La Vie de M. Descartes/Livre 4/Chapitre 12

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Daniel Horthemels (p. 358-366).

Mr Descartes n’étoit pas tellement occupé des réponses qu’il avoit à faire aux objections de Messieurs De Fermat, De Roberval, Petit, et Morin, qu’il n’eût quelques momens de reste pour les livres nouveaux, et particulierement pour ceux qui concernoient les mathématiques, et la physique. Il en reçût un assez bon nombre de toutes grandeurs cette année, venus de France par le moyen du P Mersenne, de M De Zuytlichem, et de quelques libraires de Hollande. L’un des principaux pour la forme fut celuy de M De Beaugrand sécrétaire du roy touchant la géostatique, imprimé dés l’année précédente de la grandeur qui s’appelle in folio , circonstance qui dés lors formoit un préjugé contre la bonté d’un livre.

Mais M Descartes étoit déja préoccupé d’ailleurs d’une maniére peu favorable à M De Beaugrand, de la capacité duquel il n’avoit jamais eu une opinion fort avantageuse. M De Beaugrand avoit encore contribué de son côté à diminuer l’estime que M Descartes pouvoit avoir euë de son cœur et de son esprit, lors qu’il s’étoit laissé aller à la jalousie contre M Des Argues. Voyant que celuy-cy s’intéressoit avec le P Mersenne pour servir M Descartes dans la poursuite du privilége qu’on demandoit à la cour de France pour l’impression de ses ouvrages, il crut devoir y jetter des obstacles, suivant le mauvais engagement où il s’étoit mis de prendre le contrepied de M Des Argues. Par une suite de ces démarches il continua de rendre de mauvais offices à M Descartes : et n’ayant pû empêcher que ses essais s’imprimassent avec la permission du roy en Hollande, il ne trouva plus d’autre ressource à la passion qu’il avoit de luy nuire que celle de décrier ses ouvrages avant même qu’il les eût pû voir, et de les étouffer dans leur naissance s’il eût été possible. à peine avoit-il pû se saisir d’un éxemplaire de la dioptrique, soit en surprenant la bonté du P Mersenne à qui M Descartes faisoit envoyer les derniéres épreuves, soit en abusant de la fidélité de l’imprimeur De Leyde, qui luy avoit envoyé les feuilles à mesure qu’on les tiroit de la presse comme nous l’avons remarqué ailleurs, qu’il avoit fait paroître son empressement pour luy trouver des censeurs plûtôt que des lecteurs. Enfin il sembloit avoir voulu combler sa mauvaise volonté en inserant quelque chose contre luy dans son livre de la géostatique qui s’imprimoit actuellement, sur la lecture précipitée qu’il avoit faite de quelques endroits de sa dioptrique avant que de l’envoier à M De Fermat.

Il faut avoüer que M Descartes parut un peu trop sensible d’abord à l’irrégularité de cette conduite pour un philosophe de son rang : et l’indifférence qu’il témoigna pour voir le livre de la géostatique pouvoit être suspecte d’affectation. Le préjugé qu’il en conçût contre cét ouvrage se trouva (heureusement pour sa réputation) véritable et solide : mais il semble que le hazard et le ressentiment n’y avoient guéres moins de part que son discernement. Le livre de M De Beaugrand eut presque autant de censeurs qu’il rencontra de lecteurs intelligens. L’un des prémiers qui le réfutérent fut M De La Brosse médecin de profession : et il falloit que le livre fût d’une grande foiblesse pour tomber sous ces prémiers coups, qui au jugement des habiles de la profession, n’étoient ni trop rudes, ni trop adroitement portez.

M De Fermat qui étoit ami particulier de M De Beaugrand regarda cette disgrace avec des yeux qui marquoient la tendresse et la compassion de son cœur.

