La Lanterne magique/13

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Petites Études : La Lanterne magique
G. Charpentier, éditeur (p. 25-26).
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Deuxième douzaine


DEUXIÈME DOUZAINE



XIII. — LES ANGES

Plus grands et de plus haute taille que notre esprit ne peut se les figurer, à travers l’immense éther où pullulent les infinis et où les groupes d’univers sont comme les grains d’une vague poussière, trois Anges silencieux hâtent leur course vertigineuse, étant chargés de porter des messages importants. Ils sont montés sur leurs blancs chevaux de lumière et revêtus de leurs armures de diamant écarlate, pour combattre, s’il en est besoin, les monstres et les hydres. Ils vont, faisant fuir les comètes, heurtant les constellations éperdues, et de leurs doigts impérieux écartant, pour passer, les chevelures des soleils. Ce sont Malushiel à la chevelure de feu, qui fut le précepteur du prophète Élie, Saramiel le Bouclier de Dieu, et Métator le plus grand des Chérubins, dont l’éclatante barbe blanche flotte jusqu’à ses genoux, et au milieu d’eux chevauche le jeune Ange Uriel. Au galop de son cheval, empoignant la crinière et se baissant, l’Ange enfant ramasse sur le chemin une petite boule insignifiante, et par jeu va la lancer, de sa main encore débile, par delà des milliards d’infinis ; mais le sage Métator lui arrête le bras.

— « Laisse cela, lui dit-il.

— « Ah ! dit Uriel, en levant sa prunelle ingénue où s’engouffrent de profonds ciels, est-ce que cela sert à quelque chose, cette petite bille ?

— Non, dit le Messager, cela ne sert pas à grand’chose, mais laisse-la tout de même. C’est la Terre ! »