La Bible d’une grand’mère/60

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L. Hachette et Cie (p. 176-179).

LX

LES ISRAÉLITES PLEURENT LEUR CRIME

(Même année, 1400 ans avant J.-C.)



Moïse dit alors au peuple consterné : « Vous avez commis un grand péché ; vous avez été infidèles au Dieu de vos pères, qui vous a tirés d’Égypte et qui vous a sauvés de si grands dangers. Je lui parlerai ; je tacherai d’adoucir sa colère, et je lui demanderai de vous pardonner votre crime. »

Le lendemain, Moïse, après avoir parlé au Seigneur, dit au peuple :

« Le Seigneur vous fait dire : Allez, sortez de ce lieu ; j’enverrai mon Ange pour vous conduire. Il chassera de la terre que j’ai promise à vos pères Abraham, Isaac et Jacob, les peuples qui l’habitent et qui adorent de faux dieux. Dans ce pays qu’habiteront vos enfants, tout viendra en abondance ; mais je n’y entrerai pas avec vous, de peur que je ne vous extermine dans ma colère, car vous êtes un peuple au cœur dur et méchant. Quittez donc vos ornements de fête, vos beaux habits, car je ne serai plus parmi vous. »

Le peuple, entendant ces paroles, se mit à pleurer et à se repentir ; on entendit dans tout le camp des pleurs et des gémissements, et tous quittèrent sur-le-champ leurs vêtements de fête.

Moïse prit le Tabernacle, avec l’aide des Lévites, et le porta hors du camp, au pied de la montagne d’Horeb.

Valentine. Qu’est-ce que c’était que ce Tabernacle ? Qu’est-ce qui l’avait fait ? comment était-il ?

Grand’mère. Le Tabernacle était une grande tente formant comme un temple qu’on pouvait transporter d’un endroit à l’autre, et qui était assez grand pour que quelques personnes pussent y entrer ; il y avait une porte qu’on tenait toujours fermée, mais qu’on pouvait ouvrir pour y laisser entrer Moïse et Aaron, avec les Lévites qui les assistaient dans les cérémonies religieuses. Le Tabernacle avait 15 mètres de long, 5 mètres de large et 4 mètres de haut. Il était divisé en deux parties ; la première en entrant, qui était très-richement ornée, s’appelait le Saint ou le Sanctuaire. La seconde, plus riche encore, était séparée de la première par un rideau d’étoffe précieuse. On l’appelait le Saint des Saints ; c’est là qu’était déposée l’Arche d’alliance dont nous parlerons plus tard ; c’est là encore que Moïse entrait pour consulter le Seigneur.

Ce Tabernacle, étant une espèce de tente, se ployait et transportait facilement.

Valentine. Et vous ne dites pas, Grand’mère, qu’est-ce qui avait fait ce Tabernacle et quand on l’avait fait.

Grand’mère. Ce Tabernacle fut fait par des ouvriers habiles, dirigés par Moïse après son séjour sur le mont Sinaï. Dieu lui avait fait connaître les détails de la construction du Tabernacle et de l’Arche d’alliance et tout ce qu’il fallait y mettre pour l’orner.

Ce Tabernacle, cette Arche d’alliance, et tous les objets qui s’y trouvaient, représentaient les mystères de Jésus-Christ, qui devait venir plus tard dans le monde ; mais vous ne pourriez encore comprendre les explications qu’il faudrait vous donner. Moïse fit faire tout cela bien exactement, d’après les ordres du Seigneur ; et quand tout fut prêt, six mois après la sortie d’Égypte, Moïse appela à lui les Lévites, c’est-à-dire les descendants de Lévi, car eux seuls devaient aider Moïse et Aaron dans les sacrifices et les cérémonies ; eux seuls pouvaient toucher aux choses renfermées dans le Tabernacle.

Marie-Thérèse. Pourquoi eux seuls et pas les autres ?

Grand’mère. Probablement pour les récompenser de leur refus d’adorer le veau d’or et de leur fidélité à la loi du Seigneur. Dieu les avait choisis de préférence aux autres tribus.

Petit-Louis. Qu’est-ce qu’il y avait dans le Tabernacle ?

Grand’mère. Dans le Saint des Saints, il n’y avait absolument que l’Arche d’alliance, qui était faite en or pur et d’un bois précieux, nommé Sétim.

Dans le Sanctuaire, il y avait un grand chandelier à sept branches toujours allumées ; une table d’or pur, sur laquelle étaient déposés des pains bénits, appelés Pains de proposition ; ainsi qu’un grand calice en or rempli de vin bénit. Il y avait encore un grand encensoir d’or et beaucoup d’autres objets en or qui servaient au culte divin.

Quand le Tabernacle fut transporté au pied du mont Horeb, Dieu y descendit dans une nuée ; il y entra voilé par la nuée, et il dit à Moïse : « Fais-toi des tables de pierre comme celles que tu as brisées ; j’y écrirai de nouveau les dix commandements que je t’ai donnés sur le mont Sinaï. »

Quand les tables furent prêtes, le Seigneur dit à Moïse : « Monte avec les tables de pierre sur le mont Sinaï, je le dicterai d’autres lois. » Moïse monta sur la montagne, qui était enveloppée d’une nuée, et il resta encore quarante jours et quarante nuits avec le Seigneur, causant avec lui comme avec un ami, dit la sainte Bible. Moïse obtint le pardon des Israélites pour l’adoration du veau d’or, la promesse que Dieu les guiderait lui-même comme il avait fait depuis la sortie d’Égypte, qu’il combattrait à leur tête pour vaincre les Chananéens, les Amalécites, les Philistins et les autres peuples qui habitaient dans la Terre promise. Il ordonna que son peuple tuât tous ces peuples maudits ; car leurs abominations étaient arrivées à un tel degré, qu’il n’y avait plus de repentir à espérer d’eux. Il défendit encore à son peuple de se mêler aux peuples infidèles en épousant leurs filles et en demeurant avec eux. Il recommanda qu’on observât religieusement le jour du sabbat, c’est-à-dire le jour du repos, et il donna beaucoup d’autres commandements, que vous lirez plus tard dans les livres de Moïse.

Quand Moïse descendit de la montagne, tout le peuple vit qu’il avait deux rayons de lumière éclatante qui sortaient de son front.

Cette lumière était si vive, si brillante, qu’on ne pouvait fixer les yeux dessus, sans être ébloui. Moïse fut obligé depuis ce temps de porter un voile qu’il abaissait quand quelqu’un l’approchait. Il relevait ce voile quand il entrait dans le Tabernacle, mais quand il en sortait avant d’avoir abaissé son voile, les Israélites voyaient qu’il avait la tête resplendissante de lumière.