L’Encyclopédie/1re édition/SALONE

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SALONE, Salona, (Géogr. anc. & mod.) ancienne ville maritime de la Dalmatie. Elle est nommée Colonia-Martia, Julia Salona, dans une inscription rapportée par Gruter, p. 23. n°. 12.

Spon décrit ainsi les restes de cette ville. Salone étoit, dit-il, un ville fameuse dans l’antiquité, mais nous n’y trouvâmes que des masures, & il n’y a plus qu’une église avec quatre ou cinq moulins. Les villes périssent, aussi-bien que les hommes. Elle étoit dans une belle plaine à deux milles de la montagne Morlaque qu’elle avoit au nord, & s’étendoit jusqu’à un petit golfe qui étoit son port, dans lequel va tomber la petite riviere qui passe au milieu & où l’on pêche des truites. Elle est dans une égale distance de Glissa & de Spalatro, environ à 4 milles de l’un & de l’autre. Elle pouvoir avoir 8 à 9 milles de tour ; mais ceux du pays disent qu’elle en avoit davantage.

Le chemin qui va de Salone à Clissa portoit anciennement le nom de via Gabiniana, comme on l’apprend d’une inscription antique ; Clissa a succédé à l’Andetrium des anciens. Zonare rapporte que Dioclétien se retira à Salone, ἐν Σαλῶνι, ville de Dalmatie où il étoit né ; aussi un de nos poëtes fait-il dire à cet empereur dans la tragédie de Gabinie.

Salone m’a vu naître, & me verra mourir.

On nous représente communément Dioclétien comme un ennemi mortel des chrétiens. & son regne comme un saint Barthelemi continuelle. C’est néanmoins ce qui est entierement contraire à la vérité. Les fideles jouirent de la plus grande liberté pendant vingt ans sous cet empereur, & ne furent maltraités sous lui que pendant deux années. Encore Lactance, Eusebe & l’empereur Constantin imputent ces violences au seul Galerius, & non à Dioclétien. Il n’est pas en effet vraissemblable qu’un homme assez philosophe pour renoncer à l’empire l’ait été assez peu pour être un persécuteur fanatique. Concluons que l’ere des martyrs qui commence à l’avénement de Dioclétien, n’auroit dû être datée que deux ans avant son abdication, puisqu’il ne fit aucun martyr pendant vingt ans. C’est la réflexion de l’auteur de l’Essai sur l’Histoire universelle. (D. J.)