Il n’auroit sans doute rien épargné pour soutenir ses intérets, s’il avoit eu lieu de défendre sa cause sans faire tort à sa propre réfutation : et il s’en étoit expliqué au P Mersenne dés le mois d’octobre ou de novembre de l’année précédente en ces termes. Vous m’avez envoyé deux discours, dit M De Fermat à ce pére, dont l’un est contre M De Beaugrand, et l’autre est de la composition de M Des Argues. J’avois déja vû le second qui est agréable et fait de bon esprit. Pour le prémier (celuy de M De La Brosse contre M De Beaugrand) il ne peut être mauvais si nous en retranchons les paroles d’aigreur. Car la cause de M De Beaugrand est tout-à-fait déplorée. Je luy écrivis les mêmes raisons de vôtre imprimé à luy même, dés qu’il m’eût envoyé son livre. Le jugement de M Descartes s’accordoit parfaitement avec celuy de M De Fermat en ce point. Je n’ay reçû, dit-il au même pére, que depuis peu de jours les deux petits livres in folio que vous m’avez envoyez, dont l’un qui traite de la perspective et qui est de M Des Argues n’est pas à dés-approuver, outre que la curiosité et la netteté de son langage est à estimer.

Mais pour l’autre (celuy de M De La Brosse) je trouve qu’il réfute fort mal une chose que je crois fort aisée à réfuter, et que son silence auroit été meilleur que ce qu’il a fait. Il apprit ensuite avec plaisir qu’il s’étoit rencontré en ce point avec M De Fermat, et il en rabatit encore quelque chose de l’estime qu’il pouvoit avoir euë auparavant pour M De Beaugrand. Il faut, dit-il, que la démonstration prétenduë de la géostatique soit bien défectueuse, vû que M De Fermat même qui est tant ami de l’auteur, la dés-approuve ; et que moy qui ne l’ay point vuë, ay jugé qu’elle étoit mal réfutée, par la raison seule que je n’ay pû m’imaginer qu’elle fût si peu de chose que ce que je voyois que l’on réfutoit.

Ces maniéres de juger sainement d’autruy, quoi que différentes dans ces deux hommes rares, peuvent être considérées comme des traits de la supériorité que les génies du prémier ordre ont au dessus des esprits du commun. M De Fermat ferme les yeux aux intérets de son ami, et approuve la réfutation que l’on fait de son livre, à quelques duretez prés. M Descartes oublie les mauvais offices d’un homme qui avoit recherché toutes les voies de le des-obliger, et ne peut approuver une foible réfutation d’un méchant livre, au décry duquel il sembloit avoir quelque interêt. Cette différence apparente ne part que d’un fond égal d’intégrité dans l’un et dans l’autre : et sans songer à s’imiter ils ont également soin de prévenir les effets de leur passion, et ils se réünissent dans leur jugement principal, qui se terminoit à considérer la géostatique comme un mauvais ouvrage, et à ne point approuver sa réfutation dans les maniéres et le stile de M De La Brosse.

Les instances que le Pére Mersenne et M Des Argues firent à M Descartes l’emportérent pourtant sur la résolution qu’il avoit prise de ne point voir le livre de M De Beaugrand. Il le fit donc chercher à Leyde et à Amsterdam, mais inutilement, et il fallut le faire venir de Paris. Il s’étoit défendu jusques-là de le voir, non par un sentiment de mépris, mais par l’expérience qu’il avoit d’ailleurs de la médiocrité de l’auteur, et par un éloignement merveilleux qu’il avoit pour reprendre les fautes d’autruy . C’étoit suivant cette disposition d’esprit qu’il se déclaroit souvent contre les écrits satyriques, et contre les réfutations trop aigres. C’étoit aussi ce qui l’avoit empéché d’approuver le livre de M De La Brosse contre M De Beaugrand. Outre, dit il, que M De La Brosse s’étoit arrêté à reprendre des choses qu’on pouvoit excuser : aprés quoy il avoit finy sa réfutation sans faire voir la suite du raisonnement qu’il réfutoit. De sorte que ceux qui comme M Descartes n’avoient point vû la géostatique de M De Beaugrand avoient tout sujet de juger que M De La Brosse s’étoit contenté de l’égratigner, ou de luy arracher les cheveux, sans luy avoir fait de profondes blessûres.

