La France juive/Livre Sixième/III/Conclusion

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(vol 2p. 557-565).


A la fin de ce livre d’histoire que voyez-vous ? Je ne vois qu’une figure et c’est la seule que j’ai désiré vous montrer : la figure du Christ insulté, couvert d’opprobres, déchiré par les épines, crucifié. Rien n’est changé depuis dix-huit cent ans. C’est le même mensonge, la même haine, le même peuple.

Saint Pierre fuyant la persécution aperçut tout à coup, sur la voie Appia, son divin Maître qui se dirigeait vers Rome en portant sa croix.

— Où allez-vous. Seigneur ? lui demanda l’apôtre.

— Je vais me faire crucifier de nouveau.

Saint Pierre comprit et retourna à Rome.

Sur nos boulevards qui ressemblent tant, avec leur mouvement incessant et le spectacle du luxe étalé partout, à cette voie Appia, que sillonnaient les litières de pourpre des courtisanes et les chars dorés des patriciens, il n’est pas de jour que je ne rencontre ainsi la douloureuse image du Sauveur. Il est partout, pendu aux vitrines populaires, exposé aux huées des faubourgs, outragé par la caricature et par la plume dans ce Paris plein de Juifs aussi obstinés dans le déicide qu’au temps de Caïphe ; il est le même qu’autrefois, consolant et doux, accomplissant des miracles, cheminant avec nous à travers les rues tumultueuses.

Pour beaucoup, je le sais, cette conception ne semble pas assez élevée. Pour s’excuser peut-être de leur inaction, ils ne veulent point se figurer un Christ qui souffre chaque jour, qui saigne des blessures qu’on lui porte, qui pleure des sacrilèges qu’on commet envers lui ; ils n’admettent pas que nous puissions être, selon la forte expression des premiers chrétiens, les collègues de la Passion du Christ[1]. Ils s’en tiennent à une sorte d’abstraction nuageuse qu’on est excusable de ne point défendre.

Combien j’aime mieux la pensée de ces artistes primitifs qui nous montrent Jésus associé à la vie familière de la cité, apparaissant dans le décor même de la ville natale du peintre, comme pour démontrer, par cette erreur apparente qui n’est que la constatation d’une vérité morale, que le Dieu fait Homme est toujours et partout présent parmi nous ! Je me souviens d’un beau tableau de Philippo Lippi qui figurait, je crois, à la vente Beurnonville : le Christ converse avec ses disciples sur le parvis du Temple et la ville entière se déroule devant lui et devant le spectateur ; les passants s’accostent, se saluent entre eux, les femmes se hâtent en revenant du marché, les barques glissent sur une rivière. Rien n’est oublié et le détail le plus naïvement naturaliste a sa place dans cette œuvre qui mêle l’élément divin à l’élément humain.

Tel le Christ était à Jérusalem, tel il est à Paris. La Passion pour lui se reproduit sans cesse. Qui n’a rêvé, en lisant le récit de cette agonie effroyable, de s’être trouvé sur le passage de Celui qui allait mourir pour nous, de lui épargner une souffrance, d’étancher un peu du sang qui coulait sur ce front déchiré par la couronne dérisoire, d’àdresser tout au moins à la Sainte Victime un regard qui la console ? Chaque jour le Juste monte au Calvaire devant nos yeux et la plupart le regardent passer indifférents, songent à leurs plaisirs, à leurs affaires. Quelques-uns auraient des velléités de protester ; ils n’osent pas, ils craignent de se mettre en évidence, ils se disent : « Je suis tranquille, si je m’avoue chrétien, toute la canaille franc-maçonnique et juive va s’acharner sur moi. »

Heureux qui a surmonté ce premier mouvement de faiblesse ! J’imagine quelle sera sa joie au jour de la Justice quand, devant la face lumineuse du Christ, il se rappellera le léger effort qu’il aura fait pour défendre ce Tout Puissant auquel les cieux obéissent. Quelle minute que celle où sera mis à découvert l’immense et complexe fourmillement de toutes les pensées humaines, où tout ce qui se cache apparaîtra, quidquid latet apparebit, où le monde verra ce qu’on ne voit pas : le secret des âmes, les mobiles des actions, les crimes inconnus, les infamies dissimulées, les dessous à peine soupçonnés, la grandeur des calomniés, l’abjection de ceux qui ont marché dans la vie entourés de l’estime de tous !

Heureux alors celui qui, écrasé sous le poids de ses fautes, pourra se relever et dire : « Seigneur, je ne suis point digne d’entrer dans votre maison, mais, tel jour, quand vous passiez au milieu des outrages et que tant d’hommes se taisaient, j’ai essayé, moi, impuissant et chétif, d’alléger votre fardeau et de vous aider à porter votre croix ! »

Heureux qui pourra répéter en mourant ce que disait Veuillot :

 
J’espère en Jésus, sur la terre.
Je n’ai pas rougi de sa loi ;
Au dernier jour, devant son Père,
Il ne rougira pas de moi.

