L’Encyclopédie/1re édition/SÉGOVIE

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SÉGOVIE, (Géog. mod.) ville d’Espagne dans la vieille Castille, sur une montagne, entre deux grandes collines. Elle est près de la riviere d’Atayada, qui prend sa source au-dessus, à 15 lieues au nord-ouest de Madrid, & à 25 au levant de Salamanque.

Cette ville est fort ancienne, peuplée, & l’une des plus considérables d’Espagne. Son évêché est suffragant de Tolede, & vaut 25 mille ducats de revenu.

Parmi les bâtimens publics, se distingue le château royal appellé Alcaçal ; il est sur un rocher, & ses escaliers sont taillés dans le roc. La cassa de la moneda, c’est-à-dire la maison de la monnoie, a ceci de particulier, que la monnoie qui s’y fabrique se fond, se rogne, se bat, & se marque très-promptement, par le moyen de divers moulins que l’eau fait tourner : on ne bat monnoie dans toute l’Espagne qu’à Séville & à Ségovie ; mais la commode machine de Ségovie, en la fabriquant promptement, ne la rend pas plus belle.

L’aqueduc au contraire nommé puente-Segoviana, ouvrage des Romains, est un édifice d’un travail merveilleux ; il joint ensemble deux montagnes séparées par un intervalle d’environ trois mille pas ; il est composé de 177 arcades à deux rangs posés l’un sur l’autre ; le rang inférieur porte l’eau dans les faubourgs, & le supérieur la conduit dans la ville. La construction de cet édifice est si solide, qu’elle s’est conservée jusqu’à ce jour presque dans son entier. On attribue ce bel ouvrage au regne de Trajan. Colmenarès vous en donnera la description détaillée dans son historia de la ciudad de Segovia, 1637, in-fol. Mais il faut ajouter une grande incommodité de cet aqueduc, c’est que l’eau de la riviere qui coule autour de la ville est si mal-saine, qu’elle ne peut servir qu’à rafraîchir la bonne eau.

Le terroir de Ségovie est bien célebré pour nourrir des troupeaux de brebis qui portent ces fines laines qui sont uniques dans le monde, & dont l’Europe entiere ne peut se passer dans la manufacture des draps superfins. Long. 13. 55. latit. 40. 54.

Deux théologiens scholastiques fort accrédités en Espagne, Ribera (François de) jésuite, & Soto (Dominique), de l’ordre des Dominicains, naquirent tous deux à Ségovie dans le xvj. siecle.

Le jésuite Ribera a publié des commentaires latins qui ne sont pas dépourvus d’érudition, sur les douze petits prophetes. Il mourut à Salamanque l’an 1591, âgé de 54 ans.

Le dominicain Soto étoit fils d’un jardinier, & se fit connoître par son mérite. Il donna des commentaires sur l’épître aux Romains, un traité de justitiâ & jure, & deux livres de naturâ & gratiâ. Il mourut à Salamanque l’an 1560, âgé de 66 ans. (D. J.)

Ségovie, la nouvelle, (Géog. mod.) Il y a trois villes de ce nom à distinguer. La premiere est une ville de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, audience de Guatimala, sur les frontieres de la province de Honduras, sur la droite de la riviere d’Yare. Latit. 13. 24.

La seconde est une ville de l’Amérique, dans la terre ferme, province de Venezuela, sur le bord de la riviere de Bariquicemete, bâtie par les Espagnols en 1552. Elle a des mines d’or dans son voisinage. Latit. 6. 7.

La troisieme est une ville d’Asie dans l’île de Luçon, une des Philippines, dans la province & sur la riviere de Cagayan. Elle a un évêché fondé en 1598. (D. J.)

Ségovie, (Commerce de laine.) c’est la laine d’Espagne qui vient de Ségovie, ville du royaume de Castille, ou des environs. Quand on dit simplement & absolument laine de Ségovie, cela s’entend des trois sortes de laines qu’on en tire, dont ensuite les especes se distinguent en ajoutant les mots de prime, de seconde ou de tierce : ainsi l’on dit prime Ségovie, seconde Ségovie, & enfin tierce Ségovie. Il y a aussi de la petite Ségovie. (D. J.)