L’Encyclopédie/1re édition/SARRIETTE

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SARRIETTE, s. f. (Hist. nat. Bot.) satureia ; genre de plante qui differe du thym en ce que ses fleurs naissent éparses dans les aiselles des feuilles, & non pas réunies en maniere de tête ; du calament, en ce que les pédidules des fleurs ne sont pas branchus ; & du tymbre, en ce que ses fleurs ne sont pas disposées par anneau. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Sarriette, (Diete & Mat. méd.) cette plante qui est de la classe des labiées de Tournefort, est aromatique, & contient de l’huile essentielle. Elle à un goût vif, âcre, piquant, brûlant presque comme du poivre, lequel dépend d’un principe mobile qui irrite sensiblement les yeux & le nez, lorsqu’on l’en approche de très-près ; ce qui n’empêche pas qu’elle n’ait une odeur très-douce, lorsqu’on la flaire d’un peu loin. Je ne doute point que ce principe volatil ne soit un acide spontané, analogue à celui que j’ai observé dans le masum. Voyez Masum.

La sarriette est employée à titre d’assaisonnement dans plusieurs mets, sur-tout chez les Allemans, qui la mêlent aussi parmi les choux dont ils préparent leur sauer kraut. Cet assaisonnement aromatique & piquant est très-utile pour les estomacs foibles & languissans ; & il corrige utilement certains alimens lourds, fades, visqueux, &c.

Quant à son usage pharmaceutique, on doit regarder la sarriette comme un remede échauffant, tonique, fortifiant, stomachique, aphrodisiaque, emménagogue, diurétique, dont on peut tirer un secours efficace contre les maladies de langueur, de foiblesse, de relâchement, telles que les menaces d’affection soporeuse, les pâles-couleurs, l’œdème, l’asthme humide, &c. On doit donner ses feuilles ou ses sommités, en infusion dans de l’eau ou dans du vin : une preuve de son efficacité, c’est qu’elle a procuré quelquefois des crachemens & des pissemens de sang.

Une forte infusion de cette plante dans le vin fournit un excellent remede extérieur contre les échimoses, les œdèmes, &c. un bon gargarisme contre le relachement de la luette, l’enflure des amygdales, certaines extinctions de voix dépendantes du gonflement œdémateux du fond de la gorge, &c. Il faut avoir soin cependant de faire l’infusion plus légere pour ce dernier usage.

L’huile essentielle de sarriette étant une des plus vives, des plus âcres, vraissemblablement par le mélange de l’acide volatil, est très-propre à appaiser la douleur des dents cariées. (b)