L’Encyclopédie/1re édition/TAEDA

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TÆDA, s. m. (Botan. & Littérat.) tæda en botanique, est le pin des montagnes converti en une substance grasse. Rai, Dalechamp, Clusius & Parkinson ont, je crois, raison de penser que le mot tæda est homonyme, & signifie quelquefois le bois gras & résineux, τὴν δᾷδα, du pin que l’on brûle en forme de torche ; & quelquefois une espece particuliere d’arbre que Théophraste n’a point connue. On tire de la partie inférieure du pin des montagnes, qui est près de la racine, des morceaux de bois résineux dont on se sert pour allumer du feu, & pour éclairer dans plusieurs endroits de l’Allemagne ; la seve se jettant sur la racine cause une suffocation, par le moyen de laquelle l’arbre se convertit en tæda. Le sapin & la melèse se convertissent quelquefois en tæda ; mais cela est assez rare, car c’est une maladie particuliere au pin des montagnes.

L’usage que l’on faisoit des morceaux de tæda pour éclairer, est cause que l’on donne le même nom à toutes sortes de flambeaux, & sur-tout au flambeau nuptial. Aussi le mot de tæda se prend-il dans les poëtes pour le mariage. Catule appelle un heureux mariage, felices tædæ ; & Séneque nomme tæda, l’épithalame ou la chanson nuptiale. Aristenete, dans sa description des noces d’Acoucés & de Cydippé, dit qu’on mêla de l’encens dans les flambeaux nuptiaux, afin qu’ils répandissent une odeur agréable avec leur lumiere ; c’est un luxe qui nous manque encore.

Δαΐς, ou δᾴς, signifie proprement un flambeau ou une torche, de δαίω, j’allume ; d’où est venu le latin tæda, comme de δάσκον, tescum, δίνος, tina. On appelloit ainsi une torche faite de plusieurs petits morceaux de bois résineux attachés ensemble, & enduits de poix. Pline se sert du mot tæda pour signifier un arbre de l’espece du pin. On tiroit les tædæ du picæa, du pin, & ex omnibus δᾳδοφόροις, c’est-à-dire, de tous les arbres tédiferes. Saumaise vous en diroit bien davantage, mais je n’ose transcrire ici ses remarques d’érudition. (D. J.)