La Comtesse de Rudolstadt/Chapitre XXI

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Michel Levy Frères (tome 1p. 307-318).
XXI.

La Porporina, jugeant que c’était un parti pris, chez son compagnon, de ne point échanger une seule parole avec elle, crut ne pouvoir mieux faire que de respecter le voeu bizarre qu’il semblait observer, à l’exemple des antiques chevaliers errants. Pour échapper aux sombres images et aux tristes réflexions que le récit de Karl lui suggérait, elle s’efforça de ne penser qu’à l’avenir inconnu qui s’ouvrait devant elle ; et peu à peu elle tomba dans une rêverie pleine de charmes. Peu d’organisations privilégiées ont seules le don de commander à leur pensée dans l’état d’oisiveté contemplative. Consuelo avait eu souvent, et principalement durant les trois mois d’isolement qu’elle venait de passer à Spandaw, l’occasion d’exercer cette faculté, accordée d’ailleurs, moins aux heureux de ce monde qu’à ceux qui disputent leur vie au travail, aux persécutions et aux dangers. Car il faut bien reconnaître le mystère providentiel des grâces d’état ; sans quoi la force et la sérénité de certains infortunés paraîtrait impossible à ceux qui n’ont guère connu le malheur.

Notre fugitive se trouvait, d’ailleurs, dans une situation assez bizarre pour donner lieu à beaucoup de châteaux en Espagne. Ce mystère qui l’enveloppait comme un nuage, cette fatalité qui l’attirait dans un monde fantastique, cette sorte d’amour paternel qui l’environnait de miracles, c’en était bien assez pour charmer une jeune imagination riche de poésie. Elle se rappelait ces paroles de l’Écriture que, dans ses jours de captivité, elle avait mises en musique.

« J’enverrai vers toi un de mes anges qui te portera dans ses bras, afin que ton pied ne heurte point la pierre.

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« Je marche dans les ténèbres, et j’y marche sans crainte, parce que le Seigneur est avec moi. »

Ces mots avaient désormais un sens plus clair et plus divin pour elle. Dans un temps où l’on ne croit plus à la révélation directe et à la manifestation sensible de la Divinité, la protection et le secours du ciel se traduisent sous la forme d’assistance, d’affection et de dévouement de la part de nos semblables. Il y a quelque chose de si doux à abandonner la conduite de sa propre destinée à qui nous aime, et à se sentir, pour ainsi dire, porté par autrui ! C’est un bonheur si grand qu’il nous corromprait vite, si nous ne nous combattions nous-mêmes pour ne pas en abuser. C’est le bonheur de l’enfant, dont les songes dorés ne sont troublés, sur le sein maternel, par aucune des appréhensions de la vie réelle.

Ces pensées, qui se présentaient comme un rêve à Consuelo, au sortir subit et imprévu d’une existence si cruelle, la bercèrent d’une sainte volupté, jusqu’à ce que le sommeil vînt les noyer et les confondre dans cette sorte de repos de l’âme et du corps qu’on pourrait appeler un néant senti et savouré. Elle avait totalement oublié la présence de son muet compagnon de voyage, lorsqu’elle se réveilla tout près de lui, la tête appuyée sur son épaule. Elle ne pensa pas d’abord à se déranger ; elle venait de rêver qu’elle voyageait en charrette avec sa mère, et le bras qui la soutenait lui semblait être celui de la Zingara. Un réveil plus complet lui fit sentir la confusion de son inadvertance ; mais le bras de l’inconnu semblait être devenu une chaîne magique. Elle fit à la dérobée de vaines tentatives pour s’en dégager ; l’inconnu paraissait dormir lui-même et avoir reçu machinalement sa compagne dans ses bras lorsque la fatigue et le mouvement de la voiture l’y avaient fait glisser. Il avait joint ses deux mains ensemble autour de la taille de Consuelo, comme pour se préserver lui-même de la laisser tomber à ses pieds en s’endormant. Mais son sommeil n’avait pas relâché la force de ses doigts entrelacés, et il eût fallu, en essayant de les détacher, le réveiller complètement. Consuelo ne l’osa pas. Elle espéra que de lui-même il lui rendrait sa liberté sans le savoir, et qu’elle pourrait retourner à sa place sans paraître avoir remarqué positivement toutes ces circonstances délicates de leur tête-à-tête.

