L’Encyclopédie/1re édition/SERPETTE

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SERPETTE, s. f. (Outil d’Agricult.) petite serpe qui sert aux vignerons & aux jardiniers à tailler, à enter les arbres & à faire les vignes.

Pour tailler les arbres, soit branches, soit racines, on a nécessairement besoin de deux bons outils ; savoir, d’une serpette & d’une scie. La serpette sert à couper tout d’un coup le bois qui est jeune & vif, tendre, bien placé, & d’une grosseur médiocre, si bien qu’il ne faut jamais employer la serpette à l’endroit où son tranchant s’émousseroit aussi-tôt, & où la scie feroit mieux qu’elle. Quelques serpettes sont trop courtes, eu égard à leur longueur, & d’autres ne le sont pas assez. Il faut qu’elles tiennent un juste milieu.

La matiere doit être d’un bon acier & bien trempé ; de sorte que le tranchant ne se rebrousse, ne s’égraine ou ne s’ébreche pas aisément. Il faut qu’elles soient bien affilées, souvent nettoyées de la crasse qui s’y attache en travaillant, & qu’elles soient autant de fois repassées qu’on s’apperçoit que le tranchant ne coupe pas bien, c’est-à-dire qu’elles ne passent pas aisément à proportion de l’effort qu’on fait.

Quand on a beaucoup d’arbres à tailler, il est besoin d’avoir beaucoup de serpettes pour en changer souvent. Il faut encore que l’alumelle de ces serpettes soit de médiocre grandeur, c’est-à-dire qu’elle ne soit que d’environ deux pouces, jusqu’à l’endroit où la courbure du dos commence ; & ensuite toute la courbure, jusqu’à l’extrémité de la pointe, doit encore avoir deux pouces ; ensorte que le tour du dehors ne soit que de quatre pouces en tout. Le manche doit tirer plus au quarré qu’au rond, & le bois de cerf y est très-propre. Il faut que ce manche soit d’une grosseur raisonnable pour que la main soit pleine, & qu’elle le puisse tenir bien ferme, sans qu’il tourne ou qu’il lui échappe en faisant effort ; une grosseur de deux pouces & huit lignes, ou tout au plus de trois pouces, est celle qu’il faut pour l’usage d’un homme qui se plaît à tailler toutes sortes d’arbres, & c’est une des plus utiles occupations de la campagne ; c’étoit celle du grec dont parle Aulugelle :

Un sage assez semblable au vieillard de Virgile,
Homme égalant les rois, homme approchant des dieux
Et comme ces derniers, satisfait & tranquille.
Son bonheur consistoit aux beautés d’un jardin.
Un Scythe l’y trouva, qui la
sepe à la main,
De ses arbres à fruit retranchoit l’inutile,
Ebranchoit, émondoit, ôtoit ceci, cela,
Corrigeant par tout la nature,
Excessive à payer ses soins avec usure
. (D. J.)