Unis au Christ, participant à ses souffrances pour participer plus tard à sa gloire, vous serez plus directement aussi, au point de vue humain, en communion avec l’âme de vos pères.

Mes lecteurs, j’en suis convaincu, ne sont point dupes des Pharisiens rouges qui s’apitoient sur les auto-da-fés en louant les misérables qui, en septembre 1792, égorgeaient par milliers, au nom de l’humanité et du progrès, des prisonniers, des vieillards, des malades, des fous, qui faisaient monter sur des échafauds ruisselant de sang des enfants, des jeunes filles de 15 ans, des femmes de 90 ans, des infirmes qui ne savaient même pas ce dont on les accusait.

Malgré tout, il est difficile de se soustraire totalement à l’influence de ce qu’on entend du matin au soir, à l’impression de l’atmosphère intellectuelle factice créée par la presse juive et les meilleurs subissent parfois, malgré eux, ce que nous avons appelé déjà : les préjugés du modernisme.

Eclairé par le présent travail, qu’il pourra compléter par ses observations personnelles, chacun se rendra mieux compte désormais de la réalité des choses.

Non, les hommes qui ont fait si grande la France et l’Espagne du passé n’ont été ni des scélérats ni des imbéciles ; les mesures qu’ils ont prises n’ont pas été des fantaisies de tyrans en délire, mais elles ont correspondu à des nécessités évidentes, à des périls qui se manifestaient aux yeux de tous. Le chrétien n’a pas voulu qu’on jetât, comme aujourd’hui, le Christ aux gémonies ; l’Aryen n’a pas voulu subir l’oppression du Sémite, être condamné à travailler pour l’enrichir. Une race c’est-à-dire une réunion d’individus pensant de même, un ensemble représentant un certain nombre de sentiments, de croyances, d’aspirations, d’aptitudes, de traditions, s’est défendue contre une race qui représentait des sentiments, des croyances, des aspirations, des aptitudes, des traditions absolument contraires…

Sans doute une telle démonstration semble n’avoir plus guère qu’un intérêt doctrinal devant le résultat accompli. L’examen de ces questions assurera, du moins je le souhaite, le croyant dans sa foi en lui montrant que tout se tient dans cet ordre et que l’amour de la Patrie et l’amour de Dieu ne font qu’un. L’histoire vraie détruira certaines objections élevées contre l’Eglise par les créateurs de l’histoire fausse, elle dissipera certains scrupules qui viennent parfois aux âmes tendres qui connaissent mal les ennemis auxquels nos ancêtres ont eu à faire.

La Vérité complète, cependant, ne se révélera qu’à la clarté horrible des dernières catastrophes. C’est lorsqu’il erre sous la pluie, à la lueur des éclairs, dans la lande inhospitalière que le roi Lear songe, pour la première fois, aux petits et aux déshérités et qu’il s’écrie : « Pauvres indigents tout nus que vous êtes, têtes inabritées, estomacs inassouvis, comment, sous vos guenilles trouées, vous défendez-vous contre des temps pareils ? Ah ! j’ai trop peu pris souci de tout cela ! » C’est dans le grondement de la tempête que les privilégiés, les insouciants des classes dirigeantes songeront, sous l’aiguillon de leur propre angoisse, aux âmes qu’ils auraient pu sauver.

Mon livre, j’en ai peur, ne sera bien compris que lorsque sera venu ce grand soir, dont parlent mystérieusement les sociétés secrètes dirigées par les Juifs, ce grand soir qui doit envelopper des ombres de la mort et plonger dans le silence de la solitude les ruines de ce qui aura été la France.

Alors les jouisseurs d’aujourd’hui iront traîner les grandes routes avec des souliers usés comme les émigrés d’autrefois.

Qu’elle est parlante cette gravure populaire qui représente une famille d’émigrés ! Le père est là hâve, courbé, étreint au cœur par le malheur des siens ; la mère tient par la main un petit qui se soutient à peine. Sur le seuil d’une chaumière d’Allemagne, assis sur un banc ombragé de verdure, un paysan regarde passer ces vagabonds et sur le visage des proscrits on lit ce sentiment : « Cet homme est-il heureux ? il a un chez lui, un foyer, un toit. »

Si les journaux conservateurs n’étaient pas, pour la plupart, aux mains des Juifs, c’est cette lamentable histoire de l’émigration qu’ils devraient raconter à leurs lecteurs au lieu de leur parler de bals et de toilettes.

Qu’elle paya cher ses vices cette société du XVIIIe siècle aussi imprévoyante et aussi frivole que la nôtre ! C’est à l’étranger qu’on a bien la sensation de ce que dut être cette existence de l’exil. Certaines villes, certains hôtels enveloppent l’âme de je ne sais quel froid particulier.

