L’Oiseau bleu (Épinal)

La bibliothèque libre.
Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir L’Oiseau bleu.



Ajouter un fac-similé pour vérification, — comment faire ?
Ajouter un fac-similé pour vérification, — comment faire ?

L’Oiseau bleu
LIVRE D’IMAGES.



PELLERIN & CIE. à ÉPINAL.

Il était une fois un roi fort riche qui, devenu veuf, s’était remarié et présenta sa fille Florine, qui était belle comme le jour, à la nouvelle reine et à sa fille Truitonne qu’on appelait ainsi parce que son visage était rempli de taches de rouge comme une truite et que ses cheveux sâles et crasseux et sa peau huileuse la rendaient dégoutante à voir.

Le roi dit un jour à la reine que Florine et Truitonne étaient en âge de se marier et qu’il fallait faire en sorte d’en donner une au premier prince qui viendrait à la cour. – Peu de temps après un jeune seigneur appelé le prince Charmant vint à la cour et déclara son amour à Florine, en dépit de la reine, qui voulait lui présenter Truitonne.

La reine désespérée et Truitonne inconsolable de n’avoir pas la préférence sur Florine, obligèrent le roi à consentir que pendant le séjour du prince Charmant, on enfermerait Florine dans une tour. – Aussitôt des hommes masqués s’emparèrent de la pauvre fille, la portèrent au haut de la tour et l’y laissèrent dans la dernière désolation.

Un jeune Seigneur de la suite du prince Charmant, touché de compassion pour Florine, obtint d’une servante qu’elle ferait venir Florine à la fenêtre de la tour pour causer avec son maître : mais la reine instruite par la confidente même fit mettre à la fenêtre Truitonne voilée, et le prince charmant trompé lui donna sa bague comme gage de sa foi.

Le lendemain le prince Charmant revint au rendez-vous et comme il avait décidé d’enlever celle qu’il croyait Florine, il la fit monter dans une chaise volante attelée de grenouilles ailées. – Il lui jura une fidélité éternelle, et, sur sa demande, la conduisit chez sa marraine, la fée Soussio.

Bien que le château fut éclairé, le prince en arrivant ne reconnut pas d’abord son erreur, mais dès que la fée Soussio lui présenta Truitonne pour femme : – Moi, épouser ce monstre, s’écria-t-il ! vous me croyez bien sot de me faire une semblable proposition. – Mais la fée pour se venger le changea pour sept ans en un gros oiseau bleu.

Dès que Truitonne fut de retour chez sa mère elle lui raconta son dépit. – Celle-ci pour se venger la fit parer des plus riches vêtements et l’envoya auprès de Florine pour lui faire voir les présents de noce du prince Charmant jusqu’à son anneau qu’elle ne manquait pas de faire briller à ses yeux.

Florine ayant perdu tout espoir d’épouser le prince Charmant ressentit une si grande douleur qu’elle en pleurait jour et nuit. – Un soir s’étant mise à la fenêtre elle vit paraître un charmant oiseau bleu qui voltigeait près d’elle et qui revint plusieurs nuits de suite pour lui apporter les plus beaux bijoux.

Mais la reine informée de cela fit garnir de pointes acérées un grand arbre sur lequel se perchait l’oiseau bleu – Celui-ci vint un soir à tire d’ailes s’abattre sur son arbre, mais les armes lui coupèrent les pattes. – Il tomba tout sanglant au pied de l’arbre et fut recueilli par un enchanteur qui le cherchait depuis longtemps.

La pauvre Florine privée de la visite de l’oiseau bleu était inconsolable, et, désespérée de ne plus voir son cher oiseau, elle passait ses nuits à pleurer, et se mettant de temps en temps à sa fenêtre, elle répétait sans cesse :

Oiseau bleu, couleur de temps,
Vole à moi promptement !

Cependant le père de Florine vint à mourir. Le peuple la délivra et la reconnut pour souveraine. – La reine mère fut assassinée et Truitonne s’enfuit chez la fée Soussio. – L’enchanteur convint avec elle de conduire Truitonne au prince Charmant, et rendit à celui-ci sa première forme à condition qu’il l’épouserait.

Florine déguisée partit à la recherche du prince Charmant. – Elle rencontra une petite vieille qui tout-à-coup changea de visage, parut belle et lui dit : celui que vous cherchez n’est plus oiseau. Vous viendrez à bout de le trouver. Voilà quatre œufs : vous les casserez lorsque vous serez embarrassée ; ils seront pour vous d’un utile secours.

Après avoir marché huit jours et huit nuits Florine arriva au palais du prince Charmant. Elle n’y entra qu’après avoir essuyé cent rebuffades des gardes. Elle reconnut aussitôt le prince et Truitonne, et s’étant présentée sous le nom de Mie-Souillon, elle leur dit qu’elle venait leur vendre des surprises et des bijoux.

Le lendemain Florine fit sortir d’un œuf une petite voiture qu’elle donna à Truitonne à condition qu’elle la laisserait coucher dans le cabinet des échos, voisin de la chambre du prince. – Un autre jour elle lui donna un pâté, à la même condition. – Dès que Truitonne voulut le manger il en sortit des oiseaux qui se mirent à chanter.

A la nuit Florine se fit conduire dans le cabinet des échos. – Lorsqu’on fut endormi, elle commença ses plaintes de ne pas retrouver le prince Charmant. – Celui-ci qui ne dormait pas, l’ayant entendue, entra tout d’un coup et se jetant à ses pieds, couvrit ses mains de baisers et de larmes et faillit mourir de joie.

Au même moment parurent l’enchanteur et la fée qui avait donné les œufs. – Ils déclarèrent que la fée Soussio ne pouvait plus rien contr’eux et que le mariage du prince et de Florine allait se faire sur le champs. – Truitonne voulut s’y opposer, mais la fée la changea en truie et elle s’enfuit en grognant dens la basse-cour.

LES CONTES DES FÉES.



PELLERIN & CIE. à ÉPINAL.