La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 274

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CCLXXIV

Alde la bele est à sa fin alée. Aude la belle s’en est allée à sa fin.
Cuidet li Reis qu’ele se seit pasmée, Le Roi croit qu’elle est seulement pâmée ;
3725 Pitet en ad, si ’n pluret l’Emperere : Il en a pitié, il en pleure,
Prent la as mains, si l’ en ad relevée ; Lui prend les mains, la relève ;
Sur les espalles ad la teste clinée. Mais la tête retombe sur les épaules.
Quant Carles veit que morte l’ad truvée, Quand Charles voit qu’elle est morte,
Quatre cuntesses sempres i ad mandées ; Il fait sur-le-champ venir quatre comtesses,
3730 Ad un muster de nuneins est portée : Qui la portent dans un moutier de nonnes,
La noit la guaitent entresqu’à l’ajurnée. Et veillent près de son corps jusqu’au jour ;
Lunc un alter belement l’enterrerent ; Puis on l’enterra bellement près d’un autel,
Mult grant honur i ad li Reis dunée. Aoi. Et le Roi lui fit grand honneur.


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Vers 3723.La bel. O. Erreur manifeste.

Vers 3724. — Lire quidet. O.

Vers 3725. — Lire pitiet.

Vers 3727.De sur les. O. G. et Mu. ont restitué sur, qui ne rompt pas le vers.

Vers 3730. — Lire mustiers.

Vers 3733. — Nous n’avons pas besoin ici de signaler longuement la statue de la belle Aude dans le fameux monument de Saint-Faron. Nous renvoyons nos lecteurs à la dissertation et à la gravure que les Bénédictins nous donnent dans leurs Acta Sanctorum ordinis sancti Benedicti (ive s., 1re partie, pp. 665-667). Aude est représentée avec Turpin, Roland et Olivier, et ces deux vers sont mis sur les lèvres de ce dernier : Audœ conjugium tibi do, Rotlande, sororis, — Perpetuumque mei socialis fedus amoris. Le monument de Saint-Faron est du xie-xiie siècle.

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