Je me vois encore dans cet hôtel de la Cigogne à Bâle, qui fut au rendez-vous d’émigrés, prenant le café dans un petit jardin maussade en tête-à-tête avec la cigogne, vivante enseigne du lieu, qui vous tient compagnie. Les murailles de la vieille demeure, le silence de la ville aux portes cochères solennelles et toujours closes, la vue même de ce Rhin qui coule sans bruit emplissent l’âme de mélancolie. Si l’on est triste ici, pense-t-on, quand on y vient en touriste, avec de l’argent dans ses poches, que serait-ce si l’on était là pauvre, exilé ? Quel métier faire ? Où s’adresser ? Nulle part on ne trouve, dans ces cités fermées, l’accueil affable et chaud de ce Paris où les pavés eux-mêmes rient à l’étranger, où la meilleure place est pour lui…

Il y eut des poèmes de douleur déchirants dans ces chambres à carreaux rouges, à rideaux fanés, aux trois chaises de crin que les Mémoires nous dépeignent, et où des femmes comme Mme d’Argouges ou Mme de Talmont arrivaient parfois en sabots, sans linge. Souvent même on n’avait pas de chambre. La princesse de Condé, errante, couchait sur le plancher et se nourrissait de pommes de terre à l’eau.

Une des triomphantes de Versailles vend sa dernière robe pour payer l’enterrement de son mari et reste seule avec ses deux enfants. Mlle de Montmorency se fait porteuse de pain pour nourrir sa mère ; d’autres savonnent, vont en journée. Le comte de Secillon s’établit maître de danse et croit reconnaître un jour un de ses amis, le baron de Pontgibaud portant la balle de colporteur. — « Je ne m’appelle plus Pontgibaud, répond celui-ci ; je m’appelle Labrosse. » Et il resta Labrosse jusqu’à la Restauration.

À Londres, Mme de Gontaud fabrique de petits objets de laine à raison de deux sous par heure. Chateaubriand est obligé de mettre sa table sur son grabat en guise de couverture pour ne pas mourir de froid ; après être resté deux jours sans manger il s’évanouit, et il allait expirer d’inanition lorsque le journaliste Pelletier vint lui rendre visite par hasard et l’emmena se bourrer de rosbif.

C’est lorsqu’ils seront aux prises avec l’exil et la pauvreté que les compagnons de plaisir des Rothschild et des Ephrussi comprendront le prix de cette Patrie qu’ils n’auront rien fait pour défendre. C’est alors seulement qu’ils récapituleront tout ce qu’il était possible de tenter pour résister, pour empêcher cette société de périr.

L’épreuve, en effet, sera rude pour ces efféminés et ces oisifs. Ils n’auront ni la belle humeur, ni l’indestructible santé, ni l’intarissable esprit des grands seigneurs d’autrefois ; ils n’auront point la force de tempérament de ces Polonais que j’ai vus accepter les plus modestes emplois, parfois vivre avec rien, rester couchés toute une journée quand le pain manquait et se contenter d’une tasse de thé.

Saint Paul l’a dit : « Il faut espérer contre toute espérance. » Espérons encore que, malgré tant de présages contraires, cette destinée sera épargnée à ceux qui l’auront méritée ! Peut-être, au dernier moment, le courage endormi se réveillera-t-il chez quelques-uns ? Peut-être un de ces officiers, que l’on voyait, la moustache cirée, humer tranquillement leur absinthe meurtrière après avoir, le malin, aidé à expulser quelques vieux prêtres, sentira un jour le rouge lui monter au visage et repoussant son verre à demi plein, s’écriera : « Mieux vaut la mort qu’une telle honte ! » La parole de celui qui parlera le premier s’achèvera, on n’en peut douter, dans une acclamation formidable. Toute la France suivra le chef qui sera un justicier et qui, au lieu de frapper sur les malheureux ouvriers français, comme les hommes de 1871, frappera sur les Juifs cousus d’or et dira aux pauvres attroupés autour de ce Pactole s’échappant du Sémite décousu : « Si vous avez besoin, ramassez ! »

Pour moi, je le répète, je n’ai prétendu entreprendre qu’une œuvre de bonne volonté, montrer par quel oblique et cauteleux ennemi la France avait été envahie, corrompue, abêtie au point de briser de ses propres mains tout ce qui l’avait faite jadis puissante, respectée et heureuse. Ai-je rédigé notre testament ? Ai-je préparé notre renaissance ? Je l’ignore. J’ai accompli mon devoir, en tous cas, en répondant par des insultes aux insultes sans nombre que la presse juive prodigue aux chrétiens. En proclamant la Vérité, j’ai obéi à l’appel impérieux de ma conscience, liberavi animam meam….



  1. Quid gloriosim quam collegam Passionis cum Christo factum fuisse ? Lettre des confesseurs de Rome à Saint Cyprien.