La Cithare (Gille)/Le Retour d’Adonis

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La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 157-159).

LE RETOUR D’ADONIS


 
Immortelle Aphrodite à la belle couronne,
Bienheureuse Cypris,
Les Heures, dont le front orné de fleurs rayonne,
T’amènent Adonis.

Ô Déesse de Chypre, aux temples innombrables,
Reine, réjouis-toi ;
Étoilé de soleil, dans l’ombre des érables,
Voici ton jeune roi !


Éblouissant, vêtu des plus riches parures,
Il vint avec le jour ;
Sur ses pas, les rayons neigeaient et les verdures
Frémissaient alentour.

Son souffle est un parfum ; l’anémone et la rose
Jaillissent des gazons
Où son pied adorable et délicat se pose
Avec ceux des Saisons.

Regarde ! Près de lui, dans de larges corbeilles,
Éphémères jardins,
Fleurissent le fenouil, le thym cher aux abeilles
Et les tendres lupins.

Au-dessus de sa tête, éployant leur feuillage,
La viorne et l’anis
Mêlent, en frissonnant, leur fraternel ombrage,
Tendrement réunis.

La fontaine d’argent sous les lauriers s’épanche,
Tandis que dans leurs vols
Des Éros enfantins glissent de branche en branche
Comme des rossignols.


Et parmi les fruits d’or et les vases d’argile
Sont posés des gâteaux
Faits d’orge le plus blanc, de miel suave et d’huile,
Imitant des oiseaux.

Là-bas, un lit moelleux de mauve et de cyclame,
Plus frais que le sommeil,
Attend l’enfant divin, Adonis, dont s’enflamme
Le visage vermeil.

Par ce chemin, Cypris, qui se perd dans les herbes,
Va vers ton jeune époux
Recueillir les baisers de ses lèvres imberbes ;
Il n’est rien d’aussi doux.

Quant à nous, préparant l’offrande et le breuvage
Pour célébrer les dieux,
Nous dirons, rassemblés sur le calme rivage,
Un chant mélodieux.