L’Encyclopédie/1re édition/SUOVETAURILIES

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SUOVETAURILIES, s. f. pl. (Antiq. rom.) suovetaurilia, où l’on immoloit un verrat, un bélier, & un taureau, comme le prouve le mot même su-ove-taurilia, qui est composé de sus, ovis, taurus ; le mot ove est pris ici pour un bélier ; car c’est le mâle de l’espece qui n’étoit point coupé, qu’on offroit dans cette cérémonie ; d’où vient qu’on l’appelloit autrement solitorilia, c’est-à-dire, selon Sextus Pompeïus, solida, mot qui signifie que les animaux étoient entiers, & qu’ils n’avoient perdu aucune partie de leur corps.

Les sacrifices du bélier, du verrat, & du taureau, étoient les plus grands, & les plus considérables que l’on faisoit à Mars. Ce sacrifice se faisoit pour la lustration du peuple, après le dénombrement du censeur, pour l’expiation des champs, des fonds de terre, des armées, des villes, & de plusieurs autres choses, pour les sanctifier, ou les expier, ou les purifier, & attirer la protection des dieux par cet acte de religion.

Les suovetaurilia se distinguoient en grands & en petits : dans les petits, l’on immoloit de jeunes animaux, un jeune verrat, un agneau, un veau ; dans les grands, on sacrifioit des animaux parfaits qui avoient toute leur taille, comme le verrat, le bélier, le taureau. Avant le sacrifice, on faisoit faire à ces animaux trois fois le tour de la chose qu’il s’agissoit de purifier. Que la victime qui doit être offerte, soit promenée trois fois autour des champs, dit Virgile. Le verrat étoit toujours immolé le premier, comme l’animal qui nuit le plus aux semences & aux moissons ; & successivement le bélier & le taureau.

Les suovétaurilies étoient chez les Romains un sacrifice à Mars ; mais chez les Grecs ce sacrifice s’offroit à d’autres dieux : dans Homere à Neptune, & dans Pausanias à Esculape. (D. J.)