La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 86
LXXXVI | |||
Dist Olivers : « D’iço ne sai jo blasme. | « — Je ne vois pas où serait le déshonneur, dit Olivier. | ||
« Jo ai veüt les Sarrazins d’Espaigne : | « J’ai vu, j’ai vu les Sarrasins d’Espagne ; | ||
« Cuvert en sunt li val e les muntaignes, | « Les vallées, les montagnes en sont couvertes, | ||
1085 | « E li lariz e trestutes les plaignes. | « Les landes, toutes les plaines en sont cachées. | |
« Granz sunt les oz de cele gent estrange ; | « Qu’elle est puissante, l’armée de la gent étrangère, | ||
« Nus i avum mult petite cumpaigne. » | « Et que petite est notre compagnie ! | ||
Respunt Rollanz : « Mis talenz en est graindre. | « — Tant mieux, répond Roland, mon ardeur s’en accroît : | ||
« Ne placet Deu ne ses saintismes angles | « Ne plaise à Dieu, ni à ses très-saints anges, | ||
1090 | « Que ja pur mei perdet sa valur France ! | « Que France, à cause de moi, perde de sa valeur ! | |
« Melz voeill murir que huntage me venget. | « Plutôt mourir qu’être déshonoré : | ||
« Pur ben ferir, l’Emperere plus nus aimet. » | Aoi. | « Plus nous frappons, plus l’Empereur nous aime ! » |
Vers 1082. — Olivers. O. V. la note du v. 176 et celle du v. 1500.
Vers 1084. — Cuverz. O. Pour le cas sujet du pluriel, cuvert.
Vers 1086. — Lire grant au lieu de granz. O., à cause du sujet pluriel. V. la note du v. 20.
Vers 1088. — Graigne. O. Mu. propose avec raison la correction graindre, qui est le véritable comparatif de granz.
Vers 1089. — Écrire angeles. Ne placet Damme Deu ne ses angles. O. Mu. a emprunté ce vers au Ms. IV de Venise : Ne plaça Deo ne ses santisme angle.
Vers 1092. — Nos.