Enfin il reçût le livre de la géostatique vers le commencement du mois de juin, par le moyen de son limousin , c’est-à-dire, d’un nouveau valet de chambre que le P Mersenne luy avoit envoyé pour succéder au jeune Gillot qui étoit devenu un homme d’importance par les libéralitez de son maître, et qui s’étoit rendu assez habile sous luy pour enseigner les mathématiques aux autres. Il n’eut pas plûtôt lû la géostatique qu’il reconnut la précipitation avec laquelle il avoit jugé de M De La Brosse. Ayant trouvé le livre encore plus mauvais que son préjugé ne le luy avoit fait concevoir, il comprit avec M De Fermat comment la réfutation de ce livre pouvoit être bonne, quoiqu’en la considérant séparément il ne pût la regarder comme une bonne piéce à cause de l’aigreur de ses termes, et du peu de liaison qu’il avoit trouvé dans son raisonnement.

Quand au jugement qu’il fit de la géostatique aprés l’avoir lûë, il se vid obligé de l’envoyer au P Mersenne, tant pour la satisfaction de ce pére que pour celle de M Des Argues, à qui il n’étoit plus en état de rien refuser. C’est ce qu’il fit peu de jours aprés dans une lettre qu’il en écrivit à ce pére en ces termes. Quoique les fautes qui se trouvent dans l’écrit de la géostatique soient si grossiéres qu’elles ne puissent surprendre personne, et que pour ce sujet elles méritent plûtôt d’être méprisées que contredites : néanmoins, puisque vous desirez en sçavoir mon opinion, je la mettray icy en peu de mots.

Je n’ay trouvé dans tout ce beau livre in folio

qu’une seule proposition, quoique l’auteur en conte treize. Car pour les trois prémiéres et la dixiéme, ce ne sont que des choses de géométrie si faciles et si communes qu’on ne sçauroit entendre les elémens d’Euclide sans les sçavoir. Les V, Vi, Vii, Viii, Ix, et Ximes ne sont que des suites, ou des répétitions de la quatriéme ; et elles ne peuvent être vrayes, si elle ne l’est. Pour la Vii, la Xii, et la Xiiime il est vray qu’elles ne dépendent pas ainsi de cette quatriéme : mais parce que l’auteur s’en sert pour tâcher de les prouver, et même qu’il ne se sert pour cela que d’elle seule, et que d’ailleurs elles ne sont non plus que les autres d’aucune importance, elles ne doivent point être contées. De sorte qu’il ne reste que la quatriéme toute seule à considérer : et elle a déja été si bien réfutée par M De La Brosse qu’il n’est pas besoin d’y rien ajoûter. Car de cinq ou six fautes qu’il y remarque, la moindre est suffisante pour faire voir que le raisonnement de cét auteur ne vaut rien du tout. J’ay eu grand tort l’année passée en voyant cette réfutation de M De La Brosse, sans avoir vû le livre qu’il réfutoit, de ne la pas approuver. Mais la seule raison qui m’en empécha, fut que je ne pouvois m’imaginer que les choses qu’il reprenoit fussent si absurdes qu’il les représentoit : et je me persuadois qu’il exaggéroit seulement quelques omissions, ou des fautes commises par inadvertance, sans toucher aux principales raisons de l’auteur. Mais je vois maintenant que ces principales raisons, que je supposois devoir être dans son beau livre, ne s’y trouvent point. Et quoique j’aye vû beaucoup de quadratures du cercle, de mouvemens perpétuels, et d’autres semblables démonstrations prétenduës qui étoient fausses, je puis dire néanmoins avec vérité que je n’ay jamais vû tant d’erreurs jointes ensemble en une seule proposition.

