L’Encyclopédie/1re édition/SUSE, province de

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SUSE, province de, (Géog. mod.) province des états du roi de Sardaigne dans le Piémont, avec titre de marquisat, & de vallée ou val. Elle est bornée au nord par le val de Maurienne, au midi par le val de Carmagnole, à l’orient par la province de Turin, & au couchant par les Alpes. Suse est sa capitale ; ses deux principales rivieres sont la Doria & le Cénis. Cette province autrefois très-étendue sous le nom de Marche Ségusiane, n’a guere aujourd’hui que vingt-quatre milles de longueur, sur huit milles de largeur. Sa partie septentrionale est inhabitable & impraticable, à cause des hautes montagnes qui la couvrent, & qui font partie du mont Génevre & des monts Cénis. On ne peut passer de la vallée de Prégel dans le val de Suse, que par trois endroits qui sont le col de Collet, le col de la Rousse, & le col de Fénestrelles. (D. J.)

Suse, (Géog. mod.) ville d’Italie dans le Piémont, capitale de la province à laquelle elle donne son nom. Elle est située sur les bords de la Doria, à 15 lieues au nord-ouest de Turin. Elle est environnée de montagnes & de collines fertiles en fruits & en vins. La plaine est arrosée par la Doria & par le Cénis, qui fournissent aux habitans des eaux saines, & à la terre une grande fécondité. Son gouverneur est en même tems gouverneur de la province ; & la citadelle a son gouverneur particulier. Long. 24. 43. lat. 45. 7.

Cette ville est mise par les anciens au nombre des villes les plus illustres des Alpes. On l’appelloit Segusio Secusio, Secusia, Segusium, & ses habitans Segusini. On y voit encore quelques restes des ouvrages des Romains, & entr’autres ceux d’un arc de triomphe élevé à l’honneur d’Auguste.

Ammian Marcellin nous apprend qu’on y voyoit le tombeau du roi Cottius, qui y avoit fait sa résidence. Elle étoit encore très-célebre lorsqu’elle devint la capitale du marquisat auquel elle donna son nom, & qui comprenoit une partie de la Lombardie & de la Ligurie. Mais si la ville de Suse est fameuse par son ancien lustre, elle ne l’est pas moins par les fureurs de la guerre auxquelles sa situation l’a toujours exposée.

Bellovèse, Brennus & les Carthaginois, prirent cette route pour passer en Italie, & commirent bien des hostilités dans le pays. Flavius Valens qui vint après eux, ruina cette ville & les bourgades voisines, après avoir mis à feu & à sang la vallée de Maurienne. Les Goths firent le même ravage lorsqu’ils passerent dans les Gaules, sous le regne de Théodoric. Les Wandales ne furent pas moins barbares ; & l’armée de Constantin, victorieuse de Maxence, après avoir pillé & ruiné tous les environs, détruisit cette ville de fond en comble. Ce ne fut pas là la fin de ses malheurs : elle eut beaucoup à souffrir de la part des Lombards lorsqu’ils passerent dans la Gaule, sous la conduite d’Amon Zaban & de Rodanus. Les Sarrasins, qui vers l’an 900 traverserent le val de Suse pour pénétrer en Italie, porterent le fer & le feu dans ce val, & n’épargnerent pas la ville.

Mais de toutes ces calamités, la plus déplorable peut-être, fut celle qu’elle souffrit de la part de l’empereur Barberousse, quand il passa d’Allemagne en Italie. Suse fut absolument réduite en cendres, & dans cet incendie périrent les archives & les anciens monumens qui prouvoient l’origine de cette ville. Enfin la division de ses habitans mit le comble à ses malheurs. Il y a environ quatre cens ans qu’il s’y forma deux partis qui se firent une longue & cruelle guerre. Elle se trouva par-là tellement dépeuplée qu’elle n’eut plus aucune espérance de se rétablir, ce qui obligea de restraindre l’enceinte des murs au point où on les voit à-présent. (D. J.)

Suse, (Géog. mod.) ville d’Afrique en Barbarie, au royaume de Tunis sur la côte, à 2 lieues de Carvan, & à 35 de Tunis. Elle a été autrefois considérable, & a soutenu de longs sieges. Les Turcs en sont aujourd’hui les maîtres. Son terroir ne rapporte que de l’orge, mais le pays a des huiles, des dattes & des figues. (D. J.)