L’Origine de nos Idees du Sublime et du Beau/PIV VII

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Traduction par E. Lagentie de Lavaïsse.
Pichon et Depierreux (p. 241-242).

SECTION VII.
L’exercicê est nécessaire aux plus délicats organes.

Comme le travail ordinaire, qui est un mode de douleur, est l’exercice des plus grossières parties du système animal, un mode de terreur est l’exercice des plus délicates ; et, si un certain mode de douleur est de nature à agir sur l’œil ou sur l’oreille, comme ce sont les organes les plus délicats, l’affection sa rapproche davantage de celle qui a une cause mentale. Dans tous ces cas, si la douleur et la terreur sont modifiées de manière à ne pas être actuellement nuisibles, si la douleur ne va pas jusqu’à la violence, et que la terreur ne roule pas sur la destruction présente de l’individu, comme ces émotions tirent les parties, ou les délicates, ou les grossières, d’un embarras incommode et dangereux, elles sont capables de produire du délice, non du plaisir, mais une sorte d’horreur délicieuse, une espèce de tranquilité mêlée de terreur, et cette terreur, en tant qu’elle se rapporte à la conservation individuelle, est une des plus fortes de toutes les passions. Son objet est le sublime [1]. Je l’appelle étonnement quand elle atteint son plus haut degré. Les degrés subordonnés sont la crainte, la vénération et le respect, qui montrent par l’étymologie des mots, de quelle source ils sont dérivés, et combien ils sont distincts du plaisir positif.

  1. Partie II, sect. 2.