Mais en attendant que l’inconnu s’endormît plus profondément, Consuelo, que le calme de sa respiration et l’immobilité de son repos avaient rassurée, se rendormit elle-même, vaincue par l’épuisement qui succède aux grandes agitations. Lorsqu’elle se réveilla de nouveau, la tête de son compagnon s’était penchée sur la sienne, son masque s’était détaché, leurs joues se touchaient, leurs haleines se confondaient. Elle fit un mouvement brusque pour se retirer, sans songer à regarder les traits de l’inconnu, ce qui, d’ailleurs, eût été assez difficile vu l’obscurité qui régnait au-dehors et surtout dans la voiture. L’inconnu rapprocha Consuelo de sa poitrine, dont la chaleur embrasa magnétiquement la sienne, et lui ôta la force et le désir de s’éloigner. Cependant il n’y avait rien de violent ni de brutal dans l’étreinte douce et brûlante de cet homme. La chasteté ne se sentait ni effrayée ni souillée par ses caresses ; et Consuelo, comme si un charme eût été jeté sur elle, oubliant la retenue, on pourrait même dire la froideur virginale dont elle n’avait jamais été tentée de se départir, même dans les bras du fougueux Anzoleto, rendit à l’inconnu le baiser enthousiaste et pénétrant qu’il cherchait sur ses lèvres.

Comme tout était bizarre et insolite chez cet être mystérieux, le transport involontaire de Consuelo ne parut ni le surprendre, ni l’enhardir, ni l’enivrer. Il la pressa encore lentement contre son cœur ; et quoique ce fût avec une force extraordinaire, elle ne ressentit pas la douleur qu’une violente pression cause toujours à un être délicat. Elle n’éprouva pas non plus l’effroi et la honte qu’un si notable oubli de sa pudeur accoutumée eût dû lui apporter après un instant de réflexion. Aucune pensée ne vint troubler la sécurité ineffable de cet instant d’amour senti et partagé comme par miracle. C’était le premier de sa vie. Elle en avait l’instinct, ou plutôt la révélation ; et le charme en était si complet, si profond, si divin, que rien ne semblait pouvoir jamais l’altérer. L’inconnu lui paraissait un être à part, quelque chose d’angélique dont l’amour la sanctifiait. Il passa légèrement le bout de ses doigts, plus doux que le tissu d’une fleur, sur les paupières de Consuelo, et à l’instant elle se rendormit comme par enchantement. Il resta éveillé cette fois, mais calme en apparence, comme s’il eût été invincible, comme si les traits de la tentation n’eussent pu pénétrer son armure. Il veillait en entraînant Consuelo vers des régions inconnues, tel qu’un archange emportant sous son aile un jeune séraphin anéanti et consumé par le rayonnement de la Divinité.

Le jour naissant et le froid du matin tirèrent enfin Consuelo de cette espèce de léthargie. Elle se trouva seule dans la voiture, et se demanda si elle avait rêvé qu’elle aimait. Elle essaya de baisser une des jalousies : mais elles étaient toutes fermées par un verrou extérieur ou par un ressort dont elle ne connaissait pas le jeu. Elle pouvait recevoir l’air et voir courir en lignes brisées et confuses les marges blanches ou vertes du chemin ; mais elle ne pouvait rien discerner dans la campagne, ni par conséquent faire aucune observation, aucune découverte sur la route qu’elle tenait. Il y avait quelque chose d’absolu et de despotique dans la protection étendue sur elle. Cela ressemblait à un enlèvement, elle commença à en prendre souci et frayeur.

