La Grande Morale/Livre I/Chapitre 8

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CHAPITRE VIII.

§ 1. De même encore pour tous les autres sentiments. Pour eux aussi, la fonction propre de la disposition morale, c’est de faire que nous soyons bien ou mal à l’égard des choses diverses que ces sentiments concernent. Être bien disposé, c’est n’être, ni dans l’excès en trop, ni dans le défaut en moins. Ainsi, la disposition est bonne à l’égard des choses qui peuvent nous mériter la louange, quand elle se tient dans une sorte de milieu. La disposition est mauvaise, quand on est dans l’excès ou dans le défaut.

§ 2. Puis donc que la vertu est le milieu dans les affections de l’âme, et que les affections, ou en d’autres termes les passions de l’âme, sont ou des peines ou des plaisirs, il n’y a pas de vertu sans peine ou sans plaisir. Cela même nous prouve encore, d’une manière générale, que la vertu se rapporte aux peines et aux plaisirs de l’âme.

§ 3. On pourrait objecter à cette théorie qu’il y a encore d’autres passions pour lesquelles le vice n’est ni dans l’excès ni dans le défaut ; par exemple, l’adultère ; l’homme qui le commet, ne peut pas séduire plus ou moins les femmes libres qu’il perd. Mais on ne voit pas, en faisant cette objection, que ce vice même et tout autre vice analogue qu’on pourrait citer, est compris dans le plaisir coupable de la débauche ; et que, présentant à ce point de vue, soit un excès, soit un défaut, il est blâmable au même titre que tous les autres.