L’Encyclopédie/1re édition/SYCOMORE

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SYCOMORE, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) arbre étranger nommé sycomorus sive ficus ægyptia par J. B. Parhinson, Rauwolf & Ray ; ficus folio mori fructum in calice ferens. C. B. P. Son nom est formé de συκῆ, figuier, & μορέα mûrier, comme qui diroit plante qui tient du figuier & du mûrier ; en effet c’est une espece de figuier qui tient beaucoup du mûrier par ses feuilles, & qui devient un grand arbre fort rameux ; son bois est dur & robuste, noirâtre, jettant un suc laiteux quand on y fait des incisions ; ses feuilles sont semblables à celles du mûrier, mais plus rudes & moins vertes ; son fruit est une espece de figue qui croît attachée à son tronc ; il en porte trois ou quatre fois l’année ; ce fruit differe de la figue commune, premierement, en ce qu’il ne mûrit que rarement, à moins qu’on ne l’entame avec l’ongle, ou avec un couteau ; secondement, en ce qu’il ne contient point de grains ; troisiemement, en ce que son goût est plus doux. On peut cultiver cet arbre dans les pays chauds ; il a été apporté d’Egypte en Europe.

Pline, l. XIII. ch. vij. Théophraste, l. IV. c. ij. & Dioscoride, l. I. remarquent que ces figues ne murissent point qu’on ne les entame avec le couteau. Amos, VII. v. 14, avoit dit la même chose : « je ne suis pas prophete, dit-il, je suis un simple pasteur qui me mêle d’égratigner les sycomores ».

Le goût du fruit du sycomore est à-peu-près le même que celui des figues sauvages. On féconde cet arbre en faisant des fentes dans l’écorce ; il découle continuellement du lait de ces fentes : ce qui fait qu’il s’y forme un petit rameau chargé quelquefois de six ou sept figues. Elles sont creuses, sans grains, & on y trouve une petite matiere jaune, qui est ordinairement une fourmiliere de vers. Ces figues sont douces, désagréables au goût, mais elles humectent & rafraîchissent.

Il croît beaucoup de sycomores en Egypte, surtout aux environs du Caire ; quelques-uns sont si gros, qu’à peine trois hommes les pourroient embrasser. Il y en avoit aussi en Judée, puisque Zachée monta sur un sycomore pour voir passer Jesus-Christ, la petitesse de sa taille l’empêchant de le découvrir autrement dans la foule ; le mot schikamah traduit par mûrier, pseaume 77, v. 52, veut dire un sycomore.

L’arbre qu’on appelle à Paris fort improprement sycomore, n’est autre chose que le grand érable, acer majus ; la beauté de son bois le fait rechercher par les Menuisiers & les Ebénistes. Le véritable sycomore ne vient point en France. (D. J.)