L’inconnu disparu, la pauvre pécheresse sentit arriver enfin toutes les angoisses de la honte, toute la stupeur de l’étonnement. Il n’était peut- être pas beaucoup de filles d’Opéra (comme on appelait alors les cantatrices et les danseuses) qui se fussent tourmentées pour un baiser rendu dans les ténèbres à un inconnu fort discret, surtout avec la garantie donnée par Karl à la Porporina que c’était un jeune homme d’une prestance et d’une figure admirables. Mais cet acte de folie était tellement en dehors des moeurs et des idées de la bonne et sage Consuelo, qu’elle en fut profondément humiliée. Elle en demanda pardon aux mânes d’Albert, et rougit jusqu’au fond de l’âme d’avoir été infidèle de cœur à son souvenir d’une façon si brusque, et avec si peu de réflexion et de dignité. Il faut, pensa-t-elle, que les événements tragiques de la soirée et la joie de ma délivrance m’aient donné un accès de délire. Autrement, comment aurais-je pu me figurer que j’éprouvais de l’amour pour un homme qui ne m’a pas adressé un seul mot, dont je ne sais pas le nom, et dont je n’ai pas seulement vu les traits ! Cela ressemble aux plus honteuses aventures de bal masqué, à ces ridicules surprises des sens dont la Corilla s’accusait devant moi, et dont je ne pouvais pas concevoir la possibilité pour une autre femme qu’elle. Quel mépris cet homme doit avoir conçu pour moi ! S’il n’a pas abusé de mon égarement, c’est que j’étais sous la garantie de son honneur, ou bien qu’un serment le lie sans doute à des devoirs plus respectables, ou bien enfin qu’il m’a justement dédaignée ! Puisse-t-il avoir compris ou deviné que ce n’était de ma part qu’un accès de fièvre, qu’un transport au cerveau !

Consuelo avait beau se faire tous ces reproches, elle ne pouvait se défendre d’une amertume plus grande encore que toutes les railleries de sa conscience : le regret d’avoir perdu ce compagnon de voyage qu’elle ne se sentait le droit ni la force d’accuser ou de maudire. Il restait au fond de sa pensée comme un être supérieur investi d’une puissance magique, peut-être diabolique, mais à coup sûr irrésistible. Elle en avait peur, et pourtant elle désirait n’en être pas si brusquement et à jamais séparée.

La voiture se mit au pas, et Karl vint ouvrir la jalousie. « Si vous voulez marcher un peu, signora, lui dit-il, monsieur le chevalier vous y engage. La montée est rude pour les chevaux, et nous sommes en plein bois ; il paraît qu’il n’y a pas de danger. »

Consuelo s’appuya sur l’épaule de Karl, et sauta sur le sable sans lui donner le temps de baisser le marchepied. Elle espérait voir son compagnon de voyage, son amant improvisé. Elle le vit en effet, mais à trente pas devant elle, le dos tourné par conséquent, et toujours drapé de ce vaste manteau gris qu’il paraissait décidé à garder le jour comme la nuit. Sa démarche et le peu qu’on apercevait de sa chevelure et de sa chaussure annonçaient une grande distinction, et l’élégance d’un homme soigneux de rehausser par une toilette galante, comme on disait alors, les avantages de sa personne. La poignée de son épée, recevant les rayons du soleil levant, brillait à son flanc comme une étoile, et le parfum de la poudre que les gens de bon ton choisissaient alors avec la plus grande recherche laissait derrière lui, dans l’atmosphère du matin, la trace embaumée d’un homme comme il faut.

Hélas ! mon Dieu, pensa Consuelo, c’est peut-être quelque fat, quelque seigneur de contrebande, ou quelque noble orgueilleux. Quel qu’il soit, il me tourne le dos ce matin, et il a bien raison !

« Pourquoi l’appelles-tu le chevalier ? demanda-t-elle à Karl en continuant tout haut ses réflexions.

— C’est parce que je l’entends appeler ainsi par les postillons.

— Le chevalier de quoi ?

