La Fleur du tombeau (Polonius)

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LA FLEUR DU TOMBEAU.


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Prends cette rose, et sur ton cœur
Réchauffe-la, quoique flétrie ;
Sous d’autres cieux, triste et rêveur,
Pour te l’offrir je l’ai cueillie.
Elle a vécu ; — mais à tes yeux
Sa fleur encor paraîtra belle,

 Si tu te dis qu’aux mêmes lieux
Ton souvenir vivait comme elle.

Sur un tombeau, que de vieux pins
Couvrent d’une ombre ténébreuse,
Loin du soleil, loin des humains,
Elle croissait mystérieuse.
En vain Forage avec fureur
Des pins tremblans courbait le faîte.
A leur pied même, l’humble fleur
Bravait l’éclair et la tempête.

Puisse comme elle notre amour,
Enfant de l’ombre et du mystère,
Toujours muet, cacher au jour
Sa fleur sauvage et solitaire !
Si les orages de mon sort
Devaient troubler son existence,
Comme elle aussi, qu’il croisse encor
Sur le tombeau de l’espérance.