L’Encyclopédie/1re édition/SURINAM, ou SURINAME

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SURINAM, ou SURINAME, (Géog. mod.) riviere de l’Amérique méridionale dans la terre ferme, au pays appellé Guïane, ou Goyanne.

Cette riviere qui a son embouchure entre celles de Coupenam & de Soramine, est située dans la Guïane sur les côtes de l’Amérique méridionale, à six ou sept degrés de latitude septentrionale. Elle donne son nom à une vaste étendue de pays, où les Anglois s’étoient d’abord établis, & qu’ils céderent aux Hollandois en 1674.

Ce pays a plus de trente lieues d’étendue le long de la riviere. Les Hollandois y ont aujourd’hui une colonie très-florissante, défendue par deux forts, celui de Zélandia & celui de Sommelsdyk.

La colonie de Surinam est sujette à trois co-seigneurs qui sont la compagnie des Indes occidentales, la ville d’Amsterdam, & l’héritier du feu M. de Sommelsdyk ; mais la souveraineté en appartient aux Etats-généraux.

Les principales productions du pays pour le commerce, sont du tabac, du bois de teinture, du café & du sucre. Il y croît présentement assez de riz, de cacao & de rocou. Le tabac est presque tout consommé par les habitans. Le bois de teinture a un assez bon débit ; mais le café & le sucre sont des objets importans ; le café a très-bien réussi, & le sucre vaut mieux que celui de l’île des Barbades ; on en tire une liqueur distillée qu’on nomme rum, qui est plus forte que l’eau de-vie, & dont on fait un grand négoce dans les colonies angloises. Les orangers, limonniers, citronniers, les melons d’eau, & les raisins de vigne, croissent parfaitement bien dans cette colonie. Les rivieres y sont fertiles en poissons.

Les pluies regnent fréquemment dans ce pays depuis le mois de Novembre jusqu’au mois de Juillet, & dans ce tems-là le vent de nord-est tempere le climat pendant le reste de l’année la chaleur y est excessive. Les jours & les nuits y sont presque toujours égaux, le soleil se levant & se couchant toujours à six heures, une demi-heure plutôt, ou plus tard.

Dans de certaines saisons de l’année, on prend sur le bord de la mer de très-grosses tortues. On cultive dans la terre ferme la cassave, le bonanoe & autres racines bonnes pour la nourriture. Les guaves & les pommes de pin y naissent naturellement. Les bêtes sauvages & les animaux venimeux infectent les bois de cette contrée. On y redoute extrèmement trois sortes de tigres, les uns noirs, les autres marquetés & les autres rouges. Les singes & les guenons fourmillent dans les forêts. On y trouve des serpens en grand nombre, de différentes sortes & grandeurs. Les mosquites y sont extrèmement incommodes, sur-tout dans les terres basses & vers la mer. Les terres sablonneuses sont ravagées par les fourmis. Enfin, il n’y a point de pays au monde où il y ait une plus grande quantité de grenouilles & de crapaux.

La colonie de Surinam est gouvernée à Amsterdam par un college de directeurs, qui envoie ses ordres à la régence de Surinam pour l’observation de la police, & de tout ce qui est nécessaire au maintien de la colonie. Ce sont aussi les directeurs qui envoient un gouverneur à Surinam ; mais il faut qu’il soit approuvé par les Etats-généraux, auxquels il doit prêter serment de fidélité, de même qu’aux directeurs.

Les troupes qu’on entretient pour la sûreté de la colonie consistent en quatre compagnies d’infanterie. Le gouverneur est colonel de ces quatre compagnies, & capitaine de la premiere. (D. J.)