— M. le chevalier tout court. Mais pourquoi cherchez-vous à le savoir, signora ? Puisqu’il désire vous rester inconnu, il me semble qu’il vous rend d’assez grands services au péril de sa vie, pour que vous ayez l’obligeance de rester tranquille à cet égard. Quant à moi, je voyagerais bien dix ans avec lui sans lui demander où il me mène. Il est si beau, si brave, si bon, si gai !…

— Si gai ? cet homme-là est gai ?

— Certes. Il est si content de vous avoir sauvée, qu’il ne peut s’en taire. Il me fait mille questions sur Spandaw, sur vous, sur Gottlieb, sur moi, sur le roi de Prusse. Moi, je lui dis tout ce que je sais, tout ce qui m’est arrivé, même l’aventure de Roswald ! Cela fait tant de bien de parler le bohémien et d’être écouté par un homme d’esprit qui vous comprend, au lieu que tous ces ânes de prussiens n’entendent que leur chienne de langue.

— Il est donc bohémien, lui ?

— Je me suis permis de lui faire cette question, et il m’a répondu non tout court, même un peu sèchement. Aussi j’avais tort de l’interroger, lorsque son bon plaisir était de me faire répondre.

— Est-il toujours masqué ?

— Seulement quand il s’approche de vous, signora. Oh ! c’est un plaisant ; il veut sans doute vous intriguer. »

L’enjouement et la confiance de Karl ne rassuraient pas entièrement Consuelo. Elle voyait bien qu’il joignait à beaucoup de détermination et de bravoure une droiture et une simplicité de cœur dont on pouvait aisément abuser. N’avait-il pas compté sur la bonne foi de Mayer ? Ne l’avait-il pas poussée elle-même dans la chambre de ce misérable ? Et maintenant il se soumettait aveuglément à un inconnu pour enlever Consuelo, et l’exposer peutêtre à des séductions plus raffinées et plus dangereuses ! Elle se rappelait le billet des invisibles : « On te tend un piège, un nouveau danger te menace. Méfie-toi de quiconque t’engagerait à fuir avant que nous t’ayons donné des avis certains. Persévère dans ta force, etc. » Aucun autre billet n’était venu confirmer celui-là, et Consuelo, s’abandonnant à la joie de retrouver Karl, avait cru ce digne serviteur suffisamment autorisé à la servir. L’inconnu n’était-il pas un traître ? Où la conduisait-il avec tant de mystère ? Consuelo ne se connaissait pas d’ami dont la ressemblance pût s’accommoder à la brillante tournure du chevalier, à moins que ce ne fût Frédéric de Trenck. Mais Karl connaissait parfaitement ce dernier, ce ne l’était donc pas. Le comte de Saint-Germain était plus âgé, Cagliostro moins grand. À force de regarder de loin l’inconnu pour tâcher de découvrir en lui un ancien ami, Consuelo arriva à trouver qu’elle n’avait jamais vu personne marcher avec tant d’aisance et de grâce. Albert seul eût été doué d’autant de majesté ; mais sa démarche lente et son abattement habituel excluaient cet air de force, cette allure chevaleresque qui caractérisaient l’inconnu.

Le bois s’éclaircissait et les chevaux commençaient à trotter pour rejoindre les voyageurs qui les avaient devancés. Le chevalier, sans se retourner, étendit les bras, et secoua son mouchoir plus blanc que la neige. Karl comprit ce signal, et fit remonter Consuelo en voiture en lui disant :

« À propos, signora, vous trouverez dans de grands coffres, sous les banquettes, du linge, des vêtements, et tout ce qu’il vous faudra pour déjeuner et dîner au besoin. Il y a aussi des livres. Enfin, il paraît que c’est une hôtellerie roulante, et que vous n’en sortirez pas de si tôt.

— Karl, dit Consuelo, je te prie de demander à monsieur le chevalier si je serai libre, lorsque nous aurons passé la frontière, de lui faire mes remerciements et d’aller où bon me semblera.

— Oh ! signora, je n’oserai jamais dire une chose si désobligeante à un homme si aimable !