Dans les paralogismes des autres on a coutume de ne rencontrer rien d’abord qui ne semble vray, en sorte qu’on a de la peine à remarquer entre beaucoup de véritez quelque petit mélange de fausseté, qui est cause que la conclusion n’est pas vraye. Mais c’est icy le contraire. On a de la peine à remarquer aucune vérité sur laquelle cét auteur ait appuyé son raisonnement : et je ne sçaurois deviner autre chose qui luy ait donné occasion d’imaginer ce qu’il propose, sinon qu’il s’est équivoqué sur le mot de centre

et qu’ayant oüi nommer le centre d’une balance aussi bien que le centre de la terre, il s’est figuré que ce qui étoit vray à l’égard de l’un, le devoit être aussi à l’égard de l’autre, d’où il est tombé dans un trés-grand nombre de fautes grossiéres… en général, on peut dire que tout ce que contient ce livre de géostatique est si peu de chose, que je m’étonne que les honnêtes gens aient jamais daigné prendre la peine de le lire : et j’aurois honte de celle que j’ay prise de vous en marquer mon sentiment, si je ne l’avois fait à vôtre priére. Je sçay que de vôtre côté vous ne me l’avez demandé qu’à dessein de me faire dire mon opinion de la matiére que l’auteur y traite, sans vous soucier beaucoup de la maniére dont il l’a traitée.

Mais c’est un sujet qui mérite bien que j’y employe quelqu’une de mes meilleures heures, au lieu que je n’en ay donné à celuy-cy qu’une de celles que je voulois perdre. C’est pourquoy j’aime mieux vous l’envoyer séparément au prémier voyage.

Pour ne point manquer à sa parole, il travailla incessamment à l’éxamen qu’il avoit promis à ces deux amis de la question géostatique en elle-même ; et il en fit un petit traité qu’il leur envoya vers le Xxii, ou Xxiii jour du mois de juillet. Le P Mersenne en fut si content qu’il luy en récrivit le prémier jour d’août, pour luy dire qu’à son sens il s’étoit surpassé luy-même dans cét écrit, et que ce petit traité renfermoit toutes les méchaniques, excepté la seule force de la percussion . Le P Mersenne ne crut pas devoir demeurer dans les termes de ce compliment, et quinze jours aprés il manda à M Descartes que M Des Argues et les autres sçavans à qui il avoit fait voir cét écrit étoient d’avis qu’il fût imprimé. M Descartes luy répondit vers le commencement de septembre que l’écrit ne méritoit nullement d’être publié : mais que si on desiroit absolument qu’il le fût, la chose luy étoit assez indifférente, pourvû que son nom n’y parût pas, et que l’on en retranchât quelques termes d’aigreur, et quelques épithétes trop dures qu’il avoit employées contre le géostaticien, dans la pensée qu’elles tomberoient, et qu’elles périroient sous la main du P Mersenne, avec la lettre qu’il luy en écrivoit en particulier. Ce n’est pas que selon luy ces épithétes ne convinssent assez bien à M De Beaugrand en le traitant à la rigueur : mais il reconnoissoit qu’il ne luy convenoit pas de les écrire ; et qu’elles ne luy étoient échapées de la plume qu’en faveur du tour qu’il avoit joüé au Pére Mersenne, à M Des Argues et à luy, pour le privilége de ses essais.

C’auroit été un beau trait de générosité à M Descartes de ne point se laisser aller à ses ressentimens du prémier coup. Mais ayant eu cette foiblesse, il étoit encore assez glorieux pour luy de s’en relever de si bonne heure. Pour la réparer encore d’une maniére plus digne de luy, il révocqua par une lettre du Ier d’octobre au P Mersenne la permission qu’il sembloit luy avoir donnée d’imprimer son écrit de géostatique, sous prétexte qu’il ne l’avoit pas composé dans cette vûë. Il allégua aussi pour raison que ce petit traité n’étoit pas assez achevé pour marcher seul. D’un autre côté ç’auroit été à son avis luy donner une trés-mauvaise compagnie que de le joindre avec son sentiment du livre de M De Beaugrand. D’ailleurs il auroit eu honte qu’on en eût pris occasion de croire qu’il se seroit arrêté sérieusement à dire son opinion de ce livre. Outre que ces deux écrits étans joints ensemble n’auroient fait qu’un livre digne d’être couvert de papier bleu .

