La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 125

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CXXV

1620 La bataille est e merveilluse et granz, Merveilleuse, immense est la bataille.
Franceis i fièrent des espiez brunisanz.
De leurs lances d’acier bruni, les Français donnent de bons coups.
Là véissez si grant dulur de gent, C’est là que l’on pourrait assister à grande douleur
Tant hume mort e naffret e sanglant ! Et voir des milliers d’hommes blessés, sanglants, morts...
L’uns gist sur l’altre e envers e adenz.
L’un gît sur l’autre ; l’un sur le dos, et l’autre sur la face.
1625 Li Sarrazin ne l’ poent suffrir tant : Mais les païens n’y peuvent tenir plus longtemps ;
Voelent u nun, si guerpissent le camp, Bon gré, mal gré, ils quittent le champ,
Par vive force les enchalcerent Franc. Aoi.
Et les Français de les poursuivre de vive force, la lance au dos.


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Vers 1620.Merveillose. O. L’u, qui se trouve presque partout ailleurs, est plus conforme à notre phonétique. ═ Grant. O. Pour le cas sujet, il faut granz.

Vers 1621.Ferent. O. L’i a triomphé dans ce mot, et nous l’y avons partout conservé. ═ Brunissanz... Fer bruni, c’est-à-dire, recevant par le poli une teinte brillante et brune à la fois. De là brunisseur et burnisseresse. Les cottes de mailles qui ne pouvaient se brunir se roulaient dans les étoffes. M. L. de la Borde cite d’Ét. Boileau ce passage précieux : « Quiconques est fermaillers de laton, et il œvre qui ne soit brunie que d’une part, si come de fermoirs rons, cele œvre n’est mie suffisans. » Et, dans Perceforest, on parle d’une épée « plus clere et plus loysante que s’elle venoit des mains du brunisseur ». (Notice des émaux, 1853, II, 177.)

Vers 1622.Dulor. O. V. la note du vers 489.

Vers 1624. — Lire sanglent.

Vers 1627.Encacerent. O. La forme étymologique, la vraie forme est enchalcerent, d’où le substantif verbal enchalz. (Vers 2446, 2462, 2765, 2796, 3635.)

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