— C’est égal, je l’exige. Tu me rendras sa réponse au prochain relais, puisqu’il ne veut pas me parler. »

La réponse de l’inconnu fut que la voyageuse était parfaitement libre, et que tous ses désirs seraient des ordres ; mais qu’il y allait de son salut et de la vie de son guide, ainsi que de celle de Karl, à ne pas contrarier les desseins qu’on avait sur sa route, et sur le choix de son asile. Karl ajouta, d’un air de reproche naïf, que cette méfiance avait paru faire bien du mal au chevalier, et qu’il était devenu triste et morne. Elle en eut des remords, et lui fit dire qu’elle remettait son sort entre les mains des invisibles.

La journée entière se passa sans aucun incident. Enfermée et cachée dans la voiture comme un prisonnier d’État, Consuelo ne put faire aucune conjecture sur la direction de son voyage. Elle changea de toilette avec la plus grande satisfaction ; car elle avait aperçu au jour quelques gouttes du sang noir de Mayer sur ses vêtements, et ces traces lui faisaient horreur. Elle essaya de lire ; mais son esprit était trop préoccupé. Elle prit le parti de dormir le plus possible, espérant oublier de plus en plus la mortification de sa dernière aventure. Mais lorsque la nuit fut venue, et que l’inconnu resta sur le siège, elle éprouva une plus grande confusion encore. Évidemment il n’avait rien oublié, lui, et sa respectueuse délicatesse rendait Consuelo plus ridicule et plus coupable encore à ses propres yeux. En même temps elle s’affligeait du malaise et de la fatigue qu’il supportait sur ce siège, étroit pour deux personnes côte à côte, lui qui paraissait si recherché, avec un soldat fort proprement travesti en domestique, à la vérité, mais dont la conversation confiante et prolixe pouvait bien lui peser à la longue ; enfin, exposé au frais de la nuit et privé de sommeil. Tant de courage ressemblait peut-être aussi à de la présomption ; se croyait-il irrésistible ? Pensait-il que Consuelo, revenue d’une première surprise de l’imagination, ne se défendrait pas de sa familiarité par trop paternelle ? La pauvre enfant se disait tout cela pour consoler son orgueil abattu ; mais le plus certain, c’est qu’elle désirait le revoir, et craignait, par-dessus tout, son dédain ou le triomphe d’un excès de vertu qui les eût à jamais rendus étrangers l’un à l’autre.

Vers le milieu de la nuit, on s’arrêta dans une ravine. Le temps était sombre. Le bruit du vent dans le feuillage ressemblait à celui d’une eau courante : « Signora, dit Karl en ouvrant la portière, nous voici arrivés au moment le moins commode de notre voyage : il nous faut passer la frontière. Avec de l’audace et de l’argent, on se tire de tout, dit-on. Cependant il ne serait pas prudent que vous fissiez cet essai par la grande route et sous l’œil des gens de police. Je ne risque rien, moi qui ne suis rien. Je vais conduire le carrosse au pas, avec un seul cheval, comme si je menais cette nouvelle acquisition chez mes maîtres, à une campagne voisine. Vous, vous prendrez la traverse avec monsieur le chevalier, et vous passerez peut-être par des sentiers un peu difficiles. Vous sentez-vous la force de faire une lieue à pied sur de mauvais chemins ? »

Sur la réponse affirmative de Consuelo, elle trouva le bras du chevalier prêt à recevoir le sien ; Karl ajouta :

« Si vous arrivez avant moi au lieu du rendez-vous, vous m’attendrez sans crainte, n’est-ce pas, signora ?

— Je ne crains rien, répondit Consuelo avec un mélange de tendresse et de fierté envers l’inconnu, puisque je suis sous la protection de monsieur. Mais, mon pauvre Karl, ajouta-t-elle, n’y a-t-il point de danger pour toi ? »

Karl haussa les épaules en baisant la main de Consuelo ; puis il courut procéder à l’arrangement du cheval ; et Consuelo partit aussitôt à travers champs avec son taciturne protecteur.