupées de leur tour. Elles forment à-peu-près la figure d’un Z, dont la ligne du milieu seroit perpendiculaire, & non diagonale. (D. J.)

Pointe, en terme de Vannier ; c’est cet intervalle plein qu’il y a de la premiere torche à la seconde, d’où on commence à nommer combles, tous les cordons qui sont au-dessus.

Pointes, terme de Vitrier ; les pointes dont les Vitriers se servent pour attacher les panneaux & carreaux de verre, sur les bois des croisées & chassis, ne sont pas ordinairement des clous faits exprès, mais seulement le bout des clous que les maréchaux employent à ferrer les chevaux.

Pointe de diamant, (Vitrerie.) c’est un petit morceau de diamant, taillé en pointe, & enchâssé dans du plomb & dans du bois, dont les vitriers se servent pour tailler le verre.

Pointe, s. f. terme de Fauconnerie ; on dit qu’un oiseau fait pointe, lorsqu’il va d’un vol rapide en s’élevant ou en s’abaissant.