L’Encyclopédie/1re édition/RAQUETTE ou carcasse

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RAQUETTE ou Carcasse, s. f. (Hist. nat. Bot.) opuntia, genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le calice de cette fleur devient dans la suite un fruit charnu & ombilique, qui n’a qu’une capsule, & qui renferment des semences faites le plus souvent en forme d’anneau. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Raquette, (Botan. exot.) espece de figuier d’Inde, qui croît aux îles Antilles, & que nos voyageurs nomment aussi poirier piquant ; c’est cette espece d’opuntia nommé par J. Bauhin, opuntia vulgò herbariorum. Voyez Opuntia & Figuier d’Inde.

La raquette est un arbrisseau haut communément de dix à douze piés ; on l’appelle raquette aux îles, à cause que ses feuilles sont épaisses, rondes, & piquées comme une raquette de paulme, sans cependant que les trous traversent. Son fruit est de la grosseur & de la figure d’une noix verte ; on le pele pour le manger. Les François le nomment pomme de raquette, & les Espagnols higos de tuna.

Raquette, (Hist. mod.) instrument propre à jouer à la courte paume ou au volant. C’est une palette faite ordinairement d’un treillis de cordes de boyaux de chat, fort tendue & montée sur un tour de bois qui a un manche de médiocre longueur. Voyez Paume.

Ce mot est dérivé, si l’on en croit Menage, du bas latin retiquetta, diminutif de rete, reticulum, rézeau.

Pasquier observe que de son tems les raquettes étoient une invention toute récente, qu’auparavant on ne jouoit à la paume qu’avec la main, & que le nom de ce jeu venoit de ce qu’on y poussoit la bale avec la paume de la main, comme le pratiquoient les anciens ; cependant ceux-ci donnoient à ce jeu le nom de pila, & à la paume de la main celui de vola, qui ne sont pas tout-à-fait semblables. Quant à la maniere de jouer, elle étoit effectivement telle que Pasquier l’assure. Voyez Sphéristique.

Raquette, sorte de chaussure dont on se sert en Canada pour marcher sur la neige.

Ces raquettes, dit le P. de Charlevoix (journal d’un voyage d’Amérique, lettre 14), ont environ trois piés de long, & quinze ou seize pouces dans leur plus grande largeur. Leur figure est ovale, à cela près, que l’extrémité de derriere se termine en pointe. De petits bâtons de traverse passés à cinq ou six pouces des deux bouts, servent à les rendre plus fermes, & celui qui est sur le devant, est comme la corde d’une ouverture en arc, où l’on met le pié qu’on y assujettit avec des courroies. Le tissu de la raquette est de lanieres de cuir de la largeur de deux lignes, & le contour est d’un bois léger durci au feu. Pour bien marcher avec ces raquettes, il faut tourner un peu les genoux en dedans, & tenir les jambes écartées, de peur de se les blesser en les heurtant l’une contre l’autre. Il en coute d’abord pour s’y accoutumer ; mais quand on y est fait, on marche avec facilité, & sans se fatiguer davantage que si on n’avoit rien aux piés. Il n’est pas possible d’user de ces raquettes avec nos souliers ordinaires ; il faut prendre de ceux des sauvages, qui sont des especes de chaussons de peaux boucannés, plissés en-dessus à l’extrémité du pié, & liés avec des cordons.