La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts/MARX (Karl)

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MARX (Karl), célèbre socialiste allemand, né à Trêves le 5 mai 1818, mort à Londres le 14 mars 1883. Fils d’un avocat d’une famille d’origine juive (Mordechai), il étudia à Bonn et Berlin le droit, la philosophie, l’histoire, collabora en 1842 à la Rheinische Zeitung, journal libéral fondé par Camphausen, Hansemann, etc. Ses tendances radicales le firent supprimer. Marx se rendit à Paris où il publia avec Arnold Ruge des « Annales franco-allemandes », Deutsch-franzœsische Jahrbücher (1843), et, à dater du 1er janv. 1844, le journal socialiste Vorwœrts. Il rédigea dans ses Annales des articles sur la philosophie hégélienne et en faveur du communisme. Expulsé de Paris (janv. 1845), il se transporta à Bruxelles, avec Fr. Engels, s’affilia à une société secrète communiste et à l’Association démocratique internationale. En 1847, il fit paraître : Discours sur le libre-échange et Misère de la philosophie, réponse à la Philosophie de la misère de M. Proudhon. En 1848, il lança avec Engels le fameux manifeste communiste où il formulait sa théorie matérialiste de l’histoire et son programme socialiste. Il avait acquis une autorité dictatoriale sur sa société secrète ; après la révolution de Février, pour l’empêcher de se rendre à Paris, on l’emprisonna et on l’expulsa sur l’Allemagne. Il y fomenta le mouvement révolutionnaire dont il devint le chef dans la région rhénane ; il rédigeait à Cologne la Neue Rheinische Zeitung (juin 1848). Expulsé le 16 mai 1849, il se réfugia dans le duché de Bade, le Palatinat, à Paris ; chassé encore, il se fixa à Londres où il demeura jusqu’à sa fin, entretenant des relations avec tous les réfugiés politiques de diverses nationalités, écrivant beaucoup, spécialement dans des revues américaines. On cite : Der 18 Brumaire des Louis Bonaparte (1852) ; Enthüllungen über den Kommnunistenprozess zu Kœln (1853) ; Zur Kritik der politischen Œkonomie (1859), où il exposa sa théorie de la valeur et de la monnaie. Marx passa au premier plan par la fondation de l’Association internationale des travailleurs dont il conserva la direction effective de 1866 à 1872 (V. Internationale). Il s’occupa particulièrement d’organiser en Allemagne un parti socialiste révolutionnaire opposé a celui de Lasalle (V. ce nom). Son disciple, W. Liebknecht, y parvint en 1869 ; on sait que six ans plus tard ce parti fusionna avec les radicaux nationalistes de Lassalle pour fonder le parti ouvrier ou démocrate-socialiste d’Allemagne.

Le chef-d’œuvre de Marx est son mémorable livre sur le capital : Das Kapital, Kritik der politischen Œkonomie (1867. t. I ; 4e éd., Hambourg, 1892 ; t. II, Der Zirkulationtprozess des Kapilals, 1885 ; t. III, Der Gesammtprozess der kapitalistichen Produktion, 1894). C’est une des productions les plus considérables de la sociologie ; l’accumulation des faits, principalement empruntés à la société anglaise, la puissance de la systématisation, en ont fait l’ouvrage le plus important de la littérature socialiste. La doctrine marxiste est peut-être celle qui a le plus d’adhérents parmi les socialistes, et tous en ont plus ou moins subi l’influence. Elle est exposée et examinée à l’art. Collectivisme ; V. aussi les art. Internationale, Socialisme et la biographie d’Engels.


A.-M. B.

Bibl. : Gross, Karl Marx, 1885. — G. Adler, Die Grundlagen der Marxschen Kritik der bestchenden Volkswirtschaft ; Tubingue, 1887. — V. aussi la bibliographie des articles cités plus haut.