La Chasse (Gaston Phœbus)/Chapitre LXXXI

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, Joseph Lavallée
La Chasse (1854)
Texte établi par Léon Bertrand, Maison Lefaucheux (p. 271-272).

Chapitre quatre-vingt-unième.
Ci devise comment on puet prendre lièvres aux royseulz.


Aussi puet on prendre les lièvres à diverses manières de cordes ; de quoy ceulx qui les y prenent, je voudroye qu’ilz les heussent au col. Premièrement à aler à leurs viandeis ou au revenir à leur giste ; quar, comme j’ay dit, voulentiers lièvre se reliève et s’en revient à son giste par un lieu et brise de ses dens, et fet sentier en guise que rien ne fasse ennuy, quar trop est dangereuse[1] beste. Là pevent tendre les mauveis, qui einsi les prenent, à menues cordeletes que chescun scet fère. Aussi puelt on tendre royseulz sus les carrefours des voyes ; quar lièvres quand vont à leurs viandeis ou s’en revienent, tienent voulentiers les voyes ; et s’il ha un royseul en chescune des voyes, il ne puet estre que en l’un ou en l’autre il ne se fière. Et s’ilz sont quatre compaignons et chescun demuère environ les voyes, et qu’ils y soient une lieue devant le jour. Ilz verront, s’il lune, les lièvres qui s’en reviendront à leur giste. Dont ne les doivent ils pas acuillir fort, ne crier, car elles pourroient saillir hors de la voye et du royseul ; mes quant le lièvre hara passé celuy, il doit férir d’un baston ou d’une verge sus le chemin, en contre terre, sans dire mot, et elle s’en ira férir ou roiseul. Des royseulx doit on avoir de grans et de petiz ; quar le royseul doit tenir toute la voie, et se la voie est grande, il fault que soit grant, et si la voie est petite il faut qu’il soit petit.

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  1. Dangereuse. Je crois qu’il faut entendre ici dangereuse qui craint le danger ou la gêne ; c’est-à-dire timide ou douillette.