Nouvelles poésies (Van Hasselt)/La Harpe printanière

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Études rhythmiques
Nouvelles PoésiesBruylant et Cie (p. 262-264).


La harpe printanière.





I hear a spirit sing from yonder vale.
Th. Moore.





Écoutez là-bas, tout au fond des bois,
Dans son nid de mousse,
Écoutez gémir cette douce voix,
Cette voix si douce.

Sous la feuille ombreuse, au soleil levant,
Dans la nuit dormante,

Comme un luth des cieux elle jette au vent
Sa chanson charmante.

Les échos, émus dans leurs antres verts,
Sont ravis d’entendre,
Sous les églantiers à la brise ouverts,
Cette voix si tendre.

Et l’oiseau d’avril et la fleur des champs
Et le vent qui passe
Semblent tour à tour écouter ces chants
Dont s’emplit l’espace.

L’aube au jour demande et la nuit aussi
Aux étoiles blanches
Quelle harpe d’or vibre et chante ainsi
À travers les branches.

L’eau le veut savoir de ses frais buissons,
Du roseau qui tremble,
Et le saule plein d’amoureux frissons
Le demande au tremble.

Sous le dôme en fleur des rameaux flottants,

Cette voix touchante
N’est-ce pas, mon cœur, l’hymne du printemps,
Ou l’amour qui chante ?



Mai 1853.