Mais afin que son refus ne chagrinât point entiérement le Pére Mersenne, il ajoûta que si son écrit de la géostatiq ue contenoit quelque chose qui valût la peine qu’on le vît, il croyoit qu’il seroit plus à propos de l’insérer dans le recueil des objections qu’on luy avoit faites jusques-là et qu’on devoit luy faire dans la suite. En effet, ce recueil ne devoit être qu’un ramas de toutes sortes de matiéres : et son dessein étoit de le faire imprimer volume à volume à mesure qu’il verroit grossir les matiéres, tant des objections des autres, que de ses réponses et de ses autres écrits volans.

Quelques mathématiciens sectateurs de M Descartes ont crû que cét écrit de la géostatique étoit fondu dans la cellule du P Mersenne, et que ce pére pour avoir refusé de le communiquer aux envieux de M Descartes, sembloit avoir innocemment contribué à la perte que le public en auroit faite, dans la supposition que les amis à qui il l’avoit fait lire, le luy auroient remis entre les mains, sans en avoir pris copie. Mais il paroît que cét écrit n’est autre que celuy que nous trouvons imprimé au prémier volume des lettres de M Descartes touchant la question de sçavoir, si un corps pése plus ou moins étant proche du centre de la terre qu’en étant éloigné . On n’aura presque point lieu d’en douter, si l’on remarque que cét écrit est l’effet de la promesse qu’il avoit faite dix jours auparavant, c’est-à-dire, vers le milieu de juillet à M Des Argues et au P Mersenne, de leur envoyer un examen ou dissertation de la question géostatique par le prémier ordinaire d’aprés celuy par lequel il leur envoyoit son sentiment sur la géostatique de M De Beaugrand. Quelques cartésiens de nos jours ont crû que cét écrit étoit véritablement la statique de M Descartes, et ils semblent avoir voulu confondre le genre avec son espéce : mais M Descartes leur en a donné l’exemple en se servant de la même expression en quelques rencontres, et même en d’autres occasions d’un terme encore plus général pour appeller ce traité son petit écrit de méchanique . Nous avons vû que M Descartes pour ôter au P Mersenne l’envie de le faire imprimer s’étoit servi du prétexte qu’il n’étoit pas achevé. En effet, il s’endormit sur la fin, de sorte que s’étant allé reposer, il fit transcrire l’écrit le lendemain au matin, et l’envoya à la poste pour Paris sans le relire, et sans songer qu’il n’avoit pas fini.

Monsieur Des Argues s’en apperçût, et il en dit sa pensée au P Mersenne, qui en écrivit le prémier jour de septembre à M Descartes pour luy en donner avis, et pour luy faire sçavoir en même têms que quelques-uns faisoient difficulté d’admettre le principe qu’il avoit supposé dans son examen de la question géostatique.

M Descartes jugea ces deux points trop importans pour différer long-têms à en répondre au P Mersenne. Il luy envoya donc dés le Xii de septembre une ample explication pour servir de démonstration au principe qu’il avoit supposé dans son écrit, persuadé que quand il auroit sauvé ce principe de la critique, il mettroit à couvert toutes les déductions qu’il en avoit faites.

Quant à l’autre point qui regardoit le defaut qu’avoit remarqué M Des Argues à la fin de son écrit, M Descartes avoüa le fait ; et il reconnut que non-seulement il n’avoit pas achevé son écrit, mais qu’il s’étoit même trompé dans les derniéres lignes qu’il en avoit écrites, parce que l’accablement où le sommeil l’avoit réduit luy avoit fait perdre l’attention qui luy étoit nécessaire. C’est ce qui luy fit prier le P Mersenne de remercier M Des Argues de son avis, et ensuite d’effacer les derniéres lignes de son écrit ou commençoit le defaut.