L’Encyclopédie/1re édition/TISSER

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TISSER, v. act. (Gramm.) c’est fabriquer sur le métier ou autrement, tout tissu ou un ouvrage d’ourdissage, quel qu’il soit, comme la toile, le drap, les étoffes, &c.

Tisser, v. act. terme de Friseuse de point, c’est coucher & ranger le tissu, selon l’ordre du patron ; pour faire du point, on cordonne, on tisse, on fait les brides, on brode, & finalement on fait les picots. (D. J.)

Tisser, (Rubanier.) c’est la maniere de fabriquer la frange sur le moule, voici comment cela se fait ; après que les soies de la chaîne sont passées dans les lisses, ainsi qu’il a été dit ailleurs, le bout étant fixé sur l’ensuple de devant au moyen de la corde à encorder ; il est question d’y introduire la trame qui est ordinairement composée de plusieurs bouts de soie retords ensemble, & dont on peut prendre tant de brins que l’on voudra. Cette trame est appellée retord. Voyez Retord. On approche de cette chaîne un moule de bois, qui est de la hauteur & figure que l’on veut donner à la frange ; c’est-à-dire uni, si la frange doit être unie, ou festonnée, si la frange doit être festonnée ; on voit ces différens moules dans les figures. L’ouvrier ouvrant son pas y introduit la trame au moyen de cette ouverture, en passant la soie qui la compose & qu’il tient de la main droite, & le moule de la gauche, & du côté gauche de la chaîne ; il commence cette introduction de trame par-dessous le moule, en tenant le bout de cette trame avec les mêmes doigts dont il tient le moule ; il ramene cette trame par-dessus ledit moule, puis il frappe cette duitte avec le doigtier ou coignée qu’il a à la main droite ; ensuite il enfonce un autre pas où il fait la même chose & continue de même ; on voit que cette continuité de tours est ce qui forme la pente de la frange qui sera guipée en sortant de dessus le métier, si elle le doit être, ou coupée sur le moule si c’est de la frange coupée ; lorsque le moule se trouve rempli, l’ouvrier prend une partie de cette pente qu’il fait glisser de dessus le moule (qui va pour cet effet un peu en rétrécissant par ce bout) du côté du rouleau de la poitrine, & tirant la marche du côté des lisses ; cette partie de pente ainsi hors du moule se tortille aisément par son propre rond, & par le secours des doigts de l’ouvrier qui entortillent un peu cette partie ayant les doigts passés dedans, ce qui l’oblige à se tourner & à former ce qu’on appelle coupon, & que l’on voit sur les métiers de la Planche ; ces différens coupons débarrassent le moule, à l’exception d’une certaine quantité de duittes que l’on y laisse pour le tenir en respect, & en laissant la plus grande portion libre pour recommencer le travail.